Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


Brenda LEE - The Versatile Brenda Lee (1965)
Par LE KINGBEE le 27 Mai 2021          Consultée 822 fois

C’est la pagaille chez Decca, les productions sortent un peu au petit bonheur la chance. En Europe, les albums stéréo se croisent avec les mono et il arrive parfois que les pressages européens édités par Brunswick chevauchent les productions Decca ou Festival. Une chienne n’y retrouverait pas ses petits !

Ce treizième album studio édité par Decca provient de six sessions s’étalant du 24 juin 1964 au 26 février 65. En février, Brenda participe à trois sessions avec une douzaine de titres à la clef. Decca, toujours âpre au gain, décide même de lui faire enregistrer "La vie en rose" en japonais. Oh, la firme américaine n’est pas la seule à se répandre dans cette pratique destinée à pénétrer les marchés, de nombreux chanteurs et chanteuses anglophones se mettent au japonais tandis que l’italien devient très tendance au milieu des sixties. Et oui, il faut vendre !

Revenons à ce "Versatile Brenda Lee". Huit des douze pistes proviennent des trois sessions de février. Afin de constituer une galette complète, la firme farfouille dans ses bandes et incorpore trois titres gravés en octobre ; la pratique usuelle voulant qu’on propose douze titres c’est "Maybe", capté dans les mêmes studios à Nashville, qui a les honneurs de clôturer l’album.

Cette fois, Decca propose un répertoire éclectique, c’est du moins ce que laisse suggérer le titre, Brenda étant dans son élément aussi bien en Pop qu’en Jazz Vocal ou dans une Country édulcorée. C’est un titre venu d’Angleterre qui ouvre les hostilités, "Yesterday’s Gone", plus gros succès du duo Chad & Jeremy. Si l’original sonne aujourd’hui un peu niais, le timbre souple de Brenda fait toute la différence. Une version bien supérieure à celle de la Carter Family diffusant un parfum hautement puritain. Chez nous autres, les Kelton reprendront la chanson adaptée en "Pas Aujourd’hui" édité par Disc AZ, label fondé par Lucien Morisse ancien boyscout chez Europe 1 et créateur du Discobole. Brenda reprend "Dear Heart", chanson nominée aux Oscar figurant au générique d’un nanar avec Glenn Ford. Rien de bien palpitant mais une interprétation plus moelleuse que l’originale de Joanie Sommers.
Afin d’attirer dans ses filets les amateurs de Country, Decca lui fait reprendre "I Still Miss Someone", hit mineur de l’Homme en Noir repris depuis à toutes les sauces (Country, Americana, Folk). Une version qui s’éloigne des traditionnels essais Country avec violons et dont l’intro avec chœurs intempestifs pouvait faire craindre le pire. On conseille les versions de Nanci Griffth, Cristal Gayle ou celle plus Folk de Joan BAEZ. Enregistrée sans grand succès par Nancy Wilson, la ballade "How Glad I Am" connaît une petite flambée via Aretha FRAKLIN. Brenda en délivre une version convaincante qui évite les violonades, selon nous, l’une des meilleures versions avec celle de Fontella Bass. A noter que la chanson est toujours tendance, Chrissie Hynde chanteuse des PRETENDERS a récemment repris le titre dans une version Vintage. Autre ballade, "Almost There" ⃰ ne parvient jamais à transporter l’auditeur, un titre typique de la variétôche américaine à destination de la ménagère sixties. On monte dans la machine à remonter le temps avec "Don’t Blame Me", une guimauve des années 30. A l’orée des sixties, la chanson connaît un regain d’intérêt via Erma FRANKLIN ; dans la foulée, Timi Yuro ou Etta JAMES n’oublient pas de mettre la chanson à leur répertoire. Malgré une intro gorgée de chœurs, Brenda nous livre une version correcte malgré une orchestration à la Ray Conniff.

