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Lara FABIAN - Mademoiselle Zhivago (2010)
Par BAKER le 10 Juin 2019          Consultée 1312 fois

A part ses deux premiers disques, le premier totalement anecdotique, le second criminellement mésestimé, "Mademoiselle Zhivago" est sans aucun doute l'album le moins connu de Lara FABIAN. Ce qui s'explique tant de par sa genèse que sa distribution. En 2010, après avoir copieusement cramé sa carrière francophone, Lara se remet à faire des mini-tournées dans les pays de l'Est qui l'ont accueillie comme superstar depuis quelques années, comme ils avaient pu déjà le faire avec Mireille MATHIEU par exemple. Après un concert, elle se fait alpaguer ("inviter cérémonieusement" selon le Comité Central) par Igor KRUTOY, compositeur super-star qui est un des très rares artistes soviétiques à avoir réussi à se faire respecter dans le milieu classique ET de la musique pop russe ET des instances politiques. Il lui fait une proposition, une de celles "qu'on ne peut pas refuser".

Le résultat est cet album qui se place en tête des ventes en Russie, puis défendu sur scène au Kremlin, rien que ça (oui, comme nous à l'Elysée, sauf qu'en Russie les invités sont musiciens). Et autant vous prévenir : en Russie, concernant la musique populaire, le mot "intimiste" n'existe pas. Le minimalisme est un concept inexistant, on donne spécifiquement dans le grandiose et l'opératique. Donc déjà, si vous ne support(i)ez pas chez Lara FABIAN son côté diva hurleuse, restez très loin de cet album. Elle le dit dans les liner notes : "j'envoie le bois". C'est le moins qu'on puisse dire, certains passages sont ahurissants (ce refrain final de "Je t'aime encore" !). Ensuite, si vous aimez vos ballades acoustiques, sans orchestre mielleux, avec peu de notes, fuyez pauvres fous, il est encore temps. En revanche, si le métal symphonique pompier ne vous effraie pas, si les envolées de boutique avec violonnades lacrymales sont votre quotidien, restez un peu, vous risquez d'être charmé.

Le duo FABIAN / KRUTOY a en effet accouché d'un disque multi-linguiste (5 langues), très axé sur les grandes mélodies, l'orchestre omniprésent, et par moments des éléments pop modernes qui, pour être franc, sont souvent de trop voire frôlent le vulgaire ("Everland"). Quelques couplets sont quelconques, les lignes mélodiques semblant un peu faciles ou chiches, comme pour "Toccami" et son italien au dépaysement de pacotille (si si signore la money money grazie mille pronto juventus torino !), "Russian Fairy Tale" avec un solo de violon russe certifié par la chemise de Thierry Lhermitte, ou "Lou" qui débute mal (artistes, ne mettez jamais un rire de votre bébé en intro, ce n'est pas charmant, c'est VOTRE bébé. Et c'est un papa poule qui écrit ça) et est un peu "heavy on the magick" côté innocence béate.

Le disque déçoit un petit peu en ceci qu'il n'est que trop rarement à la hauteur des attentes que les gros fans de putasserie pop-orchestrale bien baveuse sont en droit d'avoir. Il y a de fort belles choses, comme les arrangements délicats de "Llora" avec sa transpose Eurovision nickel, mais parfois on se surprend à trouver le résultat honnête sans le petit coup de génie attendu : écoutez "Vocalise" - tout un programme, c'est très bon, techniquement à tomber, mais c'est plus cliché que touchant. Pour les chansons plus pop, c'est vrai que les refrains sont franchement excellents, "Desperate Housewive" reste dans la tête et "Everland" ne laisse aucun survivant, mais les chansons entières n'ont pas l'assise voulue. Il n'y a pas assez l'empreinte russe qu'on en attendait.

