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Brenda LEE - Coming On Strong (1966)
Par LE KINGBEE le 3 Juillet 2022          Consultée 686 fois

On aime bien chez Forces Parallèles les titres modestes. Traduisible par Retour en Force, "Coming On Strong" annonce la couleur, reste à savoir de quel retour il s’agit, parce qu’après examen des douze pistes, on a l’impression que Decca fait reprendre des succès à sa chanteuse sans ligne directrice clairement établie. Cela s’apparente au petit bonheur la chance, on ne sait jamais ce qu’il peut en ressortir.

Nous sommes en été 66 et tout va bien. La France s’est retirée de l’OTAN depuis mars, Les Beatles donnent leur dernier concert à San Francisco, les B-52 américains s’en payent une bonne tranche avec de gros largages au Nord Vietnam, en Afrique les coups d’états se succèdent sans fin, chez nous le gouvernement se complait avec ses premiers essais nucléaires sur les atolls de Mururoa et Fangatauda, ça va c’est à l’autre bout de la lorgnette, alors qu’à New-York, on pose la première pierre du World Trade Center, tandis que chez nous "La Grande Vadrouille" triomphe sur nos écrans. On vous le dit, tout va bien.

Chez Decca, il n’est pas question que les choses changent, pour Owen Bradley il n’est pas question de faire de Brenda une artiste révolutionnaire ou engagée, il faut que l’une des meilleures vendeuses du catalogue reste dans les clous, comme on dit. La firme doit depuis plusieurs mois supporter Ronnie Sparklet, le mari de Brenda, un époux qui veille sur la santé de sa femme et qui garde un œil scrupuleux sur les nombreux exploiteurs gravitant dans l’industrie du disque. Depuis quelques temps, il arrive que Brenda choisisse des titres, Decca ne parvient plus à lui imposer un répertoire complet.

Ce nouvel album est issu de quatre sessions (10 août, 8-9 et 12 septembre) gravées au Bender’s Ferry Road, le studio d’Owen Bradley situé à Mount Juliet, énorme bourgade à trente bornes de Nashville. Si Brenda retrouve avec plaisir des accompagnateurs fidèles, la première session se passe mal, le producteur refuse deux des trois titres enregistrés. Decca décide de faire revenir sa chanteuse en septembre.
En ouverture, elle chante "Coming On Strong", un inusité du pianiste Little David Wilkins, repris plus tard sous forme de Deep Soul vitaminée par Big MAYBELLE. Si la version de Brenda enterre les covers de Kitty Wells (trop obsolète) ou de Barbara Mandrell (trop clinquante), il en faudra plus pour retenir l’attention durablement. "You Don't Have To Say You Love Me", adaptation américaine du standard italien "Io Che Non Vivo (Senza Te)" de Pino Donaggio ne laisse guère de doute sur les intentions de Decca, Brenda est exclusivement orientée vers un répertoire de variété internationale. S’il est vrai que son timbre de voix peut se prêter à diverses convergences, on aurait aimé un inventaire plus personnel et surtout plus Rock. Si Dusty SPRINGFIELD contribua à placer la chanson sur la première marche des charts, Brenda rivalise amplement malgré des chœurs intempestifs. L’une des meilleures interprétations avec celle de Carla THOMAS. Chez nous, Richard Anthony et le chanteur de charme Frank Michael adapteront la chanson avec "Jamais je ne vivrai sans toi", un titre qui pourrait résumer à lui seul l’indigence des paroles.

Preuve que Decca cherche à mondialiser sa chanteuse, "Summer Wind" * agrémente le répertoire. Il s’agit d’une balade allemande d’Hans Bradtke adaptée par Johnny Mercer pour Frank SINATRA. Une interprétation moins maniérée et hautaine que celle de l'italo-américain. Au milieu des années 90, Sinatra reprendra la chanson en duo avec Julio Iglesias, comble de la ringardise ! Aucun risque de s’attraper un lumbago avec "Kiss Away" une balade aussi plate qu’une limande, toutefois moins larmoyante que l’originale de Ronnie Dove. Compo de l’anglais Tony Hatch, "Call Me" ** popularisé par Petula Clark aura été l’un des grands succès de l’année ; on ne compte plus le nombre de chanteuses s’étant attaqué à la chanson, de LULU à Nancy SINATRA, tout ce qui pouvait tenir un micro semble avoir repris le morceau.
Avec "What Now My Love (Et Maintenant)" Brenda s’offre un détour dans notre belle contrée avec l’adaptation américaine de "Et Maintenant", gros carton du tandem Bécaud Delanoé (Cocorico !). Si le titre a été repris sous toutes les formes, parfois chanté dans un mélange d’anglais et d’anglais, l’orchestration se démarque judicieusement des copies serviles avec une guitare gypsie qui impulse une ambiance latine.