La face B s’ouvre avec un second morceau emprunté aux thirties. "Willow Weep On Me" a connu des fulgurances à chaque décennie. A l’orée des sixties, le titre fait l’objet de bonnes reprises (Sam COOKE, Helen Merrill) mais Lou Rawls mérite selon nous la Mention. Le morceau tombe également dans l’escarcelle du Jazz. Le guitariste Bill Jennings, le saxophoniste Arnett Cobb ou le trompettiste Ruby Braff en délivrent d’excellents instrumentaux. Brenda propose ici une interprétation facile d’écoute qui a le mérite d’éviter tout maniérisme. Elle s’attaque à "Truly, Truly, True (Tenkrat)" une ballade gentillette, future reprise de Roy ORBISON. Decca, bien malin, lui refourgue "Love Letters", chanson de son catalogue issue d’un mélodrame d’après guerre avec Jennifer Jones et Joseph Cotten. Si cette ballade sentimentale a été mise à toutes les sauces, Brenda distille ici une tonalité plus légère avec un brin de fantaisie, s’éloignant ainsi de la version mélodramatique d’ELVIS. Carla Bruni reprend le morceau en 2017, offrant aux auditeurs toutes ses limites. La chanteuse reprend "The Birds And The Bees", compo du rejeton d’Herb Newman le patron du label Era, popularisée par le texan Jewel Akens. Curieusement, cette chanson pleine d’humour fait l’objet de nombreuses reprises en 1965 (Peggy March, Johnny Kidd, Dean MARTIN). Brenda lui apporte toute sa bonne humeur, une chanson destinée aux enfants à partir de cinq ans jusqu’aux plus de 77 ans. On conseille la version postérieure de Rufus et Carla THOMAS enregistrée l’année suivante pour la Stax. Elle reprend en anglais "La vie en Rose" de PIAF en gommant au maximum tous les effets dramatiques des paroles. Avouons que ça vaut bien l’essai chanté en français phonétique par Lady Gaga à l’occasion du 90ème anniversaire de Tony Bennett, le crooner croulant. Le disque s’achève sur "Maybe" ° une énième ballade. Si l’original des Ink Spots, un ensemble précurseur du Doo-Wop, se révèle aujourd’hui difficilement buvable, Brenda peut compter sur une orchestration heureusement plus moderne. Le pendant féminin de la version de Dean MARTIN.

Terminons ce panorama par la pochette sur le recto de laquelle encore une fois apparaît le visage de Brenda. Si le sourire est comme souvent bien présent et sincère, on se demande si Decca ne veut pas cacher les rondeurs de la future maman. Toujours est-il qu’en fait de versatilité, on a cantonné la chanteuse dans un décor bien propret, un répertoire dans lequel on n’a pas à aller chercher midi à quatorze heures, un disque destiné aux ménagères blanches de la classe moyenne, celles qui achètent le plus de disques. Un disque facile d’écoute qu’on n’oublie très vite malgré la sympathie qu’on peut avoir pour Brenda.

⃰ Titre homonyme à ceux des TURTLES et Randy NEWMAN.
° Titre homonyme à ceux de George et Ira Gershwin, des Chantels, Harry NILLSON et Johnny Carroll.

A lire aussi en VARIÉTÉ INTERNATIONALE :


Marcela BOVIO
Through Your Eyes (2019)
Concrétisation d'un talent mélodique.




John ZORN
The Big Gundown (1985)
C'era una volta Ennio e John


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Brenda Lee (chant)
- Grady Martin (guitare)
- Ray Edenton (guitare)
- Harold Bradley (guitare)
- Bob Moore (basse)
- Buddy Harman (batterie)
- Floyd Cramer (piano)
- Anita Kerr (chœurs)
- Dottie Dillard (chœurs)
- Bill Wright (chœurs)
- Louis Nunley (chœurs)


1. Yesterday's Gone
2. Dear Heart
3. I Still Miss Someone
4. How Glad I Am
5. Almost There
6. Don't Blame Me
7. Willow Weep For Me
8. Truly, Truly True (tenkrat)
9. Love Letters
10. The Birds And The Bees
11. La Vie En Rose
12. Maybe



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod