On n'est pas au mieux ! Le précédent opus de notre musicien classique chanteur de variété tantôt poppisante tantôt progressive a fait un flop assez monumental, ne contenant pas le moindre classique, une situation que William SHELLER ne peut se permettre de rééditer. Il lui faut coûte que coûte trouver la voie du succès. Mais voyez plutôt, c'est aussi le moment ou Phillips change sa politique et décide de sortir des mini-albums pour vendre moins cher mais plus... Drôle de calcul ! Et nous voici avec un album blindé de six titres, va falloir attendre pour l'indigestion ! Mais c'est aussi l'époque où il prend conscience du fait que jouer seul au piano n'est pas si mal. Peu à peu, sa conscience s'ouvre au riche destin qui l'attend.

Six titres en tout mais trois singles : tout l'avenir de l'artiste va se jouer sur leur éventuel succès. "Les filles de l'aurore" est sûrement le titre ayant la postérité la plus tenace. Sa mélodie très addictive ne lâche plus la caboche une fois écoutée, et oui ! C'est un titre que j'ai très souvent en tête, un classique de notre artiste. Puis sur "Simplement", William s'essaye au spoken word, lui dont le style de chant n'est pas si éloigné que ça d'un flow. L'ensemble sonne très variété, avec de grosses nappes de synthés très eighties. Vous ne vous en souvenez pas ? Moi non plus, ce morceau a particulièrement mal vieilli.

J'ai mis beaucoup de temps à apprécier "Mon dieu que j'l'aime", chanson que je conchiais plutôt à l'époque. Pourtant, cette grosse guitare aurait dû me convenir, mais l'esprit de la compo est tellement typé eighties que c'en était insupportable. Aujourd'hui, plus de 35 ans plus tard, il ne reste que quelques jeux de mots, des choeurs un peu criards et un rythme dansant qui finalement ne me séduisent toujours pas. Mais nous avons aussi le petit piano coquin et tressautant de "Maman est folle", au-delà de paroles pas si légères que cela. Une certaine tristesse émane de cette chanson, la mélodie se grave bien dans le cortex, mon moment préféré de l'opus.

Le reste n'est pas bien mémorable : "Le capitaine", avec ses effets de ressac et un synthé un peu cheap, ses percussions tellement eighties, mais le refrain très SHELLErien n'est pas désagréable. On regrette toutefois un peu les arrangements habituels. Ici, nous sommes fort minimalistes, décennie oblige. Enfin, "L'amour noir" nous renvoie à des ambiances variété plus standards, même si les suites d'accord restent celles de notre pianiste et seront toujours sophistiquées par rapport à la concurrence.

Il y a certes de la matière, mais six titres, c'est vraiment trop court. On sait le succès qu'eurent les singles, mais l'album reste confiné aux pires moments de la carrière de William SHELLER. Il nous reste tout de même "Les filles de l'aurore" et "Maman est folle" pour le plaisir des petites folies auxquelles l'artiste nous a habitués, sans oublier "Mon dieu que j'l'aime", même si je ne suis pas fan. S'il s'agissait d'un E.P, je mettrais un 3, mais il s'agit d'un album, il m'est donc impossible de mettre plus de 2.