Bon, je ne vais peut-être pas me faire que des amis, mais l'honnêteté me force à avouer que cet album a été le premier coup de canif dans l'amour immodéré que je portais à Metallica depuis que j'avais posé son premier disque sur ma platine.

Comment est-ce possible, me direz-vous ? Eh bien tout simplement parce que ce disque, aussi excellent soit-il, m'a toujours semblé être une resucée en légèrement moins bien du précédent, le génial Ride The Lightning. En effet, la construction du disque, la face 1 notamment, est quasi similaire : le titre speed en intro, l'éponyme en seconde position, le ralentissement en 3, la ballade en 4, nouvelle speederie en piste 5 (début de la face 2 du vinyle), instrumental cette fois en avant-dernière piste, et 8 titres en tout.

Commençons néanmoins par les progrès et l'excellent : le voix de James, cette fois pleinement mature et totalement affirmée, donne une grande cohérence à l'ensemble et ne nécessite plus d'ajouts d'effets pour en camoufler les petites lacunes. Le début du disque ensuite : "Battery" est une pure tuerie, bien meilleure que "Fight Fire With Fire" alors que le titre "Master Of Puppets" pousse le bouchon du titre à tiroirs gorgé de riffs qui tuent un cran plus loin que l'éponyme de l'album précédent, avec une intro et une partie centrale légendaires.
Dans le rayon ballade qui accélère à la fin, "Welcome Home Sanatorium" tient bien la route face à "Fade To Black" et "Orion" renouvelle presque le coup de génie de "The Call Of Ktulu" dans un registre beaucoup plus calme, progressif mais moins épique. Mention spéciale également au son plus sec et nerveux que sur le disque précédent : c'est un choix qui se tient, même si la caisse claire de Lars sonne parfois un peu trop métallique alors que les lignes de basse restent un peu trop en retrait à mon goût.
Des progrès peuvent également être décelés dans le jeu de Kirk, déjà formidable cependant dans l'opus précédent, alors que les rythmiques de James sont totalement impériales.

Le reste ? Eh bien, tout est inférieur à Ride The Lightning. "The Thing That Should Not Be" fait de nouveau référence à Lovecraft, pas si mal mais un peu balourd et moins bon que "For Whom The Bell Tolls", alors que "Disposable Heroe" nous assène une belle leçon de riffs par la fabuleuse main droite de James, sans approcher le génie de "Creeping Death"."Lepper Messiah" ne m'a jamais convaincu, et "Damage Inc" est pas mal sans être totalement inoubliable.

En définitive, nous tenons quatre grands titres, dont l'éponyme légendaire et intouchable, mais surtout une belle confirmation du talent des Californiens dans un registre Thrash cette fois parfaitement défini et identifié et dont ils deviennent les seigneurs. Les influences N.W.O.B.H.M sont du coup en retrait, ce qui me manque probablement un peu et contribue à mon léger désamour pour ce disque qui reste bien évidemment excellent et hautement recommandable, mais pas aussi immortel que le considèrent beaucoup. Mais ce n'est que mon avis.