Dès le visionnage de la pochette, on n'a aucun doute ! Les thèmes abordés seront plus sociaux que jamais. Il semble d'ailleurs que l'identité tribale du groupe traduit mal son implication au niveau social pour les autres nations. Chaque texte est revendicateur et agressif, mais sont-ils si nombreux à se pencher sur les textes dans le thrash ? Rien n'est moins sur et de ce point de vue, le groupe n'est pas assez reconnu. Nous restons en revanche sur une musique quelques peu gloubiboulgesque depuis quelques années, et j'attends quand à moi - en embuscade depuis Chaos AD - le retour du groupe à des considérations plus metalliques. On a passé le cap du 21eme siècle, voyons voir comment SEPULTURA débute ce nouveau millénaire, eux qui sont plongés dans l'évolution !

La batterie tellement identifiable d'Igor embraye "Sepulnation", la rythmique junglée d'Andreas nous plonge immédiatement dans l'univers des brésiliens avec une facilité déconcertante ; Derrick semble très à l'aise dans son rôle de chanteur hurleur et le groupe semble soudé comme jamais sur ce titre qui annonce clairement la couleur : on n'est pas prêt de sa calmer ou de la fermer ! Back to green hell ! Le chant de Derrick et la rythmique haché d'Andreas sur "Border wars" nous renvoie vers les esprits qui donnèrent vie au grand Chaos AD. Les lyrics continuent de prêcher la révolte et le ton général est à la destruction thermo nucléaire, avec un refrain dantesque ! Voila le meilleur titre de cet opus ! On repart ventre à terre sur "Human Cause"... On va dire qu'il s'agit du genre de compos qui ne me séduisent jamais ; certes, cela doit être efficace en concert, mais pas ma came.

Beaucoup de Metal core un peu partout ! On reprend les thèmes et les rythmes des camarades ricains comme BIOHAZARD sur "Who Must Die", c'est bluffant de ressemblance. D'ailleurs, on croirait presque Evan à la bassse et Billy à la gratte sur "Reject"... Je préfère définitivement le SEPULTURA thrash ! Avec "Revolt", on est carrément grindcore, l'écart avec NAPALM DEATH s'est réduit d'un seul coup sur ce titre ultra court. L'analyse devient ardue sur "The Ways Of Faith" qu'on rattachera cependant aux courants punk ricains, avec un travail d'orfèvre à la guitare d'Andreas, bluffant et très réussi. L'étrange rythmique de "Vox populi" nous renvoie quand à elle vers l'alternatif made in UK, très jouissif sur les couplets, mais avec un refrain trop core pour moi. Et puis le voilà ! Le grand gourou Jello BIAFRA des DEAD KENNEDYS est à nouveau là sur un "Politricks" accusateur et plus punk que metal, comme il se doit.

Les aspects tribaux restent prépondérants : le chant calme de Derrick, accompagné des percus d'Igor, sur une orchestration légère donnent à "Water" une superbe identité à la fois tribale et alternative. En portugais s'il vous plait, "Uma Cura" nous replonge dans une jungle infestée de saletés, puisque tel est le sujet de la chanson. D'abord presque ambient, le titre redevient très core sur le refrain, mais c'est bon ! On trouve pléthore de percussions sur l'intro de "Saga", tribales en diable, puis on repart sur des considérations bien méchantes mais pas mémorables. SEPULTURA ne sait pas se reposer sur ses lauriers, alors cette fois, nous avons DR ISRAEL sur "Tribe To A Nation", raw et cru, casse gueule, un direct dans la tronche. On retrouve certains vieux gimmicks du groupe sur "One man Army", même si l'ensemble reste très raw core, Derrick y module entre agressivité et douceur, pour le meilleur. Enfin, "Valtio" reçoit l'aide des finnois violoncellistes d'APOCALIPTYCA, et comme souvent avec nos musicien pseudos classiques, le résultat final est tout croquignolet, avec une ambiance de BO horrifique réussi.

Après deux albums qui restent eux de la transition, il semble que SEPULTURA vient de trouver un créneau équilibré, entre Metal et Hard Core, aux textes toujours revendicateurs et qui se meut dans l'infini vert boueux de l'Amazone, toute la spécificité de ce groupe qui ne ressemble à aucun autre. On retrouve du haut niveau sur cet album, plusieurs titres y cassent la baraque, les aspects core et tribaux me semblent moins brouillons qu'auparavant. Andreas poursuit sa quête de reconnaissance d'un thrash brésilien qui s'impose peu à peu sur la longueur. Je reviens donc vers un trois plus conforme au niveau de nos artistes sud américains.