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The CHIEFTAINS - Tears Of Stone (1999)
Par MR. AMEFORGÉE le 21 Décembre 2004          Consultée 5104 fois

Les larmes de pierre. Mélancolie gravée sur les visages de statues de femmes irlandaises, perdues dans une contemplation infinie. Complaintes, chants d’amour désespérés, sur la perte et l’absence de l’être aimé, sur les vicissitudes et les affres de la vie, tristesse éternelle… Ou bien larmes de joie, d’un bonheur contenu, immortalisé dans la pierre pour les siècles ?

Dans cet album, les Chieftains, poursuivant leur travail de collaboration, rendent hommage exclusivement aux femmes. Et un bien bel hommage en vérité, triste ou parfois serein, mais surtout intimiste. Ainsi donc, on retrouvera un certain nombre d'invitées de prestige venues d'horizons musicaux différents (jazz, country, pop, traditionnel, folk...) : Brenda Fricker, Bonnie Raitt, Natalie Merchant, Joni Mitchell, Sinéad O’Connor, Mary Chapin Carpenter, Loreena McKennitt, Akiko Yano, Joan Osborne, Sissel, Diana Krall, ainsi que les Rankins et les Corrs.

Les morceaux sont placés sous le signe de la sobriété : peu d’arrangements, quelques accords de harpe, un violon prévenant et une flûte douce, parfois un petit air d’accordéon ou en arrière plan, tout en retenu, une cornemuse, bref, un rythme lancinant qui sied au genre de la ballade et de la complainte. A la limite, les Chieftains s’effaceraient presque pour nous laisser en seule compagnie de ces douces voix féminines. Des voix qui possèdent chacune une sensibilité propre, mais qui se réalisent dans l’unité de l’exercice : chanter la douceur. De la tristesse ou de la joie. Et l’on peut dire que si l’on est dans une disposition d’esprit adéquate le charme opère à merveille. L’émotion naît de cette austérité, de cette mesure instrumentale et vocale, qui confère une densité indéniable à chacun des titres.

Je ne vais pas décrire dans le détail l’ensemble des morceaux. Je soulignerai juste ceux qui ont capté mon attention de manière plus spécifique : et notamment Ye Rambling Boys of Pleasure, chantée par Loreena McKennitt et qui pourrait faire partie de son propre répertoire (tout à fait dans la veine d’un album comme To Drive the Cold Winter Away : long passage a capella, puis quelques notes de harpe pour tisser la trame contemplative du morceau), magnifique dans son économie d’arrangements qui met en exergue le chant très expressif de Loreena.
Ensuite, Akiko Yano quant à elle opère le mariage surprenant et toutefois très intéressant entre le chant de la tradition japonaise et la musique irlandaise (Sake in the Jar).
On évoquera également le seul morceau véritablement joyeux, celui des Corrs, I Know My Love, plutôt accrocheur et réussi, dans le registre pop auquel le groupe nous a déjà habitué.
Néanmoins, mon coup de cœur va à Jimmy Mò Mhìle Stòr remarquablement interprété par les Rankins, chanson qui est sublimée par le trio des voix qui se réunissent, s’entrelacent et se complètent à la perfection, et qui de ce fait suscite une intensité émotionnelle toute particulière, plus puissante, plus prégnante que sur les autres titres.
J’apprécie également les interprétations de Sinéad O’Connor (Factory Girl ; morceau qui, d’ailleurs, est meilleur que ceux qu’elle chantait sur The Long Black Veil), de Joan Osborne (Raglan Road), de Mary Chapin Carpenter (Deserted Soldier) et de Diana Krall (Danny Boy), sensibles et lyriques.
A noter pour finir la présence d’un instrumental, The Fiddling Ladies, qui, comme son nom l’indique, met en valeur cette fois-ci un quatuor de demoiselles violonistes.

Cet album est une réussite. Sur The Long Black Veil, je reprochais aux Chieftains de manquer d’unité. Ce n’est absolument pas le cas pour Tears of Stone. Au contraire, le tout est ici homogène, ne serait-ce que par la tonalité tristement paisible, cette sobriété qui court tout le long de l’album et le choix de ne faire chanter que des femmes. En même temps les Chieftains évitent le piège de l’homogénéité, c’est-à-dire l’ennui par manque de diversité, car les chanteuses ont des personnalités suffisamment distinctes pour différencier avec bonheur chacun des morceaux. Merci donc mesdames pour cette contribution.
Les êtres aux cœurs de pierre resteront peut-être insensibles, mais les autres se laisseront volontiers bercer par les mélodies délicieusement mélancoliques de ce Tears of Stone.

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   MR. AMEFORGÉE

 
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- Martin Fay (violon)
- Seán Keane (violon)
- Kevin Conneff (bodhrán)
- Matt Molloy (flute)
- Paddy Moloney (uilleann pipes et tin whistle)
- Derek Bell (harpe, tiompàn, et clavier)


1. Never Give All The Heart
2. A Stòr Mo Chroì
3. The Lowlands Of Holland
4. The Magdalene Laundries
5. Jimmy Mò Mhìle Stòr
6. I Know My Love
7. Factory Girl
8. Deserted Soldier
9. Ye Rambling Boys Of Pleasure
10. Sake In The Jar
11. Raglan Road
12. Siùil A Rùn
13. The Fiddling Ladies
14. Danny Boy



             



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