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Brenda LEE - Brenda That's All (1962)
Par LE KINGBEE le 12 Mars 2020          Consultée 799 fois

Pour Brenda LEE, ce septième album studio pourrait être estampillé du sceau de la Révolution. Non pas que Decca ait subitement décidé de changer de répertoire, mais c’est la première fois que la chanteuse figure en position debout sur la pochette d’un disque. Jusqu’à présent, le staff marketing de la firme avait toujours jugé bon de nous dévoiler la chanteuse assise, allongée, accroupie. Dans le meilleur des cas, c’était la partie haute et de profil qu’on voyait. Les choses changent.

Nous sommes toujours en 1962, Decca a déjà sorti « Sincerely », un album capable de satisfaire aussi bien la ménagère américaine lambda que le courtier en assurance, l’amateur de Jazz que le fan de Country. Decca a mitonné la jeune chanteuse à toutes les sauces, pourvu qu’elles se vendent.

C’est bien connu, en musique, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et chez Decca, on ne se fait pas d’illusion, on sait que Brenda, malgré sa petite taille, grandit. Brenda aura 18 ans en fin d’année, un âge auquel de nombreuses Américaines commencent à convoler en juste noce. Chez Decca, on sait que la poule aux œufs d’or ne va pas tarder à quitter le poulailler ou dans le pire des cas se faire croquer par le renard (l’animal ne va tarder à surgir en la personne de Ronnie Shaklett, son futur mari). Il faut rentabiliser les séances et se remplir les poches pendant qu’on peut encore le faire.

Au printemps 62, traversant l'Atlantique, Brenda LEE se produit en Angleterre pour une quinzaine de concerts, souvent en première partie de Gene VINCENT, fait une apparition au Star-Club, célèbre club d’Hambourg. Chez nous, Brenda fait salle comble le 21 avril 62 à son passage à l’Olympia. Organisé par Coquatrix, cette unique date sur le sol français fait la Une du journal télévisé. On a envoyé Eddie Constantine servir de chaperon à la chanteuse (elle n’a pas encore 18 ans) et toute la presse people est aux aguets. Entre une visite chez un bijoutier de luxe et un passage chez Estérel, une figure de la haute couture, Brenda donne une interview pour « Salut les Copains ». Le 2 mai, Europe 1 diffuse quatre chansons dans le cadre de l’émission « Musicorama ».

Pour les dirigeants de Decca, il faut amortir les frais avant que la chanteuse ne rencontre un prince charmant. Chez Decca, on va piocher large. Dès son retour d’Europe, on expédie derechef Brenda en studio pour pondre une nouvelle galette et pourquoi pas de quoi se confectionner un petit bas de laine avec quelques titres en réserve !

