Un an à peine après un Kingdom of Madness prometteur, les britanniques de MAGNUM redonnent de leurs nouvelles à travers ce II dont le dénuement de la pochette n'a d'égal que la richesse de son contenu. Se libérant peu à peu de ses influences (Queen en tête), le groupe poursuit la mise en place d'un univers musical propre et original, tenant autant du heavy metal le plus brut que de la bande originale de film. Parfois progressive, souvent directe, la musique de MAGNUM gagne peu à peu en puissance, les chœurs imposants du premier album ayant quasi-totalement disparu du paysage, et la guitare de Clarkin se faisant plus mordante. Les claviers mieux dosés (même si leur présence écrase toujours certains morceaux, tel « The Battle ») permettent au groupe de laisser parler la poudre de manière bien plus efficace. L'utilisation récurrente d'un piano permet à ce II fort intéressant de sonner moins bien daté et kitsch que son prédécesseur.

L'introductif « Great Adventure » met d'ailleurs d'entrée les pendules à l'heure. Marqué par de nombreuses cassures de rythmes, changements d'ambiances et une opposition constante entre guitare acoustique et électrique, ce morceau parvient à capturer l'essence-même du groupe, qui réussit à mêler parfaitement agressivité et subtilité. En témoigne le court « The Battle » au riff imparable et transcendé par les lignes de chant en constante amélioration de Bob Catley. MAGNUM parvient même à rassembler rythmique martiale et espièglerie sur ce qui est sans doute le meilleur morceau de l'album, « So Cold the Night ». Tout en nuances et en progression, ce titre épique et aux ambiances très cinématographiques sonne comme un premier jet vraiment convaincant de la posture grandiloquente qu'adoptera le groupe sur ses réalisations suivantes.

Si « So Cold the Night » constitue la pépite de l'album, « Firebird » n'est pas loin de mériter lui aussi ce titre. Hard rock progressif marqué par un refrain immédiat et symptomatique de l'époque, ce morceau « in your face » s'impose comme un des tout meilleurs moments de l'album, au même titre que la ballade « If I Could Live Forever » ou le titre final, « All of my Life », dont la montée en puissance progressive permet à l'album de s'achever dans un feu d'artifice dantesque.

En affirmant sa personnalité, MAGNUM mûrit et confirme l'énormité de son potentiel. Si la tendre naïveté qui transpirait de Kingdom of Madness est ici remplacée par un professionnalisme accru, II constitue un palier nécessaire et brillamment franchi par un groupe en pleine bourre.