Imaginez un peu être ado dans la grande cité capitale du Minas Gerais qu'est Belo Horizonte en 84... Vous avez 15 et 14 ans et vous vous tirez la bourre à qui fait le plus de conneries. Pas de thunes, papa décédé, l'ambiance encore délétère du Brésil pauvre de ces années. Pour éviter la mise en correctionnelle de ces bambins maman les pousse vers la musique. La Cavalera connection déniche quelques instruments à 3 cruzeiros et pompent le titre de MOTORHEAD "Dancing On Your Grave" pour le nom SEPULTURA. A forces d'aller et retour vers le disquaire Woodstock – prononcez oudstoki -, mecque du Hard rock sud américain à Sao Paulo – je le sais, j'y ai traîné mes guètres trois ans plus tard -, et d'empiler les K7 compilés que le patron des lieux s'employaient à créer pour les djeuns tous pauvres d'alors, ils découvrent le métal "extrème" de VENOM, CELTIC FROST ou SLAYER, dont ils deviendront les principaux rivaux.

Alors bien sur, on ne devient pas un sublime technicien du jour au lendemain, surtout que leurs compatriotes restent encore les parents pauvre du metal malgré un enthousiasme délirant. On peut d'ailleurs situer Belo Horizonte comme l'épicentre du mouvement puisque les camarades déjantés de SARCOFAGO sont aussi du coin et vont échanger musiciens et amabilités pendant quelques années. Les frangins font donc beaucoup de barouf avec leur gratteux Jairo et immanquablement se font lourder de l' école... Vous me direz, c'est le Brésil, c'est pas un drame il reste les culs ronds et le futebol ! Certes mais qui sait ? Max aurait pu décrocher le nobel de Mathématiques ! Bref, les djeuns décrochent un deal avec une boite du coin : Cogumelo, et c'est ainsi qu'ils publient fin 85 l'EP Bestial Devastation que vous trouvez ici en bonus.

Petite pochette satanique, comme il se doit, et on retrouve Lulu le grand cornu à l'intro. Le son est abominable, je conseille vivement la version remasterisée. Quelques portions rythmiques de bon aloi sur l'éponyme "Bestial Devastation", pour l'instant on sonne sous SLAYER, d'ailleurs, le bien nommé "The Antichrist" ne vaut pas un pet de lama. La voix rageuse de Max passe un peu mieux sur "Necromancer", mais nous sommes à des années lumières des idées noires de CELTIC FROST, on rigole pas comme avec VENOM et SLAYER joue... mieux... vous avez bien lu, ça vous situe le niveau ! Un peu de lumière nous parvient sur la resucée de "Warrior Of Death", dommage que la batterie d'Igor soit encore si brouillonne ! Premier constat, c'est mauvais mais les djeuns ont une énergie phénoménale ! C'est aussi ça le Brésil !

On remet donc le couvert à la mi 86 pour le vrai premier opus, Helvétiquement prénommé Morbid Visions avec une pochette sémillante de bon goût ! Bref, on nage dans les poncifs ! Huit morceaux cette fois, inutile de vous dire que les mecs n'ont qu'une idée en tête : nous défoncer la tête à coups de riffs pourris et de double grosse caisse pseudo triple crochetés. Toutefois, on distingue dans cet amas putride des premiers éléments positifs : les breaks ! Mais oui voyez donc sur les charmantes "Morbid Visions", "Crucifixion" ou "Mayhem", même si la caisse claire d'Igor sonne comme Lars sur Saint Anger sans que cela soit voulu... En revanche Max chante comme un grabataire asthmatique, écoutez sa performance minable sur "Mayhem", et n'évoquons pas les solos de Jairo, c'est du sous Kerry King !

Alors le cas "Troops Of Doom"... censé être le premier classique du groupe. Bah, beaucoup de boucan, ça c'est sur, très rapide, très dynamique pour sur aussi mais ce riff ventre à terre sans réelles harmonies, ça me laisse tout hébété... et la fin me surprend toujours. "Crucifixion" sonne plus méchant avec cette diction death metal, comme du Tom Warrior en agressif. On est à nouveau proche de SLAYER sur les divers breaks, très rassurants sur leurs capacités d'évolution. On constate en outre les quelques plans pompés sur le blondin Jeff sur "War", on leur en veut pas allez ! On continue de dérouler hyper speed sur "Empire Of The Damned", je sais pas vous mais moi ça me fatigue tellement c'est raide ! "Funeral Rites" est un tant soit peu mieux, plus lente ça aide, la structuration y devient intéressante, le break est de fort belle allure. On souffle un peu sur l'intro de "Show Me The Wrath", on souffre sur le chant de Max, approximatif et mixé trop en avant, mais les rythmiques se tiennent pas trop mal.

Bon, c'est un bordel sans nom, les mecs font clairement leur crise d'adolescence ! Il y a de la capacité et des éléments positifs, mais ils ont tout intérêt à ralentir ce tempo de frappadingos ! Car pour le moment, Max chante comme un cochon qu'on émascule et Igor compte trop sur sa vélocité et ses blast. N'oublions pas que les bambins Cavalera ne sont même pas majeurs en 86 ! Au moins ils ont le temps d'apprendre ! Je choisis donc de mettre un deux fort magnanime aux collègues débutants du Minas Gerais en attendant qu'ils viennent s'installer dans la grande métropole de Sao Paulo et ainsi découvrir la vie, la vraie ! Je ne le recommande pas une seule seconde cela dit, c'est juste historique !