On ne le sait pas encore, mais le onzième album de SLAYER sera le testament de son principal compositeur. Jeff Hanneman pose ici ses dernières compositions pour l'éternité, lui qui a tant donné pour le thrash. Les excès de la vie de rock star vont bientôt avoir raison de son système digestif. Pour le moment, nos méchants thrasheurs tiennent la route ensemble, Lombardo toujours derrière les fûts, Rubin non loin de la console. Cela dit, compte tenu de la carrière des natifs de L.A ces dernières années, à la base, aucune surprise n'est attendue. Pourtant, z'allez voir que papa Nöël est passé par là !

Jeff s'est surpassé ! Peut-être sentait-il la faucheuse approcher, allez savoir. Quand on passe sa vie à écrire sur les meurtres et la souffrance, on doit entretenir un rapport de proximité avec ces choses-là ! Du coup, plusieurs morceaux de cet opus font partie de mon panthéon Slayerien personnel. A commencer par l'immortelle "Playing With Dolls", dont le riff plombé vous poursuivra la nuit pour peu que des cauchemars vous assaillent, une petite perle de malsanité et le meilleur titre de l'album. Puis, c'est au tour de la reptative "Human strain", une vraie merveille de rythmique, car les couplets, tels des caterpillars géants chargés de vous enterrer vivant, déploient une force terrifiante. Le résultat est apocalyptique, sensations garanties ! Et si on a la chance de parvenir au bridge sans suffoquer, nous attend alors une portion atmosphérique d'une angoisse saisissante. Cet égrenage au note par note d'une gratte mourante recèle un désespoir immense, une merveille !

Avec "Beauty Through Order", Hanneman investit des territoires beaucoup plus light que d'ordinaire. On sent une réelle volonté du blondin d'adoucir son propos, même si les bridges restent du SLAYER pur sang et atomisent toute concurrence sans effort. Les couplets sont presque doux, et la voix de Tom est à l'unisson de cette donnée étonnante pour un titre des massacreurs. Sur "Psychopaty red" en revanche, Jeff se prend pour Kerry et assène un riff d'outre- tombe où la violence déchaînée l'emporte pour une fois sur le groove habituel de ses compos, mais ce n'est finalement pas un souci, loin s'en faut ! Enfin, l'éponyme "World Painted Blood" propose une construction proche de celle du classique "Angel of Death", ça fracasse sévère avec beaucoup d'efficacité.

Bien évidemment, tout album de nos dégénérés bouseux ricains contient son lot de ritournelles speed décérébrantes. Le roi Kerry est encore passé par là. Cela ravira les amateurs de pogo et de slam en concert mais ne me fera comme à l'accoutumée pas bouger une oreille. En vrac, comme ça me vient : "Public Diplay of Dismemberment" et son bridge étourdissant, "Hate Worldwide", "Atrocity Vendor" ou "Snuff" qui dépotent à donf sans toucher terre tout en renvoyant à leurs chères études tous les riffeurs du monde. Ouais, pas la moindre originalité. Soyons justes toutefois, le refrain d"Americon" bute sa race comme aux plus beaux jours, c'est à signaler !

Vieux fan devant l'éternel - ouais j'avais 15 ans à la sortie de Show No Mercy ! j'affirme que ce World Painted Down est le meilleur SLAYER depuis Seasons In the Abyss, il y a ... ouais quelques années, vous n'étiez pas nés pour la plupart, on s'en branle, non ? Bref, le testament de Jeff Hanneman mérite une place de choix dans votre discothèque. Ce World Painted Blood est tout simplement un de leurs meilleurs albums.