SEPULTURA continue sa route semée d'embûches dans les années 2010. Cette fois, c'est le poste du cogneur de service Jean Dolabella qui s'est rafraîchi, repris par le jeunôt brésilien Eloy Casagrande. Vous allez voir que sur ce chapitre précis, nous n'avons pas perdu au change, d'autant que l'animal participe activement à la composition de ce nouvel opus, au nom frappé du sceau du marketing, c'est le moins qu'on puisse dire. Cette fois, c'est Metropolis de Fritz Lang qui sert d'influence majeure à l'opus. Andreas aime les choses de l'intellect, c'est une évidence. Nous voici donc réunis pour suivre les énièmes aventures des explorateurs chevelus au sein d'un enfer vert nourricier dont ils ne sortiront jamais. Ross Robinson de retour derrière la console, ambitionne de créer un second roots.

De nombreux morceaux de cet opus ont une identité death. Voici sans doute l'album le plus violent de l'histoire de SEPULTURA, une tonitruance probablement due à la venue de Eloy, batteur surdoué d'une puissance dévastatrice. Alors on débute par la méchante "Trauma Of War", on confirme vite avec "The Bliss Of Ignorance" et si "The Vatican" propose une longue intro ambiente, elle nous mène au même endroit brutal et sans concession. Qui plus est, le grand Dave Lombardo est présent sur la très speedée "Obsessed", qui se signale plus par sa vitesse que par sa qualité. "The Age Of Atheist", s'il reste toujours aussi violent, propose en revanche un break phénoménal. On continue de patauger dans la verte gadoue boueuse amazonienne sur l'époumonante "Manipulation Of Tragedy", presque techno thrash. Le break et les percus d'Eloy y sont réussis à nouveau.

Dieu merci, le tempo ralentit parfois et cela donne de meilleurs résultats : voyez la rampante "Impeding Doom" qui sort des effluves du grand "Inner Self", avec un break à l'avenant de fort belle qualité. L'ambiance hachée et les effets de "Tsunami" me rappellent certaines considérations du SAMAEL de la première époque, ne serait-ce que la batterie apocalyptique de Casagrande. Les meilleurs instants du disque sont cependant tout autres : en effet, "Grief" est certainement le titre à retenir de cette livraison, quasi ambient de bout en bout, et enfin une véritable ambiance vraiment délétère, avec un Derrick qui module et un riff d'outre-tombe. On termine avec la reprise du groupe culte funky NACAO ZUMBI dont Andreas est grand fan. On le retrouve donc au chant ici. Cette version est bien lourde et agressive, pas hard-core mais très acérée, à écouter.

C'est incontestablement très violent, pas le moindre esprit corruptible là-dedans. Cependant, la violence ne fait pas tout, loin s'en faut, et j'avoue ne retenir aucun titre de cet aréopage de death songs, si ce n'est les quelques instants où le rythme se calme, avec une préférence pour "Grief", à extraire de cet opus. Pas simple à noter, je recommande l'album à tous les fans de death sans concessions, mais pour le quidam moyen, voici l'oeuvre de SEPULTURA la plus difficile à écouter. Je vais donc rester sur un deux sévère, le trois est trop loin.