Attention chef d'oeuvre !

Un an après nous avoir écrabouillé avec le fabuleux Kill'Em All, METALLICA revient nous achever avec un album presque miraculeux. Comment imaginer après un tel premier opus que les Californiens allaient autant progresser et accoucher d'un des meilleurs albums de l'histoire du Heavy Metal ? Alors que le niveau était déjà incroyable, tout est amélioré sur Ride The Lightning : le son, la voix de James, le sens mélodique, la construction des morceaux, les solos, la variété des ambiances...

Arrêtons-nous un instant sur la pochette fabuleuse et agressive à souhait avec son bleu électrique (de préférence au vert de certaines éditions) pour nous pencher sur les huit titres dont cinq sont des tueries absolues.

Le morceau éponyme tout d'abord introduit par les fameuses harmonies chères à Cliff Burton, où l'on découvre avec bonheur une veine nettement plus mélodique qu'auparavant, évolution autorisée par le chant beaucoup plus abouti de James. Les riffs et les breaks sont dantesques, et le texte, d'une belle intensité, est le parfait miroir du "Hallowed Be Thy Name" de la vierge de fer. Et que dire des solos et de la section rythmique si ce n'est que tout est impérial ?

"For Whom The Bell Tolls" est un titre qui nous scotche par son niveau de maturité : peut-être la meilleure intro à cloche de l'histoire du métal (dont c'est une figure classique) assortie d'un riff à la fois puissant et mélodieux pour un titre "apaisé" mais d'une grande profondeur (y compris dans le texte) et extrêmement mélodieux pour le genre.

"Fade To Black" est encore plus surprenant, première ballade authentiquement métal de l'histoire avec pour la première fois les fameux arpèges de METALLICA qui feront plusieurs de leurs succès futurs, et la petite touche country sur les mélodies à la guitare acoustique. Si la voix de James est encore très légèrement hésitante sur les couplets, la fin du titre est absolument fabuleuse et légendaire.

"Creeping Death" est considéré par beaucoup comme le morceau ultime des Américains avec son intro écrasante, son riff qui déchire, et surtout un refrain inoubliable. Et que dire des mélodies à la guitare, et du break central qui broie tout sur son passage? Difficile de faire mieux.

"The Call Of Ktulu" est enfin l'instrumental ultime, le meilleur des Four Horsemen et un des plus grands de l'histoire du métal. L'hommage à Lovecraft est à la démesure du talent du mythique écrivain : un sublime arpège d'intro suivi d'un riff prodigieux et de développements dantesques qui mettent à l'honneur l'incroyable puissance de frappe du combo qui se sublime sur un titre qui vient mettre un terme à l'album en nous laissant totalement KO.

Les trois autres morceaux sont évidemment de grande qualité également, sans toutefois égaler les précédents. "Fight Fire With Fire" est d'une agressivité démente mais pêche par ses couplets scandés sur un ton monocorde, alors que "Trapped Under Ice" est le titre speed de l'album mais manque un peu d'inspiration. "Escape" est beaucoup plus mélodieux avec ses guitares à la MAIDEN sur l'intro, pour un résultat agréable sans être totalement imparable.

Vous avez compris que cet opus est mon préféré de METALLICA. Si James progressera encore un peu au chant par la suite, l'équilibre entre mélodie et agressivité, entre parties techniques et passages immédiatement mémorisables est ici parfait, et de nature à contenter les fans les plus exigeants du combo sans en rebuter de nouveaux.
Chapeau, messieurs, pour nous avoir offert une telle splendeur !