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Brenda LEE - Bye Bye Blues (1966)
Par LE KINGBEE le 29 Novembre 2022          Consultée 473 fois

La firme Decca n’a jamais véritablement brillé par l’originalité et la beauté de ses pochettes. En voici encore un bel exemple avec Bye Bye Blues, album au titre ridicule voire même trompeur puisqu’il n’est pas du tout ici question de Blues. Peut être s’agissait-il à l’époque d’une marque d’humour de Decca, mais la boutade nous échappe. Le label Decca a simplement opté pour l’une des douze chansons, en l’occurrence un standard vieux comme Hérode, écrit par Fred Hamm et Bert Lown durant les années vingt et dont la version la plus connue reste celle de Les Paul et Mary Ford gravée en 1952 pour Capitol. Une telle introduction n’incite guère à pousser l’exploration plus en avant, poussons néanmoins notre incursion jusqu’au bout du bout.

Ce disque provient de trois sessions enregistrées les 13 -14 et 15 janvier 1966 au Columbia Recording Studio de Nashville. Comme il manque un titre pour correspondre aux douze chansons correspondant au format de mise chez Decca, Owen Bradley a farfouillé au fond de sa hotte et ressorti de derrière les fagots "Rusty Bells" capté lors d’une session le 25 aout 65.

Ayant déjà abordé le titre donnant son nom à l’album, épargnons-nous un inutile retour, celui-ci étant sans grand intérêt. Etudions le titre de rajout, "Rusty Bells" se classa à la 33ème place de charts en décembre, rien d’anormal puisqu’il s’agit d’un titre fleurant bon les joies d’une nouvelle mariée, un titre de Noël. Chez nous autres, Pierre Delanoé et son beauf Franck Gérald l’adapteront avec "Qu’elle est belle" chanté par la sémillante Mireille Mathieu. Deux paroliers pour une belle purge !

Mais pour un peu, je manquerais à tous mes devoirs. Pour la première fois, hormis quelques albums Live à l’étranger, Brenda LEE n’est pas accompagnée par Grady MARTIN et ses potes. Cette fois ci on a confié la petite chanteuse aux mains expertes de Cameron Mullins et Bill McElhiney, deux chefs d’orchestres, trompettistes, arrangeurs réputés de Music City. Le premier connaitra la consécration en collaborant à deux albums du King (pas moi, Elvis) pas trop mal ficelés, le second, déjà présent sur le hit "I’m Sorry" s’est fait connaitre auprès de Patsy CLINE, Roy ORBISON et Sandy Posey. En clair deux touches à tout pas trop brillants mais Decca fait avec les moyens du bord.

Bradley a concocté douze titres regroupant d’anciens succès et d’autres nouveautés ou bides en tout genre. Un pari risqué surtout quand l’orchestration et les arrangements sont loin de rehausser le niveau.

Le disque s’ouvre avec "Taste Of Honey", compo de Bobby Scott ayant connu le succès via la comédie du même nom suivi d’un film homonyme. En fait, le titre est surtout connu pour figurer dans l’album des BEATLES Please Please Me et par la version instrumentale d’Herb Alpert & The Tijuana Brass, qui grimpa miraculeusement sur la 7ème marche des charts Pop. Brenda tente de surnager sur une orchestration digne d’une musique d’ascenseur, et elle est bien la seule à sortir du lot. Cocorico avec "The Good Life", une adaptation d’une chanson française par l’Amérique. Dans les faits, Sacha Distel compose "Marina", chanson instrumentale apparaissant au générique du film de Vadim Les sept péchés capitaux, à laquelle Jean Broussolle ajoute des paroles, "Marina" devenant alors "La Belle Vie". Par l’intermédiaire de Duck Niles collaborateur de Ray Ventura (l’oncle de Distel) le titre est confié au parolier Jack Reardon qui en concocte une adaptation américaine pour le crooner Tony Bennett. Devenu standard de Jazz, la chanson sera reprise par moult interprètes (de Dany Brillant à Amanda LEAR en passant par Sarah Vaughan jusqu’à la version ampoulée de Ben l’Oncle Soul). Le titre figurera au générique de plusieurs films et publicités. Brenda nous en délivre ici une honnête version se situant largement dans le haut du panier des 200 covers du morceau.
Owen Bradley tente de verser dans la Country Western avec "Flowers On The Wall", une fadaise qui aura permis aux Stadler Brothers de rafler un Grammy. Disons que Brenda s’en sort bien mieux que Nancy SINATRA ou Pat BOONE, autres repreneurs. Chez nous les Surfs adapteront la chanson avec "Les mouches au plafond" remplaçant les fleurs sur le papier peint des murs, par des mouches au plafond. Chacun son truc !

