Il est des vérités incontestables à propos de Sgt. Pepper. Parmi elles, le talent des BEATLES, déjà bien établi, qui explose littéralement à la face du monde. Le talent d'écriture des Fab Four n'est pas forcément poussé à son paroxysme ici, mais c'est bien sur l'album à la pochette aussi psychédélique que surchargée qu'il paraît évident. Et citer son influence sur la musique moderne est presque inutile tellement elle est immense et reconnue. Ne pas admettre tout ceci, c'est affirmer une ignorance crasse et désespérante de la musique, ou alors appuyer une grande mauvaise foi.

Sur Sgt. Pepper se trouvent donc des chansons qui pourraient justifier à elles seules le statut culte des BEATLES. "With a Little Help from my Friends", par exemple, constitue une quintessence de la pop, car efficace, superbement interprétée et intemporelle. De plus, une fois le refrain entendu, il est difficile de l'enlever de la tête. Plus loin, c'est "She's Leaving Home", aux arrangements de cordes, qui émerveille par sa beauté, tout comme le chant, du moins lors des couplets. Et puis, s'il n'y avait eu en cette même année 1967 "The End" des Doors, nul doute que la fin de Sgt. Pepper serait la meilleure : la reprise du morceau-titre brille de mille feux grâce à la batterie de Ringo Starr (profitons-en, ce n'est pas commun), et "A Day in the Life" conclut le tout avec brio, avec notamment des enchainements bien fichus. Dommage cependant que les choeurs vers la 3e minute ne soient pas plus grandiloquents.

Ceci étant dit, il ne faut pourtant pas perdre de vue que Sgt. Pepper n'est pas un album quasi-parfait. En effet, certaines chansons sont assez faibles, surtout avec le recul. En premier lieu, "Good Morning Good Morning" est très crétin, et difficile à supporter jusqu'au bout. Ensuite, "Lucy in the Sky with Diamonds" a triomphé grâce à sa thématique psyché/drogues plus que pertinente à l'époque, mais qui cache une linéarité trop prévisible. Mais le pire arrive avec "Within You Without You". George Harrison se fait plaisir avec le raga, et introduit des notions de world music, d'accord, ce qui n'obligeait pas à sortir une pesante logorrhée de 5 minutes. Un vrai gâchis, et ce d'autant plus qu'à la même époque, d'autres groupes arrivaient à de meilleures choses en s'inspirant de l'Inde (ne serait-ce que les Stones avec "Paint it Black").

Sgt. Pepper est un album qui contient son lot de pépites, c'est un fait indéniable. Mais l'aura culte qui gravite autour de lui a visiblement fait disparaître aux oreilles de nombreux fanatiques les chansons les plus faibles. Oui, Sgt. Pepper est un album culte, oui, son influence est énorme, et oui, il faut l'avoir écouté au moins une fois dans sa vie. De là à dire qu'il s'agit du meilleur album de tous les temps, en revanche, pas sûr.