Qu'apporte réellement un live aujourd'hui dans la carrière d'un groupe de rock ? Si l'on excepte les projets événementiels (concert acoustique, symphonique, relecture d'un répertoire en ukulele...), l'intérêt est mineur. L'époque où un album live pouvait faire la carrière d'un groupe et participer à sa renommée est depuis longtemps révolue. A la louche, cela fait bien 20 ans qu'un groupe de rock / hard rock n'a pas imposé un enregistrement en concert comme un élément-clé de sa discographie. L'intérêt est aujourd'hui essentiellement archiviste, le live servant à capter un instantané d'une tournée ou d'une période de vie d'un groupe. Et cela n'est pas anodin lorsqu'on s'appelle MAGNUM, groupe dont les deux parties de carrière bien distinctes se voient aujourd'hui rassemblées sur un nouvel enregistrement en public, le neuvième dans la féconde discographie du combo.

Loin d'être un groupe passéiste MAGNUM a depuis sa reformation, au début des années 2000, toujours eu à coeur de mettre en valeur son répertoire le plus récent, une excellente initiative au vu de la qualité bluffante des derniers albums studio du combo de Tony Clarkin. En live nous avons pu, ces dernières années, entendre Bob Catley sur divers enregistrements d'Avantasia, metal-opera de Tobias Sammet dont il est partie intégrante depuis le début. Pour MAGNUM, néanmoins, seul le double-live Wings of Heaven, paru en 2008, montrait de quoi le groupe est capable sur scène. Sept ans plus tard, ce nouvel enregistrement public vient prouver que, si le combo est toujours inspiré en studio, il reste à même de mettre en valeur ses compositions récentes dans un contexte live.

Capté sur plusieurs dates de la tournée Escape From the Shadow Garden, réalisée au printemps 2014, cet opus voit le groupe jouer des extraits issus de 7 de ses 18 albums studio. Mieux, les 6 premiers titres sont issus des 3 derniers albums du groupe, et force est de reconnaître que MAGNUM, bien que vieillissant, a proposé d'incroyables titres sur ses dernières réalisations. "Black Skies", un des deux extraits du chef-d'oeuvre The Visitation (2011), vient démontrer que le groupe reste mordant. Si Bob Catley semble parfois fébrile, sa voix rauque et rock rend l'ensemble résolument énergique. Le chanteur, petit par la taille mais grand par le talent, ne renâcle pas à la tâche et sublime ces titres récents que sont "Freedom Day", "Blood red laughter" ou "Falling for the big plan", dont le côté épique, mis en valeur par des structures alambiquées et une utilisation mesurée des claviers, ressort encore plus en live.

Les classiques restent bien entendu de la partie, parmi lesquels une version rallongée de "How Far Jerusalem", prétexte à une superbe prestation de Tony Clarkin. La doublette "All England's Eyes" / "Vigilante" fait plaisir à entendre, mais ce sont bien les superbes mélodies de "Les Morts Dansant" et du final "Kingdom of Madness" (et ce riff dantesque !) qui achèvent de remettre les pendules à l'heure. En proposant un dosage savant entre passé et présent, en agençant ses morceaux de manière à faire monter l'intensité du show, MAGNUM propose un live certes destiné avant tout aux amateurs du groupe et aux complétistes, mais qui offre un aperçu de la vie bouillante qui habite encore aujourd'hui le groupe britannique. Après tout, rajoutez un "a" à live, et vous avez "vivant" !