Troisième volet du Devin Townsend Project, sorti le même jour que Ghost qui clôt la tétralogie de la vie de Townsend mise en musique, Deconstruction représente le côté le plus mouvementé et déjanté de l'existence de Devin. Les excès en tout genres défilent ici dans une mascarade qui semble parfois aussi grotesque et déjantée que violente. Argent, sexe, drogues, mais aussi réflexions psychédéliques sur les cheeseburgers, ou plus résignées sur le monde, s'entremêlent dans un grand foutoir digne d'un cirque incontrôlable alors que Devin jure "I've come face to face with myself" et avoue qu'il est plus facile de s'améliorer que de vouloir adapter le monde à soi.

Malgré toutes les épreuves physiques et psychiques, il réussit à survivre. Mais à entendre cette musique alambiquée, torturée, et parfois très éprouvante, on image aisément le calvaire de ses douloureuses épreuves. Alors oui, il survit "I survive" mais c'est une voix de dangereux aliéné qui le proclame, et on ne sait quel est le côté de l'âme qui dirige l'ami Townsend. Délires psychotiques ou schizophrènes soyez les bienvenus... Où est la réalité et où est l'imaginaire ? A voir le chat de la pochette on se demande si l'univers de Townsend ne serait pas proche de celui d'un Alice aux pays des merveilles couplé à celui d'un The Wall, le tout mis en musique façon metal...

Deconstruction, entre ses choeurs virils et puissants, ses hurlements qui s'approchent parfois du black metal, ses parties de double pédale façon mur du son et martèlements implacables, ses guitares aux âmes malmenées et déchirées, ressemble à un immense théâtre ou opéra dans lesquels les différents acteurs joueraient sous l'emprise de la drogue. On reste complètement halluciné devant cette débauche de moyens quasi visuels.

Parfois proche du fou furieux City de SYL, côtoyant à d'autres moments les délires intellectuels de Ziltoid, Devin Townsend ne surprend pas dans le sens où on reconnaît parfaitement sa patte. Mais s'il ne repose pas sur l'extrémisme musical d'un City, il faut reconnaître qu'il nous entraîne bien plus profondément dans les méandres torturées et hallucinées d'une âme désormais plus apaisée. Une débauche de folie qui peut laisser l'auditeur assommé ou complètement perdu dans un dédale inextricable d'images sous LSD. Mais quel voyage bon sang !