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- Membre : Unsane, King Crimson, Ministry

SWANS - The Seer (2012)
Par SUNTORY TIME le 7 Janvier 2013          Consultée 7292 fois

Vous aimez les Yorkshire ? Vous savez, ces petits chiens tout mignons qui ressemblent plus à des cochons d’Inde qu’à des membres de la gente canine. Totalement inoffensifs me direz vous. Jusqu’à ce que vous tombiez sur la pochette de The Seer. Il a quelque chose de bizarre ce chien, non ? On dirait qu’il a le regard vide, cadavérique. Et son sourire… vous ne trouvez pas, à la vue de ses dents, qu’il a comme un air … d’humain ? Il y a quelque chose de malsain chez ce chien, comme si l’envie lui prenait de vous sauter à la gorge … de vous mordre jusqu’à l’os et d’arracher la chair spongieuse d’hémoglobine, votre hémoglobine, s’étalant sur le sol crade de vos errances.

Voilà qui est raffiné n’est-ce pas ? Mais n’y voyez rien ici de saugrenu. Cette pochette réalisée par le peintre Simon Henwood reflète bien le contenu de ce nouvel opus des SWANS, le groupe sous la houlette du tourmenté Michael Gira. Voilà seulement 2 ans que SWANS s’est réactivé, et The Seer débarque avec ce sinistre clébard en guise de faciès. « The Seer » c’est un devin, un voyant, voire un prophète. Et que voit-il, ce prophète, sinon l’apocalypse qui habite ce double album monstrueux d’ambition et de rage ?

L’Apocalypse, oui ! Les Mayas avaient raison ! Si la fin du monde doit ressembler à quelque chose, ce sera à cet album. Allez, les métalleux de tout poils, baissez les armes, et laissez tomber vos grognements gutturaux pour annoncer la décadence de notre société (de toute façon on comprend rien de ce que vous chantez …), vous avez un maître, et il n'a pas besoin de faire du métal pour faire plus de bruit que vous ! Car ça fait 30 ans que Michael Gira et sa redoutable créature règnent sur les Terres de l’Underground, et la place n’est pas à prendre vu l’extraordinaire puissance de cet album.

The Seer est l’aboutissement de 30 ans de carrière des SWANS, selon Michael Gira himself. C’est un peu fort de café dit comme ça ! Est-ce de la pure communication marketing ? Ou la réalité vraie ? Même après plusieurs écoutes de ce double album gargantuesque, il m’est difficile de le dire. Par contre on ne peut le nier ; The Seer est exceptionnel à plus d’un titre.

Une myriade d’invités vient prêter main forte à Gira et sa bande déjà imposante. Que ce soient les membre du groupe Low (quelqu’un connaît ?), de Mercury Rev, ou encore … Jarboe ! Oui, celle qui fut pendant la majeure partie de l’histoire de SWANS la muse déjantée qui fit planer le groupe vers des terres plus gothiques. Mais ici elle n’est qu’invitée et ne fait que les chœurs de l’étrange chanson « The Seer Returns ». Que les fans de cette grande période des SWANS ne se fassent pas d’illusion, elle est définitivement révolue. Il n’empêche que la musique de SWANS retrouve cette puissance chargée d’angoisse qui a construit depuis des lustres son aura mystique. Car s’il est dur d’approuver que The Seer soit l’aboutissement de la carrière du groupe, il s’agit clairement d’un album terrifiant.

Terrifiant par sa longueur, terrifiant par ses mantras et son minimalisme répétitif. The Seer se veut incantatoire, tel ce « Lunacy » d’ouverture, qui annonce d’entrée la noirceur du propos. « The Childhood is over » répètent à l’envie Gira et ses comparses de Low. Oui l’Enfance est finie depuis bien longtemps, il n’y a jamais eu d’enfance d’ailleurs. SWANS n’a jamais eu d’illusions, le monde dans ses plus grand travers lui est apparu dés les début du groupe, il y a 30 ans. Rien d’enfantin sur la première partie de « Mother of the World », pourtant cette rythmique basée sur la respiration de Gira peut paraître rébarbative, bête de simplicité crasse, et ces hululements sont ridicules et faux. Mais quand la deuxième partie s’enchaîne, on ne regrette pas d’avoir attendu les 4 premières minutes de ce morceau chaotique, entre post-punk débile, ambient glauque et dark folk habité.

On peut s’extasier sur « The Seer Returns » par la présence discrète de Jarboe dans les chœurs, mais il faut bien admettre qu’elle donne de la force à ce titre bizarre sans avoir une construction aussi bordélique que les autres. Pour « 93 Ave. B Blues » c’est autre chose, ce morceau bruitiste proche du Free Jazz reste très proche de la version live sur «We Rose From Your Bed (…)», chaotique, malsain et schizophrène. Drôle d’hommage pour l’adresse du premier studio d’enregistrement des SWANS … On croit que l’orage est passé avec « The Daughter Brings the Water », mais ce folk a quelque chose de sournois, comme si il ne cherchait qu’à nous endormir pour mieux nous tendre une embuscade. Pourtant on y croit à cette accalmie avec « Song for a Warrior » qui introduit le deuxième disque. La voie de Karen O (chanteuse des Yeah Yeah Yeahs) se veut douce et triste, pas si éloigné que ça d’une Jarboe dans ses moments les plus intimistes. C’est la seule chanson vraiment accessible, la seule qui pourrait être diffusable sur les radios grand public.

C’est alors que des cloches tubulaires, qui rappellent « No Words/No Thoughts » sur l’opus précédent, viennent nous réveiller dans un crescendo grandiose. « Avatar » s’est déjà forgée une grande réputation dans le mythe SWANS. Le meilleur morceau du disque ? Impossible de trancher, mais cette montée en puissance très post-rock, un Michael Gira touché par les dieux de l’Enfer, des guitares féroces et une ambiance gothique font de « Avatar » une pièce maîtresse de l’opus. Non mais écoutez-moi ce grand final (les 3 dernières minutes) ! Si ça ce n’est pas le pied ? Dommage que « Avatar » soit si courte, car oui, 9 minutes, chez les SWANS, c’est court. C’est maintenant qu’on va parler des trois colosses de cet album.

« A Piece of the Sky » c’est le côté bicéphale des SWANS, 10 minutes de drone terrifiant signé Ben Frost (un autre grand malade), et une chanson folk étrangement naïve et légère pour les 9 minutes restantes. Incompatibilité des genres ? Pas pour Michael Gira et sa clique ! Quant à « The Apostate » et « The Seer », c’est du Post-Rock dans sa plus violente apparition. Il y a du Godspeed You ! Black Emperor dans ces interminables montées en puissance qui nous tétanisent par leur folie furieuse. Les 23 minutes de « The Apostate » sont explosives et déjantées, Gira, son groupe et ses potes laissent éclater leur démence dans un final où le batteur perd le contrôle de son instrument. Pour un grand final, c’est un grand final.

Et puis « The Wolf », petit interlude du premier disque, chanté a cappella par un Gira des plus graves. On sent venir quelque chose de menaçant, de dangereux, comme le chien de la pochette. Cette menace, c’est « The Seer », le morceau titre, et ses … 32 minutes de minimalisme angoissant et corrosif ! Une intro stridente au possible, sorte de drone de fin du monde ou dulcimer et cornemuse (si si !) nous renvoient à nos peur les plus profondes. Puis cette progression typiquement post-rock et ces « I see it all, I see it all, I see it all » répétés à l’infini ne font qu’augmenter le rythme cardiaque, jusqu’à l’explosion soudaine des guitares ! Et ça s’étire, s’étire et s’étire encore, lent et lourd de plusieurs tonnes. On est à terre, écrasé par tant de pesanteur, au son d’un harmonica funèbre, avant que Gira nous sorte des élucubrations intraduisibles mais aux sonorités obscènes. Terrible, féroce, pesant et minimaliste. A l’image des SWANS, et de ce « Prophète » à l’esprit torturé.

Et voilà ! Je me suis laissé à décrire The Seer titre par tire ! Je sais bien que ce n’est pas esthétiquement parlant la meilleure chose à faire dans une chronique. Mais que voulez-vous, j’ai écrit dans le feu de l’action, emporté dans la folie meurtrière de la bande à Gira, qui ferait passer la bande à Bonnot pour de gentils garçons propres sur eux. Les adeptes du groupe y trouveront plus que leur compte, les néophytes risquent d’y laisser leur vie, pas moins !

Et puis quoi ? Il faut que je note tout ça maintenant ?! Impossible de comparer The Seer à Soundtracks For the Blind, The Great Annihilator ou même à Children of God. Il y a tout ça et rien de tout ça à la fois. L’aboutissement de 30 ans de SWANS ? Toujours impossible pour moi de répondre. The Seer est un chef d'oeuvre, un de plus pour les SWANS ! Dire qu'il serait le meilleur serait complètement stérile. Qu'importe, c'est un 5/5 dans la tronche, et démerdez vous avec ça !

P.S: Après écoute, aimez-vous toujours les Yorkshire ?

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- Michael Gira (chant, guitares, claviers, harmonica)
- Norman Westberg (guitare, choeurs)
- Christoph Hahn (guitare, lap-steel guitare, choeurs)
- Thor Harris (percussions, dulcimer, clarinette, piano, choeurs)
- Phil Puleo (batterie, percussions, dulcimer)
- Christpher Pravdica (basse, choeurs)
- ##
- Jarboe (chœurs sur « the seer returns »)
- Karen O (chant sur “song for a warrior”)
- Ben Frost (synthés sur “a piece of the sky”)
- Alan Sparhawk & Mimi Parker (chants sur “lunacy”)
- Dana Janssen (choeurs)
- Miles Seaton (chœurs)
- Seth Olinsky (chœurs)
- Iain Graham (cornemuse sur “the seer”)
- Eszter Balint (violon)
- Bob Rutman (violoncelle)
- Jane Scarpantoni (violoncelle)
- Stefan Rocke (contrebasse)
- Kevin Mcmahon (batteries et guitares additionnelles)
- Sean Mackowiack (mandoline, clarinette)
- Bryce Coggin (piano)
- Cassis Staudt (accordéon)
- Caleb Mulkerin (accordéon, dulcimers, choeurs, divers)
- Colleen Kinsella (accordéon, dulcimers, choeurs, divers)


1. Lunacy
2. Mother Of The World
3. The Wolf
4. The Seer
5. The Seer Returns
6. 93 Ave. B Blues
7. The Daughter Brings The Water

1. Song For A Warrior
2. Avatar
3. A Piece Of The Sky
4. The Apostate

- Bonus Dvd Live (special Edition)
1. No Words / No Thoughts
2. Avatar
3. The Apostate
4. Beautiful Child (fragment)
5. Jim
6. Sex God Sex
7. The Seer / I Crawled



             



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