AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Les années 80 des CHIEFTAINS sont assez confidentielles en ce qui concerne leur discographie. Quand ils ne sont pas le premier groupe occidental à se produire en concert sur la Grande Muraille de Chine (en 1983, un live-compilation existe), ils gardent cette teneur "folkorchestrale" qui caractérise leurs escapades en Extrême-Orient autant que leurs rares disques publiés depuis The Year of the French (1982) et jusqu'en 1990. Une décennie d'ouverture et de rencontres, long prélude à la suite d'une carrière.

Folk irlandais mêlé à l'orchestre symphonique donc, ici dans le cadre d'une bande originale. Ballad of the Irish Horse est un documentaire animalier produit par le National Geographic et, le titre l'indique, dédié aux chevaux d'Irlande. Sauvages d'abord, comme présenté en introduction et en conclusion (splendides) de ce film de cinquante minutes, avec tout ce que leur présence sur l'île et leur liberté a entretenu de légendes séculaires, de littérature, de peinture, de musique... La majeure partie reste néanmoins dédiée à leur rapport "actuel" avec les hommes, essentiellement fait de courses. Au programme : démonstrations de maquignons, de jockeys, chasse au renard également...

Les CHIEFTAINS affinent encore leur partition et leur échange avec l'orchestre, étant sans doute plus à l'aise qu'au moment de The Year of the French. L'adaptation au thème de base n'est ni un problème ni une caractéristique franche pour leur musique qui dégage des parfums d'Irlande de façon naturelle et dont les chevaux sont imprégnés. Certains rythmes (reel, slide) visent à rappeler le trot ou le galop, et pour la deuxième fois de son histoire, la bande de Paddy Moloney se retrouve à illustrer musicalement une chasse au renard (écho à "The Foxhunt" sur le deuxième album en 1969).

Le premier air entendu, pour l'introduction "sauvage", est celui de "Horses of Ireland pt. 1" avec ses flûtes à bec médiévales jouées par Molloy et Moloney, une mélodie brève et marquante de ce point de vue comme le groupe en a rarement utilisé. C'est le genre de morceau pas forcément employé dans son entièreté pour les images, d'autant plus qu'il se développe en valse avec cordes de chambre, puis en thème égayant au violon rythmé par les os de Fay et le bodhran de Conneff, avant d'enchaîner sur de nouvelles accalmies et danses. Une deuxième partie est proposée, qui permet de mieux confronter la cornemuse de Paddy Moloney avec l'orchestre dans un ensemble gai.

La "Ballad of the Irish Horse" est un air typiquement gaélique au whistle, avec des envolées de cordes fort bien menées, une harpe par Derek Bell qui ressort bien de façon mélodique contrairement à d'autres titres où elle est utilisée davantage en rythmique. On apprécie "Chasing the Fox" pour son quadrille et ses arrangements contemporains très étonnants (une véritable cacophonie de flûtes et de violons !), "The Birth of the Foals" pour son innocence enfantine... L'un des meilleurs morceaux reste le medley des "Galway Races", utilisé bien sûr pour les courses hippiques très populaires. Arpèges de harpe, danse orchestrale magique et reel endiablé en font tout l'attrait, mais aussi une rare intervention de Kevin Conneff au chant pour renforcer le sourire. Sans être mémorable, cette B.O. est mignonne, indépendamment des images.