What happenned ? Que ha pasado ? Que cache cette couverture en forme de môlard ? Est-ce une plaisanterie de notre artiste ? Et ce titre ? Cette armée de spermatozoïdes micros qui attaquent Nino ? Mais qu'est-ce donc ? Pour sûr, voilà qui est perturbant ! Après être sorti de l'oeuf, voilà notre Nino transformé en héros de BD pour série Z ? Diantre ! Allez, je vous donne l'explication : Nino a enregistré quelques mois auparavant un album avec le groupe Legg de Micky Finn. Mais le contrat avec CBS est encore en cours, et Nino pense que le label ne s'occupera pas correctement d'un nouvel album en anglais, alors il rentre à Paris et pond rapidement cet album que vous tenez entre les mains pour en finir avec le label. Je ne vous le fais pas dire, c'est presque choquant ! Voila donc le huitième opus de Nino FERRER, qui voit une légende de la six cordes hexagonale associée à Micky Finn, l'excellent Slim Pezin.

Mais ouh le vilain, le premier titre "Ouessant" est un instrumental qui n'a rien à voir avec la variété, c'est au contraire une plongée au cœur du rock prog que voilà ! Tout à fait réussi, il regorge de solos des deux guitaristes précités. Six minutes de délires prog sans la moindre concession. L'ambiance de "Valentin" qui clôture la livraison nous laisse à nouveau pantois : voilà un morceau à l'esprit prog chanté en français, ce qui n'est pas si fréquent ; quelques harmonies BEATLES se greffent de-ci de-là, très écoutable, très original, le meilleur de ce V.V.V.

Nous avons plus loin un titre d'obédience Hard-rock très psychédélique avec "Mashed Potatoes", un riff de gratte simpliste et Nino qui nous la joue VENTURES sur les lyrics en "Yeah" avec un orgue très typique des sixties ! "Sud express" est lui aussi dopé aux amphétamines, le refrain me fait même penser à du MOTORHEAD ! Si si, je vous assure !! Lemmy/Nino même combat ! Du rock psychédélique de belle allure, pas si loin que ça d'HAWKWIND, presque space, mais avec une sensation de manque d'implication de la part de l'artiste, mais bon, les musiciens s'éclatent.

En revanche, le petit boogie qu'est "Joseph Joseph" a bien plus belle allure mais il est dans un anglais presque étrange. La suite se revendique Bebop... Nino se souvient de ses premières amours dans les boîtes de jazz de Saint-Germain. Et cela nous donne un titre à consonance ricaine qui porte le nom évocateur de "Ah les américains", et qui évolue dans un registre jazzy cool proche du bebop effectivement.

"L'inexpressible" est une comptine comme Nino aime à les composer pour ses enfants. On est proche de Pierre PERRET là-dessus, de la chanson française traditionnelle plutôt sympa. De l'autre coté de l'arc-en-ciel musical, voilà notre artiste qui se met à adapter le classique traditionnel qu'est "Il pleut Bergère", un brin saugrenu, n'est-il pas ? A sa manière bien sûr, mais voici un titre de pure variété pas terrible ! Plus loin, "On passe trop de temps" semble avoir été composée trois minutes avant son enregistrement. Pour moi, il y a foutage de gueule.

Cet artiste est décidément complexe à appréhender. Il navigue au gré de ses idées souvent proches de « lubies ». Son fameux caractère serait-il la cause de toutes ces inflexions insensées durant sa carrière ? Nino, qui semble avec cet album se foutre du show biz français, n'en livre pas moins un album intéressant qui mérite une oreille à défaut d'un achat. A cet instant de sa carrière, FERRER est en pleine déroute : les ventes sont minables et le manque de reconnaissance mène à nouveau le chanteur vers une dépression qui ne le quittera jamais vraiment. Je reste sur un 3.