Souvenez-vous, nous avions laissé JOURNEY avec les problèmes de tournée liés aux problème de hanche du chanteur Steve PERRY. Les années passent, Neal et Jonathan finissent par en avoir ras la casquette de cette situation et font un ultimatum à Steve : il faut repartir en tournée pour "promouvoir" leur art ou JOURNEY risque de ne pas y survivre. Steve, quelque peu vexé et inquiet de l’opération médicale, décide de quitter le navire. Il est remplacé par Steve Augeri, chanteur du groupe TALL STORIES. Steve Smith est aussi remplacé à la batterie par le pistolero Dean Castronovo, avec lequel Neal a l’habitude de travailler. Le groupe réintègre les studios Avatar à New York, sous la houlette du producteur Kevin Shirley, nous voila prêt pour un douzième opus. La partie s’annonce rude vu la popularité de Steve PERRY !

"All The Way" est l’unique single tiré du tournant du millénaire pour les gars de JOURNEY. Un mid slow à l’allure plutôt sympa, aux orchestrations toujours aussi mignonnes de Mr Shirley. Le refrain se retient bien et intègre facilement les classiques du groupe. Bon cela dit c’est de la bonne came pour adolescente prépubère ricaine mais notre soif de décibels risque fort de rester entière. Augeri s’en sort fort bien en tout cas et est crédité. Il l’est aussi sur d’autres morceaux : "Live And Breathe", drivée par une jolie ligne de basse de Ross Valory, "Nothin Comes Close" avec son joli riff, introduit un nouveau genre plus hard glam aux relents pop. Tout ceci est de bon aloi mais reste fragile.

Les fans de NIGHTRANGER et de DAMN YANKEE ne sont pas sans remarquer la présence de Jack Blades aux crédits de quatre compositions, le bassiste chanteur est connu pour un sens de la mélodie assez génial, voyons donc voir ce qu’il apporte au gang californien : La charge lourde de "Higher Place" ouvre l’album, on pense plutôt à QUEENSRYCHE avec ces synthés envahissants, le refrain nous laisse plutôt en terrain connu, du big rock bien positif. "World Gone Wild" s’éloigne du terrain de jeux de JOURNEY mais c’est toujours AOR en diable, avec un refrain hélas un peu pompier. On reconnaît bien la patte de Blades sur la rythmique lancinante de "I Got A Reason", bien cool. Enfin, "Kill Me Softly" achève cette contribution avec un piano et des synthés ambient et peso, j’y retrouve à nouveau une identité REICHiene.

Le countryman Kevin Trible vient aussi proposer quatre de ses compos : un piano solitaire entame "Loved By You", le slow sonne un brin "asiate", mais carrément pop. Bel exercice de Neal sur une gratte folk sur "Livin To Do", le titre se fait bluesy et a belle allure avec de jolis solos. "Lifetime Of Dreams" nous ramène dans le giron pop avec les harmonies habituelles du genre Mid slow. Légèrement plus rock, "We Will Meet Again" est plus intéressante au niveau de la construction, propose quelque chose de différent, avec à nouveau une vibe exotique, due à l’utilisation d’une cythare.

Le mélange piano/guitare lourde, symbole de l’AOR règne sur "Signs Of Life" puis sur "To Be Alive Again", les refrains sont mille fois entendus, Neal semble avoir bien du mal à se renouveler ! D’ailleurs, "All The Things" a ensuite bien des difficultés à réveiller un auditoire un peu anesthésié, mais le refrain est pas mal. Pour en terminer, des torrents de sirop en fusion s’écoulent tout du long de "With Your Love", ou l’on retrouve les travers du précédent album.

Cet opus n’est pas désagréable, le principal souci résidant dans le fait que pas un seul titre n’est exceptionnel, ni même remarquable. Certes, le groupe a moins chargé son propos de slows acidulés, mais le reste ne se démarque ni par son brio, ni par son originalité, et le fait de se tourner vers d’autres songwriters est tout de même une preuve irréfutable du manque d’envie des membres du groupe… Et quand on s’appelle Neal SCHÖN ou Jonathan Cain, cela signifie quelque chose ! Je reste donc sur un deux sans consistance cette fois, puisque je ne vois aucun titre à conseiller dans cette rondelle. Une arrivée bien difficile dans le 21eme siècle !