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MAGNUM - Lost On The Road To Eternity (2018)
Par GEGERS le 20 Février 2018          Consultée 3114 fois

Et au bout du compte, il reste toujours la poésie. Chez MAGNUM, c'est avant tout cela que l'on retient. Par ses pochettes d'albums extrêmement fournies et détaillées (comme il est de coutume, celle-ci est bien entendu signée Rodney Matthews), par son univers orienté mediéval-fantastique mais dont les échos, sociaux et politiques notamment, se font clairement contemporains, par sa capacité à rendre épique et aventureuse n'importe quelle ligne de guitare ou mélodie vocale, le groupe de Tony Clarkin et Bob Catley, qui célèbre cette année ses 46 ans de carrière (malgré une pause entre 1995 et 2001), continue de briller grâce à sa poésie espiègle et irrésistible. Chez le groupe britannique, le fond compte autant que la forme, et ce vingtième album, le plus long de sa fructueuse carrière (67 minutes) est une nouvelle preuve de l'incroyable vitalité des septuagénaires.

Cet album naît dans un contexte particulier puisque deux changements de personnel ont eu lieu en peu de temps au sein de l'institution anglaise. Mark Stanway, qui œuvrait tout de même aux claviers depuis 1980, a laissé sa place à Rick Benton, vieux briscard qui avait déjà bossé comme musicien de studio pour le groupe. De son côté, Harry James, trop occupé avec Thunder, laisse désormais le soin de cogner les fûts à Lee Morris (Paradise Lost). Ce n'est pas vraiment une révolution, mais tout de même. Les claviers, notamment, élément important dans la musique de MAGNUM, continuent de proposer des lignes efficaces et l'alchimie entre ces derniers et la guitare de Tony Clarkin est intacte, atteignant même son paroxysme sur "Show Me Your Hands", où les claviers prennent carrément le pouvoir, se faisant espiègles et vindicatifs.

Sans réelle urgence, l'album débute comme son prédécesseur s'achevait : au son d'un rock pas vraiment flamboyant, un peu pataud, presque lourdaud, dénué de toute intensité dramatique, ce que vient bien vite rattraper fort heureusement l'audacieux et précité "Show Me Your Hands". On ne demande pas à MAGNUM de se faire impérial et au cordeau comme il a pu l'être sur son dernier chef-d'oeuvre, The Visitation, en 2011, mais "simplement" de retrouver le même niveau d'exigence que sur les très bons opus de 2012 et 2014. Et sans forcer, presque naturellement, la suite de l'album répond à nos attentes puisqu'elle voit Tony Clarkin se faire le créateur de mélodies de grande classe, magnifiées par la puissante fragilité de Bob Catley. "Storm Baby", qui débute comme une ballade (aux intonations rappelant "Putting Things in Places") avant de se transformer en mid-tempo plus mordant, est du MAGNUM pur jus, à la fois classe et bariolé.

De l'audace, il y en a. Et on sent bien que, avec ses 8 minutes au compteur, Tony Clarkin aurait aimé faire de son "Welcome to The Cosmic Cabaret" une grande pièce prog-rock. Malheureusement, il n'en est rien. Si l'on apprécie les progressions d'accords et la belle influence rock qui s'en dégage, ce bon morceau ne devient pas un grand moment. Tout le contraire pourrait être dit du titre "Lost On The Road to Eternity" qui donne son nom à l'album. Quelle claque ! Epaulé par Tobias Sammet (chanteur d'Edguy qui intervient ici en tant qu'ami de Bob Catley, ce dernier ayant officié à plusieurs reprises sur les albums de son projet Avantasia), le petit chanteur propose des mélodies vocales qui égalent la beauté brute des arrangements proposés. Il y a un souffle épique que l'on ressent dès les premières notes de piano, des arrangements symphoniques aux allures de bande originale de film, et une puissance rock qui se dégage de ce titre qui s'impose sans forcer comme la grande réussite de l'album, les autres morceaux faisant pâle figure à côté.

Si le morceau-titre a tendance à nous aveugler, ne boudons pas notre plaisir à l'écoute de certains autres savamment pensés et exécutés, à l'image de "Ya Wanna Be Someone" auquel les claps de mains gospelisants confèrent une certaine originalité. La fin de l'album s'écoute plaisamment, et si le soufflet retombe parfois, par la faute d'une impression de redite ("Glory to Ashes", malgré des paroles intéressantes, s'enlise un peu dans un tempo trop lancinant pour maintenir l'intérêt), il y a là néanmoins énormément de bonnes idées et l'album, s'il ne nous paraît pas autant marquant que ceux du début de la décennie, poursuit une œuvre de qualité qui prévaut ici essentiellement grâce à un morceau-titre incroyablement réussi, à classer parmi ce que le groupe a créé de meilleur durant sa carrière.

3,5/5

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   GEGERS

 
  N/A



- Tony Clarkin (guitare)
- Bob Catley (chant)
- Al Barrow (basse)
- Rick Benton (claviers)
- Lee Morris (batterie)


1. Peaches And Cream
2. Show Me Your Hands
3. Storm Baby
4. Welcome To The Cosmic Cabaret
5. Lost On The Road To Eternity
6. Without Love
7. Tell Me What You've Got To Say
8. Ya Wanna Be Someone
9. Forbidden Masquerade
10. Glory To Ashesking Of The World



             



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