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- Style : Harry Nilsson , The Lemon Twigs
- Membre : The Beatles , Elvis Costello
 

 Billboard : Say Say Say (880)

Paul MCCARTNEY - Mccartney I I I (2020)
Par LONG JOHN SILVER le 17 Janvier 2021          Consultée 2624 fois

Comme nombre de ses congénères artistes, Macca avait des dates cochées sur son agenda en ce début d’année 2020 et comme tous il s’est vu empêché de les honorer en raison de l’imminence de l’extinction de l’humanité due (à ce qu’il paraît) à un machin tellement minuscule qu’il pousse chacun à se conformer à des injonctions qui sembleraient ridicules au quidam moyen ayant vécu dans l’ancien monde, celui d’avant. Alors Macca, qui n’est pas très porté sur le farniente devant les plateformes de streaming, s’est dit : "Si je faisais ce que je sais faire le mieux ?". Du jardinage ? Euh… L’homme est (certes) végétarien, mais il n’est pas (feu) George HARRISON non plus. Donc, la musique a emporté ses suffrages et c’est ainsi que du lockdown, Macca est passé au rockdown, une lettre varie et c’est l’univers qui s’en trouve bouleversé. Afin de clarifier le propos, disons qu’il a choisi de s’enfermer en studio et de réaliser un nouvel album plutôt que de rester cloîtré à la maison, jardin compris.

Et c’est là que Paulo est allé ressusciter un concept déjà éprouvé en 1970 puis en 1980, à savoir se retrouver quasiment tout seul pour tout faire. C’est bien ainsi que McCartney et McCartney II se firent*. Observons toutefois que le premier annonçait la fin des BEATLES et le deuxième celle des WINGS. Question : De quoi-donc McCarney III annonce-t-il la fin ? Pour être tout à fait précis, ce volume III a quand même bénéficié de l’apport de quelques intervenants sur deux titres ("Sliddin" et "Winter Bird/When Winter Comes" où un certain George Martin est crédité comme coproducteur, comme quoi les miracles… En fait ce titre provient d'une session de 1992). Pour être un peu plus complet sur le sujet, ajoutons que McCartney et McCartney II possédaient un caractère expérimental plus ou moins affirmé, notamment le II où le gaucher s’exerçait en terres synth/pop. Chacun des deux essais reçut un accueil mitigé et si le premier contenait un hit majeur ("Maybe I’m Amazed") et une perle injustement méconnue ("Junk"), le second comprenait aussi son hit ("Comming Up", déjà moins emblématique que le précédent cité) et une friandise pas dégueu non plus ("Waterfall"). Du coup, on reste sur nos gardes avant de poser l’aiguille sur le vinyle. En effet, cette chronique est basée sur la version disque noir en trente centimètres de MCCARTNEY III dont l'agencement du track-listing diffère un peu de la version CD. Il existe aussi des versions CD aux pochettes légèrement différentes avec des titres bonus dont il ne sera pas question ici. Mais entrons derechef dans notre sujet : après McCartney, McCartney II, voici le volume III !

Là encore, l’immédiateté inhérente au song-writing habituel de la légende de Liverpool n’est pas au rendez-vous. McCartney III n’emballe pas d’emblée son auditoire comme surent le faire les albums des BEATLES dont la magie opérait aussitôt. Cependant, la fascination opère au fil de l’écoute et on se rend vite compte que l’ensemble de ses éléments devient supérieur à la somme de ses parties. De fait, les passages successifs du disque révèlent un charme qui doit beaucoup au côté DIY du projet. Paul MCCARTNEY est un batteur atypique, sa voix chevrote un peu, ce n’est pas un guitar hero non plus. Néanmoins, l’homme parvient à transcender ses limites pour livrer un produit cohérent de bout en bout, sans avoir à se répéter ni à s’auto-plagier. L'intro de "Long Tailed Winter Bird" donne le ton : c’est de la musique Folk old school dont le thème semble avoir traversé les siècles, mais le titre énergisant s’appuie aussi sur une rythmique rock en provenance des 60’s.

Plus loin "Women And Wives", moment contemplatif, évoquerait presque le Nick CAVE de Push The Sky Away. "Slidin’", fourni d’épaisses couches de guitares distordues, sonne comme du garage rock, le son cradingue en témoignant. "Lavatory Lil" est également très rock, plus concise, allant droit au but dans la lignée des chansons mid 60’s. "Deep Deep Feeling", qui sonne comme du TEAR FOR FEARS époque Songs From The Big Chair, s’étire sur plus de huit minutes, Macca nous fait le coup de la fausse fin. Peut-être eût-il gagné à être écourté d’ailleurs, c’est du moins ce qu’on ressent de prime abord. Et puis non, c’est chouette ainsi, après tout. "Deep Down" est un autre moment étendu (près de six minutes), chargé de synthés antédiluviens. Néanmoins, il convainc moins. A contrario, l’album est davantage fourni en pièces ramassées pour des instants acoustiques tels "The Kiss Of Venus", mixant acoustique et électrique pendant "Pretty Boys", ou totalement électriques pour la poppy "Seize The Day" ou la plus rock "Find My Way" avec ses guitares passées à l’envers, la première étant particulièrement réussie et les trois autres pas mauvaises pour deux sous.

Le final "Winter Bird/When Winter Comes", qui repique l'intro du disque, revient à la simplicité purement acoustique avec une mélopée doucereuse, un brin mélancolique, de la part d’une des dernières légendes vivantes du rock (la plus grande avec Bob DYLAN) qui se trouve bien être à l’hiver d’une existence ayant vu passer les saisons alors qu’un contexte anxiogène qui perdure englobe l’ensemble de la planète. Pour autant, le propos de McCartney III n’est en rien empreint de morbidité, son auteur proposant un ensemble solide, varié et profondément honnête. Macca n’est pas connu pour être sujet à la dépression, aussi ne va-t-il pas chercher à ressembler à Tom Yorke ou à Kurt Cobain, lui aime nous divertir. Et si McCartney 3 n’est certes pas un chef-d’œuvre du niveau de Ram, Band On The Run ou Chaos And Creation In The Backyard, il s’avère nettement plus homogène sur la durée que ses deux prédécesseurs éponymes de 1970 et 1980, alors qu’a priori il ne contient aucun hit.

* Précisons que Macca interprète tous les instruments sur les deux albums du projet monté en commun avec Youth (KILLING JOKE), The Fireman (1998 puis 2008).

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Paul Mccartney (tout)
- +
- Rusty Anderson (guitare sur 6)
- Abe Laboriel Jr (batterie sur 6)


- mccartney Iii Version Vinyle
1. Long Tailed Winter Bird
2. Find My Way
3. Pretty Boys
4. Women And Wives
5. Lavatory Lil
6. Slidin'
7. Deep Deep Feeling
8. The Kiss Of Venus
9. Seize The Day
10. Deep Down
11. Winter Bird/when Winter Comes



             



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