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BLUE ÖYSTER CULT - Cultosaurus Erectus (1980)
Par ARP2600 le 29 Juin 2012          Consultée 7001 fois

Le cultösaure érigé était un étrange dinosaure, ayant vécu à la fin du Jurassique et au début du Crétacé sur le territoire de l'actuelle Amérique du nord. Les principaux vestiges ont été retrouvés du côté d'Oaxaca au Mexique et près de l'Oyster Bay dans l'état de New York. Ils remettent en question toute la classification du vivant. Comment un tel croisement gigantesque de sauropode et de théropode a-t-il pu exister ? Comment un cou aussi long, hissant sa tête fort semblable à celle d'un tyrannosaure à plusieurs centaines de mètres du sol, a-t-il pu être viable ? Grand mystère.

Plus sérieusement, on peut dire que BLUE ÖYSTER CULT nous est revenu en forme en 1980, après la hard pop moyennement inspirée de Spectres et Mirrors. Rien que cette idée farfelue de présentation de la pochette, avec cette grosse tête de dino, le minuscule vaisseau spatial qui donne une idée de la taille de la bête, et diverses photos détournées de vrais vestiges, montre que leur humour se porte bien. En plus, c'est nettement plus accrocheur visuellement qu'un rétroviseur.

A part ça, l'album ne parle pas du tout de l'ère secondaire, bien qu'une plage traite de monstres. Les chansons sont indépendantes mais la musique reste très cohérente, n'ayant plus atteint un tel mordant et une telle sensualité depuis l'incomparable Secret Treaties. En un mot, c'est du beau, du superbe hard-rock, parfaitement adapté à ce début des années 80, un album riche et accessible ne souffrant de surcroît d'aucun véritable temps mort. Et puis, chose qui ne peut que me réjouir, le chant est enfin de nouveau majoritairement confié à Eric Bloom, Roeser n'interprétant que "Deadline" qui lui est plutôt bien adaptée, Albert Bouchard gérant "Hungry Boys" et son frère Joe la suivante, "Fallen Angel".

L'ouverture "Black Blade" se charge d'annoncer clairement que le groupe a subi une nouvelle mutation. Cette histoire d'heroic fantasy dûe à Michael Moorcock raconte la possession du héros par l'épée Stormbringer. Musicalement, la structure est assez complexe, on pourrait presque dire progressive. Si les guitares sont bien tranchantes, les synthés sont loin d'être absents, comme on peut le constater vers la minute cinq où ils donnent un côté irréel à la dernière partie, quand on entend l'épée rire de la situation avec une voix artificielle.

Ensuite vient "Monsters", où des couplets d'une lourdeur travaillée sont entrecoupés par des sections jazz avec saxophone, un passage suspendu au piano et une superbe envolée héroïque où brille la guitare résonante de Buck Dharma. La lyrique "Divine Wind" est une belle prise de position contre l'intégrisme, écrite à l'occasion de la crise iranienne des otages. Les solos de guitare y sont fabuleusement déchirants. Sur "Deadline", Donald Roeser réitère le coup de "Don't Fear the Reaper" en évoquant la mort sur un ton léger. Le style de cette chanson préfigure nettement l'introduction de l'album suivant, Fire of unknown origin.

Sur la deuxième face, "The Marshall Plan" raconte l'histoire d'un guitariste qui accomplit son rêve de devenir une grande vedette, une bonne occasion de faire un petit numéro hard-rock classique. A l'opposé, "Hungry Boys" est survoltée, on y sent bien la maîtrise rythmique du groupe. Sur "Fallen Angel", la voix rugueuse de Joe Bouchard offre un contraste curieux avec la musique plutôt romantique. "Lips In the Hills", une histoire d'agression par une créature de la nuit, est certainement la plus nerveuse du lot, plus amusante qu'inquiétante tout de même. Quant à la magnifique, la sulfureuse "Unknown Tongue", elle permet de terminer l'ensemble en beauté. Elle fait un peu penser à "Flaming Telepaths", mais le piano illustre ici une jouissance moins dangereuse.

Dépourvu de défauts sérieux, présentant une musique très habile qui procure un plaisir important et immédiat, Cultösaurus Erectus est certainement un des plus beaux exemples du talent de BLUE ÖYSTER CULT. Il est aussi recommandable sinon plus que son successeur Fire of Unknown Origin qu'il préfigure nettement en étant plus cohérent. En bref, c'est un des indispensables du rock de 1980.

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- Eric Bloom (chant, claviers, guitare)
- Albert Bouchard (chant, batterie)
- Joe Bouchard (chant, basse)
- Allen Lanier (claviers, guitare)
- Donald 'buck Dharma' Roeser (chant, guitare, basse, claviers)


1. Black Blade
2. Monsters
3. Divine Wind
4. Deadline
5. The Marshall Plan
6. Hungy Boys
7. Fallen Angel
8. Lips In The Hills
9. Unknown Tongue



             



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