Ce disque regroupe huit titres mis en boîte à Nashville lors de trois sessions (17, 18 et 21 mai). Bien sûr, cela fait un peu juste mais Decca complète la galette avec une petite couche de confiture en farfouillant dans ses fonds de casseroles. Y’a pas de mal à se faire du bien et ce ne sont pas les titres qui manquent, Brenda s’étant toujours pliée sans trop rechigner aux exigences de sa maison de disque.
C’est ainsi qu’on retrouve la guimauve « You Can Depend On Me » enregistrée en janvier 61, une vieille ballade Jazzy des années 30 gravée par Louis ARMSTRONG. Le titre repris à la fin des fifties par les PLATTERS et le crooner Tony Bennett peut toujours faire illusion. Mais Brenda parvient à gommer les effets clinquants des précédentes versions et le titre pourtant mis en fin de disque se classe à la 6ème place des charts Pop, à la grande surprise de Decca.
Decca incorpore aussi « Fool#1 », issu d’une session d’août 61. Une bonne petite purge qui monte tout de même à la 3ème marche des classements américains.
Il en manque encore, Owen Bradley complète avec « Organ Grinder’s Swing », un vieux Jazz Rag datant des thirties. Bradley a bonne mémoire, il était derrière les consoles en 53 quand les Four Aces avaient mis en boîte le titre pour Decca. Eh oui, la musique c’est un peu comme le pain perdu, il ne faut pas de perte. Quand Ella FITZGERALD avait repris le morceau dans un maelstrom de R&B et de Gospel bien barbant, Brenda LEE quant à elle accélère le tempo pour en faire un Rock médium transporté par l’harmonica de Charlie McCoy. Juste avant de partir en Europe, Brenda avait enregistré quatre morceaux et Owen Bradley décide de retenir « Why Me », un mid-tempo bien dans la tonalité du Nashville Sound début sixties.
Des sessions du mois de mai, Owen Bradley refourgue « White Silver Sands », un titre qu’il avait enregistré durant l’été 57 pour Decca au sein de son propre quintet. Un morceau assez dur à avaler, sauf que Brenda y apporte fraîcheur et fantaisie pour se réapproprier le bubble-gum. Succès de Fats DOMINO, « Valley Of Tears » est curieusement tombé dans la besace de nombreux artistes Country, Brenda s’en sort plutôt bien en évitant de tomber dans de faciles effets mélodramatiques. Autre petite ballade avec « Someday You’ll Want Me To Want You », titre de Jimmie Hodges accommodé à toutes les sauces de Dean MARTIN à Ray CHARLES en passant par FELICIANO ou Ricky NELSON. Brenda réussit la gageure de faire fusionner Country et Jazz sur une belle mélodie. On regrette juste les chœurs trop présents qui contribuent à un sucrage loin d’être indispensable.
Malgré la pochette, tout n’est pas rose, Decca n’ayant jamais renoncé à faire de l’ancienne Miss Dynamite une chanteuse de variété tendance Jazzy et de ballade sentimentale comme en atteste « Just Out Of Reach », une vieille ballade Hillbilly de Virgil « Pappy » Stewart reprise par Faron YOUNG et mise à la sauce Soul par Solomon BURKE. On peut penser que c’est à l’instigation de Grady MARTIN qu’elle reprend « Sweethearts On Parade », vieille ballade de Guy Lombardo à laquelle Grady s’était déjà attaqué avec le Slew Foot Five. Brenda y apporte toutefois un peu de gaité et le titre nous paraît plus captivant que sa version Soul Jazzy par Etta Jones, un peu trop prétentieuse. Autre titre bien mollasson issu du Jazz thirties, « It’s A Lonesome Old Town ». Repris par SINATRA et Nat King Cole dans des interprétations apathiques et flasques, Brenda prend d’un seul coup vingt ans en deux minutes, la jeune chanteuse se transformant en diva mature. Un morceau toujours d’actualité, Keith JARRETT et STING l’ayant mis à leur répertoire. Elle s’attaque à « Gonna Find Me A Bluebird », une curiosité de Marvin Rainwater comportant des influences hawaïennes, cherokee mais aussi du yodel. Avec ses montées de cordes, Brenda ne parvient pas à s’extirper de cette guimauve hyper sucrée.
Curieusement, lorsqu’on prend soin d’analyser les titres, on se dit que Decca est passé à côté de quelque chose. Car ici, ce ne sont pas les titres enregistrés dans l’urgence après la tournée européenne qui marquent les esprits, mais ceux qu’on est allé chercher au fin fond d’un tiroir, ceux qui n’avaient pas été retenus, les laissés pour compte. Preuve que Decca, malgré toute l’estime qu’on peut avoir pour cette firme historique, était à côté de la plaque et que la petite Brenda aurait probablement connu un autre sort si Decca ne l’avait pas engluée dans un registre plus proche de la variété internationale bien proprette que du Rock' n' Roll. Un disque dont la note oscille entre 2,5 et 3.

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- Brenda Lee (chant)
- Grady Martin (guitare)
- Ray Edenton (guitare 1-3-4-5-6-8-9-10-11)
- Harold Bradley (guitare)
- Hank 'sugarfoot' Garland (guitare 2-7-12)
- Bob Moore (basse)
- Buddy Harman (batterie)
- Floyd Cramer (piano)
- Boots Randolf (saxophone)
- Charlie Mccoy (harmonica 7)
- Anita Kerr Singers (chœurs)


1. I'm Sitting On Top Of The World
2. Fool#1
3. White Silver Sands
4. Just Out Of Reach
5. Sweethearts On Parade
6. It's A Lonesome Old Town
7. Organ Grinder's Swing
8. Gonna Find Me A Bluebird
9. Why Me?
10. Valley Of Tears
11. Someday You'll Want Me To Want You
12. You Can Depend On Me



             



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