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Nino FERRER - Enregistrement Public (1966)
Par ERWIN le 24 Juin 2019          Consultée 2230 fois

Vous saviez que Nino FERRER s'appelait en fait Agostino Arturo Maria Ferrari ? Non ? Moi non plus, dites donc ! Cet artiste quelque peu original dans le paysage de la chanson française n'a à la base pas grand chose d'un français. En effet, le petit Agostino est né à Génes un an avant Elvis PRESLEY. Il ne fait donc pas partie des jeunes premiers de la vague yéyé, eh non ! Son père Pietro est un chimiste issu d'une riche famille alors que sa mère Raymonde "Mounette" vient d'un milieu modeste de Nouvelle Calédonie. Pietro est directeur d'une usine de Nickel, et c'est lors d'un séjour en Italie que naît le futur Nino. Il passe la guerre en Italie dans la grande propriété familiale, loin des privations, puis la libération le voit installé à Paris et fréquentant les meilleurs lycées parisiens. Vers la fin de son adolescence, il découvre le jazz, devient contrebassiste et monte son premier trio tout en menant des études d'archéologie à la Sorbonne.

C'est en 1963 que Nino FERRER va coucher pour la première fois ses oeuvres sur le microsillon, nous les retrouvons sur cette galette parue 3 ans plus tard. C'est "Pour Oublier qu'on s'est aimé", aux accents très soul et dont les versions tardives comportent un orgue digne de Harlerm, on appréciera les accents bluesy de la voix de Nino. Ce titre est doublé de sa face B "C'est Irréparable" qui sera plus tard repris par Luz CASAL sur la bande son de Talons Aiguilles de Pedro Almodovar, tentez vous allez voir, ce magnifique slow ne pourra que vous exploser les oreilles, les choeurs y sont de toute beauté et le talent du chanteur y éclabousse tout de sa classe. Pour un premier essai, c'est un coup de maître artistique, il ne faut pas oublier que le jeune homme a déjà 30 ans et est un musicien chevronné.

Mais le succès n'est pas au rendez-vous et l'artiste connait ensuite pas mal de bas jusqu'à la sortie de "Mirza" en 65. Le ton insolent et les envolées lyriques accompagnées de cuivres rebondis font de cette compo un standard de la chanson française. Mais elle catalogue aussitôt Nino comme chanteur à texte "rigolo", comme ANTOINE ou Henri SALVADOR. C'est la reconnaissance nationale et l'aisance financière... Mais les maisons de disques ont compris qu'il fallait pousser notre immigré italien dans cette voie. Nino s'y adapte et cela donne les "Nanana" des "Cornichons" qui présente les mêmes qualités que son premier hit... "Hé ! Ho ! Hein ! Bon !" continue dans cette même voie en s'adaptant plus aux standards des modes yéyé alors en cours. Le succès est énorme, mais le chanteur n'y trouve pas la satisfaction.

"Mme Robert" continue de camper son personnage de chanteur décalé avec une certaine réussite, les paroles sont bien sympas. Plus trépidante, l'introductive "Je veux être noir", qui continue de passer régulièrement sur les ondes, le voit déplorer le fait de ne pouvoir aborder la musique comme ses idoles James BROWN ou LITTLE RICHARD. L'orchestration est belle, et même si Nino est italien, nul doute qu'il dispose de quelques chromosomes artistiques bel et bien noirs ! Sur "La bande à Ferrer", Nino se plait à présenter les divers membres de son groupe, et on sent tout au long de cette chanson qu'il est animé par une réelle soif musicale, puisque plusieurs genres s'y télescopent. C'est franchement sympa et drôlement agréable. Enfin, on reste très blues sur "Shake Shake Ferrer" avec toujours les mêmes influences.

Deux reprises notables sont sur ce premier opus : "Le millionaire", rendue célèbre par Bessie SMITH sous le nom "Nobody Knows You When Youre Down And Out", est plutôt pas mal. Plus surprenante, il adapte "Its a Man's, Man's World" de James BROWN en "Si tu m'aimes encore" ; pas question d'émuler l'originale mais on ne peut que remarquer son interprétation très engagée, c'est une belle version et il convient de souligner ce fait.

Au moment de l'addition, on est comblée d'aise devant le niveau de ce disque, qui déchire complètement la concurrence en cette année 66. Il est d'ailleurs reconnu comme un des meilleurs albums de rock français par la plupart des critiques... Tu m'étonnes ! Il n'y a ici que des hits et déjà une maîtrise étonnante de son art. Toutefois, Nino FERRER n'est guère emballé par tout ce flambard, car il souhaite être reconnu avant tout comme un auteur de premier plan et non un chanteur décalé à textes humoristiques. Le caractère de notre artiste n'est pas des plus faciles, ça non ! Mais peu importe, ce premier essai est une réussite éclatante et est fortement conseillé !

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   ERWIN

 
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- Nino Ferrer (chant-basse)
- Richard Bennett (batterie)
- Bernard Estardy (orgue-piano)


1. Je Veux être Noir
2. Si Tu M'aimes Encore
3. La Bande à Ferrer
4. Le Millionnaire
5. Shake Shake Ferrer
6. Mirza
7. Cest Irréparable
8. Mme Robert
9. Pour Oublier Qu'on S'est Aimé
10. Les Cornichons
11. Oh ! Hé ! Hein ! Bon !



             



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