Parfois les plus grosses surprises viennent quand on ne s'y attend pas ; vous me direz, c'est cela l'essence même d'une surprise, mais en musique il y a des choses auxquelles on peut clairement s'attendre. En bien ou en mal d'ailleurs, combien de réunions de "super-groupes" ont tourné au cauchemar d'ennui et de platitude ? Concernant la crédibilité artistique et le maintien d'un show de qualité, je n'attendais pas de surprises de la part de Lara FABIAN, ancienne tête de turc des Guignols (entre autres) et dont la carrière semblait aller tout droit dans un mur de soupe commerciale pendant sa "grande époque" de l'album "Pure".

Surprise donc, lorsque sur scène la dame osa donner un concert non seulement supportable, mais même purement fascinant de bout en bout, en jouant la carte de l'honnêteté, quitte à commettre des erreurs de "jeunesse". Alors oui, il est habituellement déconseillé de jouer trois slows suicidaires de suite. Mais FABIAN ne s'en prive pas et elle aurait bien tort. Car son atout principal, le public, marche à fond. Un public par moments "BRUELien" (PatrIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIck !), mais surtout, et c'est sa principale qualité, qui la suit dans divers détours pas forcément évidents. Un public très présent, trop présent pour l'artiste qui n'en demandait pas tant. Ainsi plusieurs fois au cours du concert, un torrent d'émotions la prendra par surprise, ce qui est une des raisons majeures pour lesquelles rien ne remplace un concert. Ces moments sont souvent rares mais avec ce DVD vous en aurez une double ration. On pourrait même croire à une fausse émotion jouée, mais il n'en est rien, et ses faiblesses dans le troisième tiers du concert sont bien honnêtes. Vous allez me dire, comment peut-il affirmer aussi péremptoirement de telles choses, cet olibrius ? Simplement parce que ce concert, j'y étais. Et j'ai alors parié 100 balles qu'elle nous ferait une crise cardiaque avant la fin.

Bien sûr, il faut aimer les chansons à la base, et justement ce concert lui permet de défendre l'album "Nue", album encore parsemé de petits défauts, mais tellement plus mature et abouti que le précédent que c'en est indécent. Seule cette chanteuse peut se permettre d'aligner des titres de la trempe d'un "Pas sans toi" ou l'excellente "Parce que tu pars" en les prenant à fond au premier degré, sans une once de retenue ou d'éloignement, et en étant bien consciente que les textes et mélodies sont parfois à se jeter par la fenêtre. Pour alléger un peu cela, il y a d'autres bonnes surprises qui font de ce concert un moment fort : la mise en scène du final, émouvant et culotté (hélas pas très bien filmé, un multi-angles aurait été bienvenu), la reprise de TOTO courte mais efficace et rafraîchissante, les interventions de ses deux choristes, un "Silence" impérial avec un feeling d'enfer, et surtout, surtout, le Pape de la pose, l'Empereur de la frime, j'ai nommé Réjean LACHANCE.

Un guitariste comme on n'en fait plus : il en fait des tonnes à chaque note, et même quand il ne joue pas. Ce mec est hilarant, la rock star la plus pure dans son essence ! Pendant le concert (ça n'a pas été filmé, dommage), il prend la pose en... accordant sa guitare ! Même Steve VAI n'aurait pas osé. Encore plus fort, il a carrément fait (semblant ?) la gueule pendant le solo de clavier de Marco TESSIER sur "Humana" parce que pour une fois, ce n'était pas lui la star unique et absolue ! S'il fallait un peu de distance par rapport à des chansons émotionnellement fortes, notre Réjean est là pour ramener le sourire en toutes circonstances : oui, un musicien même "de variété française lambda", ça vit, ça mange et ça boit (NDLR : Ca boit surtout), et ça a une vie propre. Et évidemment, en plus d'être drôle à regarder et de faire quelques pains (aie aie aie, sur le break de "Silence", il aurait mieux fait de lire le titre ! ^^), il est terriblement doué et sympathique. Comme l'ensemble des zicos d'ailleurs : de la pointure.

Tout ça donne un concert excellent qui est même l'un des meilleurs dans le genre pour la faste année 2001 (l'explosion commerciale du DVD live à la Française). La galette argentée lui rendant parfaitement justice, on peut l'acheter sans aucune hésitation, par rapport à l'excellent, très beau mais hors de prix double CD digipack (la bande-son est exactement la même), et passer les bonus qui, eux, sont un peu surfaits et plus que stressants par moments (pour résumer, Lara se montre bien plus convaincante lorsqu'elle chante que lorsqu'elle parle... trait de personnalité qui a certainement conduit à sa marionnette Guignolesque d'ailleurs). Excellent live donc et excellent best-of de première partie de carrière.

(PS : Si dans le public vous apercevez une petite déesse aux cheveux de braise, c'est mon ex. Si dans le public vous entendez un glaireux cracher ses poumons jusqu'à l'agonie, c'est moi !)

Note finale : 4,5/5. J'ai pas osé le 5 mais il y a un tout petit pas.


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Fiche technique

Editeur : Universal
Date : 17, 18, 19 décembre 2001 - Zénith (Paris) et 14 décembre 2001 - Forest National (Bruxelles)
Image : 1.77 4/3 PAL
Son : PCM 2.0 + DD 5.1 + DTS 5.1
Durée totale : 137 minutes
Bonus :
- 10 petites featurettes (29 min)