Déconstruire…

Déconstruire la musique est affaire de talent et aussi d’envie. Le but sous-jacent étant bien évidemment de reconstruire ensuite cette musique. Afin d’obtenir une musique nouvelle, une œuvre originale appartenant à son auteur. Quelque chose d’unique en son genre. C’est bien le cas ici. Tant cet album est unique et original. Et inécoutable.

Le divin Devin, que j’écoute depuis la création de la machine océanique, nous avait refroidi avec son Physicist mais là… il atteint des sommets dans le tape a l’œil et foutoir musical bordelo-pseudo-génialo sans intérêt. Un but inavouable pour ce disque qui commence pourtant bien, est de donner une migraine atroce au quidam citoyen ordinaire de notre Terre. Et pour cause, le son Devinien est toujours présent, massif, éperdument massif, pour des compositions éperdument massives aussi. Et c’est là que le bât blesse. L’indigestion sonore est quasi immédiate, cela n’est pas faute d’avoir écouté cette galette (avec des pauses nombreuses). Nous adorons ce génial individu. Mais ici il n’a réalisé qu’une étape, la déconstruction. L’oubli est de reconstruire, de rendre digeste, moins surproduit, moins d’ajouts inutiles et innombrables, une accumulation de tout, de rien. Et accessoirement d’oublier de ne pas prendre les amateurs de sa belle oeuvre dont nous faisions partie pour d'illustres cons.

Il n’y a pas de génie sans travail, et avec son hyper-créativité toute respectable (la plupart de ses albums sont quand même incroyables), Devin Townsend en a oublié de faire de la musique. Une leçon à retenir pour cet artiste et bien d’autres, sera donnée par un autre génie qui a révolutionné plusieurs fois notre 5e Art préféré: « La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence. » Miles Davis