Les Fab Four ont réussi à passer d’un 2,5 désespéré à un joli 4, alors mes attentes sont hautes pour Revolver. Les BEATLES vont-ils parvenir à conserver le son avant-gardiste dont on sentait les prémices dans Rubber Soul ? Malheureusement, le destin a vraiment jeté un mauvais sort aux mecs de Liverpool : pas facile de tenir la cadence et de proposer coup sur coup des albums qui tiennent la route en se positionnant sans équivoque au-dessus de la moyenne.

Dans Revolver, on retrouve notre hopeless romantic préféré, j’ai nommé le petit Paulie dans ses petits souliers évidemment. On se farcit durement "Good Day Sunshine", "Here, There and Everywhere" et "For No One" avant qu’il veuille bien se réveiller un peu pour nous livrer un morceau qui passe encore ("Got To Get You Into My Life"). Le contraste est énorme avec John qui a clairement viré psychédélique et qui le montre de façon assez réussie sur "I’m Only Sleeping", "She Said She Said" et "Doctor Robert". Hormis les harmonies où leurs voix se réunissent avec brio, on croirait presque qu’ils font partie de deux univers complètement différents.

Heureusement, George est lui aussi en plein trip LSD et laisse son génie créatif sortir sur "I Want To Tell You" et le très joli "Love You To", derrière cette sitar qui brille à tous les coups. Je vais encore m’attirer les foudres des puristes lorsqu’il découvriront avec horreur et effroi que je ne donne même pas la moyenne au très célèbre "Yellow Submarine". Pourquoi cette popularité ? Sérieusement, là on plonge presque dans la musique pour enfant et non, je n’ai pas honte de le dire. Si vous avez des réponses, je suis preneuse.

Finalement, si l’album tient debout, c’est qu’il est joliment emballé - une entrée en matière rock avec une ligne de basse funky sur "Taxman", encore un titre réussi signé George, qui m’a permis d’accrocher dès le début du projet. Ensuite, il y a eu "Eleanor Rigby", une chanson désarmante, spéciale en tout point. Ces cordes dramatiques, olala j’en redemande ! Ni guitare ni batterie mais une poignée de violons et un texte qui décrit la solitude d’une manière si simple, si triste et si poétique qu’on ne peut que s’impatienter d’y revenir.

Totalement envoûtant, "Tomorrow Never Knows" ferme l’album de la meilleure façon possible. Les tambours hypnotiques, la sitar, ce motif répétitif de bandes magnétiques qui anticipe le sampling moderne et la voix de John qui semble flotter au-dessus de tout, il ne me faut rien de plus pour atterrir sur une autre planète. Finalement, pas besoin d’être une experte pour comprendre que les techniques utilisées ici ont pu révolutionner la musique en 1966 puisqu’elles sonnent toujours aussi décalquées après plus d’un demi-siècle.

Si on s’en tient uniquement aux trois chansons qui bouclent cet album, Revolver est le plus exaltant de tous les temps. Malheureusement, le psychédélisme féroce s’efface un peu derrière certains morceaux moins impressionnants. Même si Revolver est une oeuvre charnière, c’est donc insuffisant pour passer à la note supérieure, mais on s’en approche car il y a une volonté d’expérimenter et une audace artistique qui ne passent pas inaperçu, une preuve que les BEATLES étaient peut-être bien en avance sur leur temps.

Note réelle : 3,5