Une pochette superbe, voilà déjà le premier constat que l’on peut faire concernant cet album. Une invitation à quitter notre monde maussade, et à traverser cette porte numéro 14 pour découvrir un univers nocturne mais bien vivant, dont on peut déjà entrevoir les buildings illuminés de "Chinatown".
Mais surtout, cette épée céleste, ainsi que son anneau, vous rappellent que vous vous apprêtez à écouter l’album d’un des groupes les plus importants que ce monde — maussade, mais chanceux — ait porté. Un groupe qui n’a toujours eu en son sein que des musiciens d’exception, et qui s’apprête à vous le prouver sur le champ, pour la quatorzième fois.
Inutile alors de préciser que ce Toto XIV porte avec lui, avant même de l’avoir écouté, de grandes espérances…

Et l’auditeur ne sera que rarement déçu : Toto XIV est un très bon album.

Riche en mélodies, en bonnes idées, servi par une production remarquable, le résultat de cette alchimie entre les vétérans, les revenants et les nouveaux, fonctionne parfaitement. L’ouverture tonitruante "Running Out Of Time" côtoie la surprenante et surpuissante "Burn" ; la magnifique "Unknown Soldier" laisse ensuite place au léger "The Little Things", dans le pur style Steve PORCARO. Et "Fortune", tout en groove et en feeling, prépare le terrain pour le grandiose "Great Expectations".

J’en citerai encore volontiers d’autres, mais, donnons un sens au mot "Express", voulez-vous…

Car Toto XIV n’est pas pour autant sans reproches, et le fan acharné ne mettra pas longtemps avant de regretter le son et la technique caractéristiques de Simon Phillips. Keith CARLOCK est un très bon batteur, mais il n’a pas la patte qui donnaient aux autres albums de TOTO ce son de batterie si particulier, celui qui élevait l’instrument au premier rang. Ici, la batterie est transparente, malgré les montées en puissance de « Burn » et le très bon groove de « Fortune ». Certains pourront aussi se lasser rapidement des titres les plus simplistes et téléphonés que sont "Holy War" et "Orphan", qui ont tous les deux des allures de single un peu trop évidentes.

Mais ces défauts ne pèsent pas bien lourd une fois l’album dans le lecteur. Ce qui se cache derrière la porte numéro 14 fait partie de ce que le groupe a pu nous proposer de plus intéressant.