La cadence s’accélère avec "Uptight (Everything’s Alright)", hit de Stevie WONDER. L’interprétation avec sa voix éraillée se situe largement au niveau des reprises de Nancy Wilson ou Diana ROSS. Chez nous, HALLYDAY chantera la chanson via l’adaptation "Les Coups". "Crying Time", une guimauve Country de Buck Owens connaitra un regain de popularité par le biais de Ray CHARLES. Malheureusement si le titre a connu moult mitonnades, une guimauve reste une guimauve, Brenda Lee évite toutefois tout effet trop sanglotant. Tiré du polar "A Man Could Get Killed" (D pour Danger) avec James Garner, "Strangers In The Night" aura marqué de son empreinte l’année 66, cette compo de Bert Kaempfert sera reprise plus de 70 fois en moins de dix mois. Si la version de SINATRA reste la plus célèbre, Brenda ne s’en sort pas trop mal, apportant un peu de légèreté à la mélodie. Pour l’anecdote, Richard Anthony et Hervé Vilard tentèrent de colporter sans succès "Etrangers dans la nuit", une adaptation affligeante. Les sourds ont parfois de la chance !

Decca ayant préalablement payé des droits avec la version antérieure de Peggy LEE, le label lui fait reprendre "Sweet Dreams", grand succès de Don GIBSON. Brenda nous livre une interprétation se situant largement dans la moyenne, n’ayant rien à envier à celles de Tammy WYNETTE, Loretta Lynn ou Skeeter Davis. Le tempo monte d’un cran avec "You’ve Got Your Troubles", un Rock médium lancé par les Fortunes, groupe vocal anglais météorite. La présente version vaut largement les reprises de Jack Jones, Nancy Wilson ou des Spades. Le morceau fera quelques petits chez nous. Dick RIVERS en fera une balade écoutable avec « "Je l’ai aimée avant toi", alors que Claude FRANCOIS se trémoussait avec "Tu as tes problèmes, j’ai les miens" une adaptation consternante de Vline Buggy. Le disque s’achève sur une petite douceur avec "Somewhere", issue de "West Side Story". Certains auront surement à l’oreille (ou à l’œil) la version avec Natalie Wood et Richard Beymer (les deux acteurs étaient doublés par Marni Nixon et Jimmy Bryant). Brenda Lee délivre ici une interprétation honnête se démarquant du tout venant par l’apparition d’une guitare acoustique et d’une mandoline. Rien de mirobolant en soit mais la version doit bien valoir une bonne moitié des 400 reprises.

Plus d’un demi-siècle après sa sortie, "Coming On Strong" nous laisse dubitatif. Si Brenda dispose d’un atout majeur, sa voix, l’orchestration et les arrangements de Bill Mc Elhiney ne permettent pas au disque de prendre son envol qu’en de trop rares occasions. Il s’agit pourtant du même musicien qui officiait à la trompette sur le tube "I’m Sorry" et sur le "Ring Of Fire" de Johnny CASH. Impression similaire avec Cliff Parman dans un rôle d’arrangeur en second. Si une moitié du disque propose d’agréables moments, l’autre moitié est loin d’être indélébile, Decca nous proposant un écheveau de titres sans orientation claire, donnant parfois l’impression qu’on joue ici à colin-maillard. Un disque qui ne vaut pas plus d’un 2,5.


*Titre homonyme à celui de The Desert Rose Band.
**Titre homonyme à ceux d’Aretha Franklin, Johnny Mathis et Blondie.

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   LE KINGBEE

 
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- Brenda Lee (chant)
- Grady Martin (guitare, mandoline)
- Harold Bradley (guitare)
- Ray Edenton (guitare)
- Joseph Zinkan (basse)
- Buddy Harman (batterie)
- Hargus Robbins (piano)
- Floyd Cramer (orgue)
- Boots Randolph (saxophone)
- Billy Mc Elhiney (trompette)


1. Coming On Strong
2. You Don't Have To Say You Love Me (io Che Non Vivo
3. Summer Wind
4. Kiss Away
5. Call Me
6. What Now My Love (et Maintenant)
7. Uptight (everything's Alright)
8. Crying Time
9. Strangers In The Night
10. Sweet Dreams (of You)
11. You've Got Your Troubles
12. Somewhere



             



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