Recherche avancée       Liste groupes



      
AMBIENT  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Style : Tangerine Dream, Brian Eno , Klaus Schulze , Harold Budd & Brian Eno, Biosphere
- Membre : Thom Brennan

Steve ROACH - Quiet Music (1986)
Par AIGLE BLANC le 3 Janvier 2015          Consultée 2078 fois

Quiet Music est une collection de pièces musicales que STEVE ROACH a composées entre 1983 et 1986. Parues sous le format de 3 cassettes-audio (Quiet Music 1, Quiet Music 2 et Quiet Music 3) vendues alors à compte d'auteur par l'artiste lui-même, elles ont enfin eu les honneurs de deux rééditions CD. La première en 1999 chez Fortuna Records, label situé en Arizona, patrie très chère du compositeur, comprenait 2 galettes (142 minutes de musique au total) qui couvraient l'intégralité de Quiet Music 2, les 3/4 de Quiet Music 3 et seulement la moitié du volume 1. Ce n'est qu'en 2011 que le label Projekt (devenu l'un des éditeurs principaux de ROACH depuis 1995) a édité la collection complète sous la forme d'un coffret regroupant les trois volumes (soit près de 3 heures de musique).
C'est l'édition de 1999 qui intéresse ici la chronique que vous lisez.

Ces pièces musicales appartiennent pour ainsi dire à la préhistoire de la discographie du compositeur californien. Et il est très émouvant d'y déceler les balbutiements d'un artiste dont les préoccupations écologiques sont déjà bien posées. Pour qui aime l'Ambient élaborée et complexe de ROACH, Quiet Music ne figurera sans-doute pas parmi les références en la matière. C'est qu'on n'y retrouve pas le caractère sombre de sa musique, ce mystère indicible qu'elle parvient à frôler toujours avec art. A cette époque, le synthétiste multi-instrumentiste n'a pas encore véritablement creusé son sillon. Il commence à se libérer du lourd héritage allemand de TANGERINE DREAM en laissant de côté les séquençages caricaturaux de son album Traveler (1983) et découvre dans les paysages naturels de son Arizona natale l'inspiration qui habitera bien de ses albums ultérieurs, Western Spaces (1987) et Desert Solitaire (1989) en particulier.

STEVE ROACH a dédicacé la série Quiet Music aux longues heures à contempler les particules solaires en suspension. Il est inscrit sur le livret que ces musiques ont été composées en hommage au silence. Cela n'est guère surprenant de la part de celui qui signa en 1984 son opus Structures From Silence devenu depuis la référence en matière de musique méditative. On ne retrouve pas encore ici la richesse inépuisable du son qui caractérisera ses productions ultérieures à partir de la moitié des années 90. La musique qui s'y déploie en de larges nappes de claviers s'étendant souvent au-delà de la demi-heure pose les bases du style New- Age. On sait combien cette étiquette durant les années 80 a fait le lit des charlatans du sommeil et de la méditation transcendantale. VANGELIS lui-même, qu'on a tenté d'assimiler à ce courant artistique, n'a eu de cesse de refuser fermement d'en reconnaître l'appartenance. Quand on sait l'indigence artistique de ces gourous du bien-être intérieur (dont en France le plus fier représentant reste Michel Pépé, sans rire!!!) qui instrumentalisent la musique pour vendre leur philosophie de bas étage, on peut comprendre la répulsion du compositeur grec.
Mais qu'en est-il du synthétiste californien ? Rassurez-vous, sa musique présente un atout de poids au côté des charlatans de la relaxation. Elle est motivée et soutenue par une vision authentique d'artiste qui en fait tout le prix.

Steve ROACH s'apparente à un sculpteur du son, à un poète rêveur, qui se sert de la musique pour donner vie à sa vision du monde. Pour nous connecter aux particules solaires en suspension, sa musique nous plonge dans un état de transe à la sereine tranquillité. Il est difficile de décrire une musique éthérée dont les 9 pistes de cette édition se lovent dans une atmosphère commune. Peu de différences entre les compositions si ce n'est l'absence exclusive de section rythmique. Il est impossible de ne pas sentir son rythme cardiaque épouser les harmonies tissées par les nappes de synthé. Steve ROACH deviendra le pape de l'Ambient Music, ce qu'il initie avec ce Quiet Music de toute beauté. Cependant, il est un élément intrusif présent dans ces enregistrements qui révèle la position intermédiaire de cet album. La mélodie. Avec elle, certaines plages combinent une mixture entre la musique électronique et l'Ambient. C'est le cas du bouleversant "Sleep and Dreaming", la pièce maîtresse de cette collection du haut de ses 30 minutes, dont les harmonies subtiles distillent avec une rare émotion la ferveur d'un artiste ultra-sensible. Je défie quiconque de résister à la profonde émotion que génère ce titre où se mêlent avec bonheur nostalgie et sentiment de plénitude. Peut-être le dernier titre (2/2) du célèbre Music For Airport de Brian ENO peut-il prétendre approcher l'expérience émotionnelle de "Sleep and Dreaming". Si les autres pistes ne bouleversent pas autant, elles n'en constituent pas moins une expérience pénétrante pour peu qu'on veuille bien leur laisser la chance de nous toucher. Quiet Music autorise deux écoutes possibles : la première consiste à reléguer la musique en fond sonore et l'expérience se révèle très efficace. La seconde revient à écouter attentivement la musique pour en goûter les discrètes vibrations. Le voyage se charge alors d'une richesse insoupçonnée. Quiet Music est de ces disques qui nous changent à jamais tant son empreinte s'immisce dans les particules de l'air que nous respirons.

Cet album est chaleureusement accueilli par Harold BUDD, le musicien minimaliste ayant travaillé avec Brian ENO et COCTEAU TWINS, et qui avoue son admiration pour l'opus de son confrère californien. Pour ma part, je ne saurais trop recommander ce disque à tous ceux qui voudraient découvrir cet artiste sans savoir par où commencer tant sa discographie croule sous le poids d'une production pléthorique. En effet, il propose une musique facile d'accès, mais jamais simpliste comme l'est souvent la musique New Age, et suffisamment mélodique pour séduire les oreilles encore peu exercées à l'Ambient.

A lire aussi en MUSIQUE ÉLECTRONIQUE par AIGLE BLANC :


VANGELIS
Themes (1989)
Vangelis et ses claviers cinématiques




Steve ROACH
The Magnificent Void (1996)
Le cosmos dans votre salon. Grandiose


Marquez et partagez





 
   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Steve Roach (synthétiseurs)
- Mike Christopher (dx7 piano)
- Will Morris (flûte)


1. See Things
2. Towards The Blue
3. Something In Tears
4. A Few More Moments
5. Air And Light
6. Dreaming And Sleep

1. The Green Place
2. Sleep And Dreaming
3. Quiet Canon



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod