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- Style : The Monkees , The Beatles , Paul Mccartney , George Harrison , Al Kooper, The Lemon Twigs
- Membre : John Lennon , Ringo Starr , Randy Newman

Harry NILSSON - Sandman (1976)
Par LONG JOHN SILVER le 30 Mai 2016          Consultée 1909 fois

Duit On Mon Dei à peine refroidi, Harry NILSSON retrouve le chemin des studios, à peu près entouré de la même équipe. On appréciera particulièrement la contribution de Perry Botkin Jr* qui intervient sur trois titres. LENNON quant à lui, le mentor, le grand frère, l’ami des soirées éthyliques, s’éloigne. Le lost week end se referme pour l’ex Beatle, laissant Harry à L.A, alors qu’il retrouve Yoko pour de bon. NILSSON semble de son côté vouloir poursuivre sur la voie de la rigolade entre potes, sans se soucier de sa carrière. Pourtant, cette période, pour excessive qu’elle fut, voit le chanteur renouer avec une activité créative intense. Certes, les pics d’inventivité atteints autrefois ne sont plus les mêmes, NILSSON s’est fracassé la voix et il ne fait pas grand chose pour assurer une autre voie, celle qui mènerait au succès. Déjà, il suffit de jeter un œil sur la pochette au grain très épais de Sandman pour s’apercevoir que le gars ne fait strictement rien pour se mettre en valeur.

Au contraire ! On découvre un ivrogne hilare, assis sur le sable d’une plage ensoleillée, une bouteille de vin débouchée coincée entre ses cuisses. Et ce n’est pas celle d’eau gazeuse encapsulée qu’on a laissé trainer derrière lui qui nous fera penser que l’énergumène ait jamais eu l’intention de savoir quel goût pouvait avoir cet étrange breuvage. Au verso, on retrouve le même plan, si ce n’est qu’un crabe géant n’a fait qu’une bouchée du gaillard, après avoir dégluti ses affaires, chaussettes et baskets comprises. L’histoire ne dit pas si ce crabe marchait encore droit après ça, vu la teneur en degrés d’alcool du mets. Sandman sera à nouveau un échec commercial, il se hissera à la 111e place des charts, ce qui est un petit peu mieux que son prédécesseur, mais également mieux que ses successeurs. Autant dire que ce disque est désormais largement oublié, personne ou presque ne le ressort de la carrière de NILSSON contrairement, bien entendu, à Aerial Ballet ou Nilsson Schmilsson voire au Knnillson à paraître en 1977. Pourtant, c’est bien dommage car si Sandman ne paie pas de mine, il n’en demeure pas moins pétri d’énormes qualités.

Il est vrai que d'emblée NILSSON prend quasiment son auditeur à rebrousse poils en faisant un coming out excentrique, annonçant tout de go : « deep down in my soul I hate rock’n’roll ». Le ton est nonchalant, presque suave, sa voix blessée égraine les vers de la chanson « I’ll Take A Tango », chipée à un obscur chanteur américain**. Évidemment, on reste sceptique, ce titre latino ne fait rien pour nous emballer pourtant il est déjà fichtrement bien foutu d’un point de vue musical, on ne sait sur quel pied danser. D’ailleurs, la première face du disque est enveloppée sur un tempo très cool, ce qui laisse accroire que l’ensemble manque de dynamique, la seconde partie de l’opus rectifiant le tir de ce point de vue. Sauf que rien n’est simple. Sandman n’en finit plus de surprendre passé multi-écoutes. Car le fait est que l’album se construit sur une forme de lent crescendo qui voit le plaisir croître au fur et à mesure de sa découverte approfondie. L’agencement des chansons, extrêmement soigné, est à l’exact opposé de la pochette gag à la fois cheap et kitsch. Initialement, le disque se refermait sur « Will She Miss Me », une splendide ballade à ranger parmi les plus belles chansons jamais écrites par Harry NILSSON, où les arrangements de cordes de Perry Botkin Jr sont somptueux. Cinq trop courtes minutes de mélancolie blues venaient clore divinement un disque à la fois surprenant, bourré d’espièglerie et bien plus varié qu’il ne s’en laisse compter. Depuis les rééditions CD, « A Tree Out In The Yard (Central Park) » est venu compléter la track-list en fin de programme. Ce morceau inédit, provenant probablement des sessions de Duit On Mon Dei***, est un funk totalement réjouissant. Une sacrée performance, un must dont on se demande encore pourquoi il n’avait pas alors vu le jour. Parce qu’à bien y regarder, Harry tenait là un hit potentiel. Entre les deux extrémités de l’album, les amateurs de ballades de haute volée retiendront la très lennonienne « Something True », co-écrite par Perry Botkin Jr également responsable des arrangements.

Plus loin, la prouesse vocale « The Ivy Covered Walls » - également arrangée par Perry - voit Harry, habilement secondé par une chorale, réaliser ce que QUEEN avait réussi sur l’exposition de « Bohemian Rapsodhy ». Ceux qui ont suivi diront qu’il nous avait déjà fait ce coup-là en enregistrant – seul - de multiples overdubs de voix sur Nilsson Sings Newman. À ces braves, je décerne derechef la médaille de membre émérite en qualité de Lecteur/Auditeur FP, et cela – direct - au grade de Chevalier de l’Ordre du Goût (si,si). Breloque à réclamer à Erwin (voir « Nous contacter », en bas de page). Mais revenons à notre marchand de sable qui se prélasse sur une plage, « Here’s Why I Didn’t Go To Work Today » (tout est dans le titre), enchaînée à « The Ivy Covered Walls », est encore un instant langoureux, presqu’une ode à la paresse. Cette fort belle chanson jazzy/blues permet à Harry de fournir une fois de plus une performance vocale remarquable. À nouveau, on imagine Tom WAITS lors de ses débuts quelques temps plus tard. Et puis, on retrouve le Nilsson ouvertement borderline. « Pretty Soon There’ll Be Nothing Left For Everybody » mêle un texte sombrement absurde sur un rythme cha cha, tout en glissant sur quelques touches de piano jazzy. Plus loin, c’est la triplette alignée qui emporte le pompon de l’iconoclastie. La bien balancée « The Flying Saucer Song »**** est un dialogue d’ivrognes dans un bar, entre Harry et lui-même, la tournure acrimonieuse du débat obligeant le patron du lieu à virer son client en proie aux apparitions ! On pourrait trouver ça longuet, surtout si on ne comprend pas la langue, pourtant force est de constater que tout cela reste étonnamment musical, aussi on se laisse porter par cette étrange mise en scène. Ensuite, « How To Write A Song » pastiche à merveille Bob DYLAN sur un rythme country endiablé. Harry s’y prend pour le barde de Duluth au point de singer son interprétation, alors que le titre finit en trombe. D’apparence plus soft, « Jesus Christ You’re Tall », une chanson déjà présente à l’état de démo sur l’opus précédent, est un rocksteady assez peu chrétien dans l’âme (on l’aura deviné) qui finit également en apothéose. Aussi, comme ce qui suit est fabuleux, on revient au début du disque, alors qu’on se remémore le sentiment mitigé laissé par les premières impressions. Et on réécoute le tout, encore et encore.

Le marchand de sable ne nous a pas vendu du vent, son coffre recèle une poignée de merveilles comme seul un artiste hors normes peut en créer. Injustement passé sous silence, Sandman mériterait vraiment d’être redécouvert car ce disque figure bel et bien parmi les plus belles réussites artistiques de son auteur. Pour cela, il s’agit également de passer outre l’absence (délibérée ?) de tubes et un emballage faisant beaucoup pour nous laisser passer notre chemin sans jeter un œil sur cet ivrogne qui rigole, seul, assis dans le sable.

* * Arrangeur/compositeur très demandé qui avait déjà bossé pour Harry, bien avant Duit On Mon Dei, et aussi fils de Perry Botkin musicien très célèbre aux USA pour avoir secondé de nombreuses stars de la musique populaire
** Alexander Harvey à ne pas confondre avec Alex Harvey, alors leader du Sensational Alex Harvey Band
*** Si on en croit l’utilisation intensive des steel drums (marimbas), la chanson ayant probablement été finalisée lors des séances de Sandman, c’est pourquoi elle a été incluse comme bonus sur ce disque
**** Dont une démo a été incluse sur les rééditions de Pussy Cats, dans une version…éthylique

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Harry Nilsson (chant)
- Jim Keltner (batterie)
- Klaus Voorman (basse)
- Van Dyke Parks (claviers)
- Leon Russell (claviers)
- Jane Gretz (claviers)
- Jesse Ed Davis (guitare)
- Dany Kootchmar (guitare)
- Fred Tackett (guitare)
- Doug Billard (banjo)
- + Plein D'autres Dont Bobby Keys Et Jim


1. I'll Take A Tango
2. Something True
3. Pretty Soon There'll Be Nothing Left For Everybody
4. The Ivy Covered Walls
5. Here's Why I Didn't Go To Work Today
6. The Flying Saucer Song
7. How To Write A Song
8. Jesus Christ You're Tall
9. Will She Miss Me
10. A Tree Out In The Yard (Central Park) (bonus)



             



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