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Brenda LEE - All The Way (1961)
Par LE KINGBEE le 25 Novembre 2019          Consultée 863 fois

Brenda LEE n’a pas encore 17 ans lorsque Decca publie le cinquième disque de sa jeune pouliche. Il semble évident que Decca n’a jamais voulu faire de sa petite protégée une chanteuse de Rock'n'Roll. Les décisionnaires du label la cantonnent résolument dans un registre de variété pouvant toucher plusieurs catégories d’acheteurs potentiels. C’est bien connu, l’argent appelle l’argent et ce au détriment de l’art et des divers désidératas artistiques ou personnels des artistes.

La pochette de ce 5ème disque n’est pas anodine. Brenda aura 17 ans à la fin de l’année et Decca la représente légèrement de profil. Faut-il y voir un procédé sensé la vieillir ? La tête penchée, les yeux pétillants et le sourire espiègle nous dévoilent une chanteuse heureuse et toujours pleine de malice.

A l’instar des quatre galettes précédentes, Decca propose douze pistes. Dix sont enregistrées lors de quatre sessions s’étalant entre le 8 janvier 1961 et le 21 mai. Decca complète le tout avec « Do I Worry (Yes I Do) » gravé le 16 aout de l’année précédente et « Big Chance » mis en boîte deux jours plus tard. Si six morceaux apparaissent sur deux E.P's, seuls « Dum Dum » et « Eventually » ont l'honneur de figurer sur un single. Comme lors de ses précédentes séances, Brenda retrouve les parquets du Bradley Film Recording Studio situé sur la 16ème avenue South à Nashville.

Decca met en pratique l’adage bien connu « C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures » : effectivement, en ouverture on retrouve « Lover, Come Back To Me » une chansonnette gravée à la fin des années vingt par Rudy Vallée & His Connecticut Yankees. Financièrement, les droits ne coutent pas un rond à Decca, ceux-ci ayant déjà été payés lors de l’édition de deux singles de Mildred Bailey et de Roy Eldridge. Un coût gratuit pour Decca. Si le titre a connu un bon succès avant guerre via Billie Holiday, il a depuis été passé à la moulinette d'Ella FITZGERALD, Dinah WASHINGTON, Nat KING COLE ou Sam COOKE reprenant la chanson avec plus ou moins de verve. Brenda LEE s’acquittant très convenablement de sa tache parvient à nous faire malicieusement pétiller ce titre démodé. Composition de Jimmy Van Heusen spécialement écrite pour SINATRA, « All The Way » avait connu plusieurs versions féminines dignes d’intérêt (Billie HOLIDAY, Keely SMITH ou Eta JONES) avant que Brenda LEE n’en rajeunisse les contours via une orchestration plus moderne et un timbre nettement moins mélodramatique.
Brenda s’attaque à « Dum Dum » composé spécialement pour elle par le tandem Jackie DeShannon / Sharon Sheeley dans une version pleine de verve, bien supérieure à la future reprise de Nancy Holloway mijotée à la sauce Twist, registre très en vogue à l’époque. Retour aux années 30 avec le standard « On The Sunny Side Of The Street ». Si les jazzmen Lester Young, Don Byas ou Johnny Hodges en délivrèrent des versions fort recommandables, d’autres mirent le titre en lumière grâce à des paroles romantiques un brin clinquantes. Mais aujourd’hui encore, le timbre de Brenda relègue bien loin les versions des nouvelles stars Robin McKelle ou Diane KRALL. On évoquera tout juste l’adaptation ridicule chantée par Line RENAUD sous le titre « Les Plus Jolies Choses de la Vie ».
Brenda peut aussi se fondre dans le domaine de la Soul. C’est ainsi qu’elle reprend le « Talkin’ Bout You » de Ray CHARLES dans une interprétation beaucoup moins Country Soul que celle du Genius. Si les ANIMALS populariseront le titre trois ans plus tard, Brenda nous en assène ici une version convaincante. Quelques bons killers français reprendront le morceau à leur sauce (Sylvie VARTAN, Johnny HALLYDAY), notre Nation n’en ressortant guère glorieuse.
Tombé dans l’escarcelle de nombreux countrymen, « Someone To Love Me (The Prisoner’s Song) », une compo de Guy Massey, avait connu son heure de gloire via Vernon Dalhart (le cousin du compositeur) dans les années vingt. On se demande pourquoi les frangins Bradley inondent le titre d’une cascade de cordes. Petit Teen Rock avec « Do I Worry (Yes I Do) », une compo de Jerry Lordan, l’auteur du hit « Apache ». Petit détour dans la ballade guimauve avec « Tragedy », énorme succès de Thomas Wayne (le frangin de Luther Perkins, guitariste de Johnny CASH). Gros succès du tandem Jerry Leiber/Mike Stoller, « Kansas City » gravé en 1952 par Little Willie Littlefield sous le titre de « K C Loving » connaitra un gros regain de forme sept ans plus tard grâce à la reprise de Wilbert Harrison entouré du guitariste Jimmy Spruill, Number One dans les charts US. Si la version de Brenda nous paraît un brin plus captivante que celle de Wanda JACKSON, on aurait aimé un peu plus d’énergie. Au final, on retient les passages de Sax de Boots Randolph. Seconde ballade trop sucrée avec « Eventually », une compo de Ronnie Self qui ne connaitra pas le même succès que « Sweet Nothin’ ». Même impression avec « Speak to my Pretty », un médium qui ne retient guère l’attention. Le disque se termine par « The Big Chance », un autre médium destiné aux teenagers de l’époque, qui ne parvient pas à accrocher l’oreille, malgré la bonne volonté de la chanteuse.

Avec deux titres recyclés (« Do I Worry » et « The Big Chance ») datant du mois d’aout 60, on a l’impression que Decca a essayé de nous refourguer de la camelote. Ajoutons les deux ballades plus barbantes qu’entraînantes et le disque peine aujourd’hui à atteindre une note de 3. Heureusement, Brenda se montre performante et pleine de feeling durant une bonne moitié du disque, ce qui permet de le sauver de l’oubli. Mais on se dit que Brenda LEE aurait pu faire une autre carrière si elle n’avait pas signé chez Decca.

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- Brenda Lee (chant)
- Hank Garland (guitare)
- Grady Martin (guitare)
- Harold Bradley (guitare, basse)
- Bob Moore (basse 6-7-12)
- Joseph Zinkas (basse 1-2-3-4-5-8-9-10-11)
- Buddy Harman Jr. (batterie)
- Floyd Cramer (piano)
- Boots Randolph (saxophone)
- Anita Kerr (chœurs)
- Dottie Dillard (chœurs)
- Gil Wright (chœurs)
- Luis Nunley (chœurs)


1. Lover, Come Back To Me
2. All The Way
3. Dum Dum
4. On The Sunny Side Of The Street
5. Talkin' 'bout You
6. Someone To Love Me (the Prisoner's Song)
7. Do I Worry (yes I Do)
8. Tragedy
9. Kansas City
10. Eventually
11. Speak To Me Pretty
12. The Big Chance



             



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