Par contre, quand elle y est, il faut avouer que ce disque fait mouche. On commence par un "Demain n'existe pas" délicieux de mélodisme romantico-mmercial, et on finit par un "Lyoubov" hurlé, tous violons dehors, taillé pour la scène russe. Entre les deux, bijou du disque si vous aimez le politiquement (in)correct, "Mademoiselle Hyde" propose un refrain totalement destructeur, un truc à vous faire frire les poils de dos. On était venu chercher de la grosse variété sentimentale qui tâche, on n'est pas déçus : deux litres d'Ariel ne suffiront pas à faire partir les auréoles. Bilan mitigé donc, mais globalement positif, avec ce petit plus qui fait le charme : malgré un son et un style finalement pas si éloignés des derniers albums de Lara, il y a souvent cette impression curieuse que cet album n'aurait pas pu être fait autrement, ni ailleurs. Dépaysant donc, pas assez, mais c'est un début.

Bon, maintenant, parlons technique. Si ce disque est si peu connu, c'est parce qu'il est resté pendant trois ans disponible uniquement en Europe de l'Est. Finalement, Lara et sa maison de disques proposent l'objet en Europe Occidentale, en version deluxe avec deux titres inédits (bien tuants, bien mélodiques, bien tubesques même si "Je t'aime encore" ressemble un poil trop aux autres réussites du disque), un très beau livre avec grosse interview et belles photos, et le DVD du live au Kremlin. Le tout à un prix un peu cher mais correct vu la classe de l'objet, et disponible donc en vente, partout en France, dans... les magasins Carrefour. Uniquement. Tu parles d'une distribution, Gaston ! Une édition deluxe d'un album inédit, comme ça, hop, entre les brochettes de veau et le PQ double épaisseur.

Ce souci énorme mis à part, il faut avouer que les fans de Lara ne résisteront pas longtemps. C'est joli, écoutable, totalement dans le style Pure / Nue, avec ce côté slave enfiévré en plus. Le DVD, lui, est une curiosité. Sa tracklist est constituée de l'intégrale de l'album, toutes faces B comprises, ainsi que quelques tubes dont "Je t'aime" et un "Je suis malade" où encore une fois notre belle chanteuse en fait un peu trop (mais le public est ravi). La mise en scène est sublime, les images onctueuses, la prestation de Lara purement hallucinante. En revanche, j'ai un gros, mais alors TRES TRES TRES gros doute concernant le côté live des musiciens, KRUTOY compris. Doute si énorme que je préfère parler de "spectacle musical" plutôt que de concert ; ça m'évitera de me fâcher avec le Kremlin, notamment.

Rare mais pourtant disponible, dépaysant mais pourtant familier, classe mais pourtant populaire au sens le plus large du terme, Mademoiselle Zhivago est le mélange curieux d'un concept unique et d'un résultat finalement attendu. Les "fans" de Lara n'ont pas attendu ma prose pour se jeter dessus, évidemment, mais les hésitants, et je les comprends, doivent prendre ce disque plutôt moyen dans la bonne moitié du verre. Il y a là-dedans du soin, quelques bons refrains dont un des meilleurs de l'année 2010, et il me paraît totalement impossible que l'album suivant de notre bellge (sic) n'ait pas été influencé par cette expérience. Et rien que pour ça, cette marche de l'escalier de la gloire ne devait pas être sautée.

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- Lara Fabian (chant, choeurs)
- Chris Mayne (choeurs)
- Ruth Bensimon (choeurs)
- A. Lozhaeva (choeurs)
- Y. Bashmet (alto)
- D. Gasparyan (duduk)
- R. Kolin (low whistle)
- A. Del Monte (guitare)
- Ivan Krutoy (piano)
- 20th Century Fox Strings (cordes)
- Choeur De L'académie De L'art Choral De (choeurs)
- Les Solistes De Moscou (cordes)


1. Demain N'existe Pas
2. Toccami
3. Llora
4. Russian Fairy Tale
5. Mademoiselle Hyde
6. Desperate Housewife
7. Lou
8. Everland
9. Vocalise
10. Lyoubov Pokhazhaya Na Son
- bonus Tracks édition Française
11. Always
12. Je T'aime Encore
- dvd Bonus édition Française
13. Live Au Kremlin



             



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