"Softly, As I Leave You" est l’exemple type de chansons créées pour crooners, chanteurs de Jazz sur le retour ou vieux beaux (n’y voyez là rien de méchant). Composé par l’infatigable Tony De Vita, le titre n’est qu’un remplissage aussi larmoyant qu’obsolète. Création d’Hank Cochran, "Make The World Go Away" a été repris par tout ce qui porte bottes, stetson ou colt. Si Ray Price peut se vanter d’avoir fait grimper la chanson à la seconde place des charts Country, le top nous semble provenir des reprises de Timi Yuro et de Lucinda WILLIAMS. Là, Brenda est sur le point d’être noyée par les chœurs et étouffée par une orchestration en droite ligne avec le Nashville Sound. Presque de la parodie ! A contrario, Brenda redonne un coup de jeune à "September In The Rain", vieux titre issu des thirties au générique du film Melody For Two. Si le morceau connait de multiples reprises très variées au fil des décennies, il demeure aussi connu pour avoir été interprété par les Beatles lors de leur audition pour Decca qui refusa de signer McCartney et ses potes. Autre emprunt à Hollywood avec "The Shadow Of Your Smile" pioché dans le film The Sandpiper (Le Chevalier des sables). Si l’orchestration et les arrangements sonnent parfois trop Nashville, Brenda nous en délivre une honnête interprétation, un cran en dessous cependant par rapport à celle de Barbara LEWIS. Laurent VOULZY l’interprétera en anglais dans une version plus qu’acceptable, tandis que Juliette Greco l’adapta avec "Le sourire de mon amour", adaptation plus que correcte. Au rayon des inusités, "Remember When (We Made These Memories)", une compo de Bert Kaempfert enregistrée par le chanteur de Las Vegas Wayne Newton, ne risque de soulever que peu de passion.

Œuvre de la Mexicaine Maria Graver sous l’intitulé "Cuando Vuelva A Tu Lado", "What’s a Difference A Day Made" aura traversé les ans comme une lettre à la poste. Si on se souvient des formidables versions de Dinah Washington, d’Aretha FRANKLIN, c’est la version Disco d’Esther Phillips avec Joe Beck à la guitare qui revient bien souvent en mémoire. Brenda nous en délivre une honnête version même si on peut regretter la présence de chœurs et de cordes quelque peu intempestives. Nous nous permettons de conseiller aux amateurs de Jazz la version d’Hank Crawford. En clôture, on a droit à l’un des titres des Fab Four les plus repris avec "Yesterday". Encore une fois, l’orchestration, les arrangements et l’enrobage de cordes ne rendent hommage ni à la chanson ni à la chanteuse, pour un peu on croirait entendre les orchestres de Mitch Miller, Norrie Paramor ou Ray Conniff.

Au moment de faire les comptes, le résultat est sévère. Si le chant de Brenda est bien en place et si la chanteuse parvient à nous faire passer par différentes émotions, les arrangements et l’orchestration se profilent nettement trop en direction d’un Nashville Sound bon marché, ce qui nuit grandement à l’album. Ce type de répertoire au top durant le milieu des sixties a beaucoup de mal à passer les années, surtout pour nos oreilles européennes. Ajoutons qu’un quart des titres nous semble discutable et sans grands attraits, d’où une note de 2.

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   LE KINGBEE

 
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- Brenda Lee (chant)
- Bill Mcelhiney (trompette, orchestre)
- Cam Mullins (trompette, trombone, orchestre)


1. A Taste Of Honey
2. The Good Life
3. Flowers On The Wall
4. The Shadow Of Your Smile
5. Remember When (we Made These Memories)
6. Softly, As I Leave You
7. Bye Bye Blues
8. Make The World Go Away
9. September In The Rain
10. Rusty Bells
11. What A Diff'rence A Day Made
12. Yesterday



             



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