Bien sûr, suite au départ de Max, les fans de SEPULTURA se sont scindés en deux groupes... Comme aux plus beaux jours des éternels conflits MAIDEN avec ou sans Paul, ou pire le cas VENOM dans les mid eighties, nous voici avec des fans de SOULFLY d'un coté et des die hard du groupe de base de l'autre. Comme à l'accoutumée, ni l'une ni l'autre des parties n'est véritablement vainqueur à la fin... Certes SOULFLY fait mieux en termes de vente, et SEPULTURA donc.... décline... Pourtant le groupe ne démérite aucunement, ne baisse pas les bras un seul instant face à cette soudaine baisse de revenus pour les musicos... Dieu merci, c'est aussi l'époque ou les festivals n'ont jamais tapé si fort, et on s'y retrouve à la fin du mois. Toujours est-il que les brésiliens continuent leur cheminement dans leur enfer verdâtre quotidien. Voici venu le temps de Roorback, neuvième opus à la pochette bien horrifique et Lovecraftienne... On ne va pas changer de thème, ça c'est sûr !

Il y a du lourd : "Godless" nous renvoie aux meilleurs moments de Chaos AD avec un riff qui tronçonne des kilomètres d'enfer vert à lui tout seul, quelle puissance ! Derrick est parfait, hurle, secoue le cocotier jusqu'à plus soif, Igor tient la baraque avec sa maestria coutumière. Tout ceci est millimétré même si ça paraît bordélique, le refrain est un must quasi alternatif. Il était écrit que la religion en prendrait plein la tronche sur cet album et ça continue avec "Apes Of God", nanti de sa méchante rythmique hypnotique, du groove metal dans le texte. Un putain de bon morceau à consonance inéluctable. Le rouleau compresseur se déploie sur "As It Is", chant calme mais menaçant de Derrick, Andreas qui retient la sauce et la section rythmique déroule comme sur un champ de bataille. Une petite merveille d'ambiance rampante et toute en devers, le grand moment de cette livraison.

La rythmique est punky sur "Mind War", chant et solo à l'avenant, méchant ! Pas de détails superflus, mais un break bienvenu efficace. Nous avons de belles envolées sur l'écrasant "More Of The Same", mais on n'atteint pas au sublime. SEPULTURA ne change pas et nous retrouvons ensuite le Groove core tel que pratiqué depuis Roots : "The Rift" est pas mal cradingue, obstiné et haletant, et effectivement la question est d'actualité : "What went wrong ?". "Leech" nous ramène même vers Arise et sa débauche énergétique avec grattes bien noisy. "Come Back Alive" est trop raw à mon goût et "Activist" est évidemment un titre core sans concession. "Urge" porte bien son nom, belles parties de batterie d'Igor, mais trop cru pour moi. D'ailleurs, on sonne presque SLAYER sur l'intro de "Corrupted", encore un bon direct dans la chetron !

Jamais où on les attend, les brésiliens de SEPULTURA reprennent les irlandais de U2 avec "Bullet The Blue Sky", un hommage sympa à noter, mais pas à retenir. Enfin, on repart vers les rythmiques tribales avec "Bottomed Out", sur laquelle Derrick place un chant presque doux. Une ambiance étrange et mortifère assez géniale plane la dessus, avec un solo épileptique d'Andreas. La conclusion vient d'elle même : plus extrême que jamais, SEPULTURA construit sa légende sur son pré-carré amazonien, comparable à nul autre et seul détenteur de ce son apocalyptique. Parfois génial, souvent brouillon, Roorback continue la tradition made in Brasil.