Notre Yves est de plus en plus petit sur les photos de couverture, comme une volonté délibérée de discrétion, même si son métier continue de l'accaparer. Cela dit, Monsieur le maire de Précy sur Marne fait aussi parler de lui, mais pas comme chanteur. Ce choix de double vie professionnelle l'honore. On imagine sans peine qu'un artiste ayant vendu des millions d'albums n'a plus besoin d'argent. Alors ce choix de se lancer dans l'arène des responsabilités politiques ne peut être que désintéressé, il n'y a pas grand chose à gagner en gérant une petite commune de 700 habitants... Precy Sur Marne, refuge de la légendaire artiste BARBARA...Etrange non ? En tout cas, la pochette ressemble presque à une affiche électorale, avec un peu de rouge ça le ferait carrément...

Ce dixième album jongle avec les habituels trademarks de DUTEIL. Voyez plutôt les titres : le temps qui passe tranquillement, le voyage et les régionalismes, les enfants, tout ceci baignant dans le romantisme propre à l'auteur.

Et la politique est donc présente dans cet album : l'orgue de barbarie qui drive « La démagogie » donne à ce titre une ambiance très spéciale. Yves y évoque les campagnes électorales, avec un certain recul, mais sans doute aussi une part de regret. Il a du constater que ce n'est pas qu'avec de bonnes intentions et des idéaux qu'on va parvenir à changer le système. Dur constat, amère déception ! Toutefois, l'opus est aussi plein d'espoir en l'homme et s'ouvre sur la jolie « Hommages », qui porte bien son nom. Yves y égrène les souvenirs des fortes rencontres de son existence.

L'Amour et les enfants sont donc toujours aussi présents, « Frédérique endormie » toute de douceur, une jolie mélodie pour une petite comptine. « L'histoire d'amour » raconte ses démêlés quotidiens avec les petits. Il le dt lui même « je suis l'un des leurs »... On a tout dit. « L'enfant poète » plus dramatique, rappelle les souvenirs de ses grandes envolées passées sur un très joli texte. « Entre père et mari » est dans la totale évolution de ses écrits, entre le destin tranquille de la vie conjugale et les enfants qui grandissent. Enfin, « Bientôt vingt ans » est évidemment dédiée et adressée à son épouse Noëlle. Il faut être deux pour remplir une existence de bonheur.

La petite récréation qui s'intitule « Les corses », chantée par un maire francilien, ça pourrait avoir une drôle de tête, mais la fraternité des chansons qui émane de l'artiste ne dérape pas cette fois non plus, et le résultat est très aimable. Le son de guitare est cette fois assez différent de d'ordinaire, et rapproche cette chanson de celles des I MUVRINI, même si les voix n'ont rien à voir l'une avec l'autre.

Un peu comme à l'accoutumée, cet opus d'Yves DUTEIL respire le bon sens et la simplicité. Parfois des élans romantiques, parfois une petite touche de drame. Pas une chanson ratée... Pas une... Il manque probablement d'un classique dans cette livraison pour atteindre la note de 4 étoiles. Une vie simple continue de s'épanouir.