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Aretha FRANKLIN - Live At Fillmore West (1971)
Par LE KINGBEE le 26 Novembre 2022          Consultée 476 fois

A la fin des sixties, suite à divers problèmes de voisinage, Bill Graham, célèbre producteur et promoteur de concerts, décide de déménager le Fillmore West sur Van Ness avenue, une longue artère en direction de la baie de San Francisco, sur le site de l’ancien Carrousel. Cette salle donnera lieu à de prestigieux concerts ; de nombreux groupes phare de l’Acid Rock et du Rock Psyché y feront leurs débuts. Si Graham est un amateur éclairé en matière de Rock, c’est aussi un fan de Jazz et de Soul, un grand partisan d’éclectisme. C’est ainsi qu’il programme Miles DAVIS mais également Otis REDDING, Rahsaan Roland Kirk et Aretha FRANKLIN alors au sommet de sa carrière. Le Fillmore West donne lieux à divers enregistrements Live marqués d’une pierre blanche (CREAM, DEREK & THE DOMINOS, JEFFERSON AIRPLANE et, plus proches de nous, CYPRESS HILL, Sara BAREILLES ou METALLICA) *.

Ce Live retranscrit en fait dix morceaux captés lors de trois shows les 5 et 7 mars 1971 au Fillmore, deux concerts à guichet fermé. Enregistré juste après Spirit In The Dark, il est éclairé par une Lady Soul radieuse : la chanteuse divorcée de Ted White vit une époque lumineuse auprès du fringant Ken Cunningham. Son quatrième rejeton tout juste âgé d’un an commence à gambader. Pour le répertoire, Aretha et Atlantic ne prennent pas de risque, le label incorporant une poignée de cartons, des reprises judicieuses d’autres artistes et quelques titres moins connus dont la tonalité sert bien souvent à tempérer les ardeurs d’une salle pleine de ferveur et de musiciens en extase.

Après une présentation ultra-sobre de Lady Soul, le show débute avec "Respect", hit d’Otis REDDING qu’Aretha reprenait en 67 dans l’album studio I Never Loved A Man The Way I Love You. La chanteuse a largement eu le temps de peaufiner la chanson, mais là on a l’impression que les Kingpins de King Curtis et la Memphis Horns passent d’entrée de jeu la surmultipliée à l’image d’Aretha qui se contente de chanter alors que les ivoires sont laissés à Truman Thomas, pianiste tournant dans le giron d’Aretha, Bobby WOMACK et des ISLEY BROTHERS. Reposant sur un tempo hyper véloce, Aretha FRANKLIN semble vouloir tout dévaster sur son passage. Profitant d’une brève accalmie, elle parvient à impliquer la salle suite à un sympathique échange, procédé presque inutile, le bouillonnant public étant déjà acquis à la cause de la chanteuse. Cette version Live relègue la soupe à la grimace interprétée par les SUPREMES de Diana ROSS et les TEMPTATIONS.
Hymne Folk tendance Acid Flower, "Love The One You’re With" a d’abord été une invitation à un amour disons libéré, composé par Stephen STILLS puis repris par C.S.N. & Y. La reprise d’Aretha apporte une nouvelle coloration avec un surplus de souplesse, de groove et quelques petits ponts issus des meilleurs tonneaux. Le texte représentatif d’une époque révolue prend ici une autre tournure, mais on ne peut s’empêcher de fredonner certains couplets : And if you can't be with the one you love, honey -Love the one you're with.

Aretha tempère l’ambiance, histoire de faire reposer les accus avec "Bridge Over Troubled Water", grand succès de SIMON & GARFUNKEL, et titre incontournable en ce début des seventies. Repris une cinquantaine de fois rien que pour l’année 70 (sans oublier une trentaine d’instrumentaux et diverses adaptations), ce tube prend ici une autre physionomie, la Diva laissant sa rythmique et les chœurs s’exprimer sans elle pendant deux minutes avant de placer son timbre, un procédé similaire à certains spirituals et prêches. Un beau message sur l’amitié et l’amour de son prochain renforcé par le sax de King Curtis, probablement instigateur de ce choix. Un titre apparemment toujours tendance, le comédien Luke Evans vient d’en faire une ritournelle.
Autre titre immanquable avec "Eleanor Rigby", tube des BEATLES repris à toutes les sauces. Franklin avait malicieusement déposé la chanson dans sa besace, enregistrée en single et dans son précédent disque This Girl’s In Love With You. Faut-il y voir un motif de marketing ? On laisse à chacun son idée sur le sujet. Formidable chanson sur la solitude et la mort, deux thématiques aigres-douces. Aretha impulse un rythme enlevé, les trois choristes reprenant les couplets à l’instar d’un chant religieux. Titre assez court (150 secondes), Aretha s’offre une démarcation avec le texte original.

Autre immersion dans le domaine du Folk Rock californien avec "Make It With You", un ancien Number One de Bread. Comparé à l’original à la limite du benêt, la qualité de l’orchestration et les arrangements de Larry Wilcox font toute la différence. Une version bien plus captivante que celles de Claudine Longet, Nancy Wilson ou The New Christy Minstrels, tous trois propriétaires de versions godiches.

Dans ce genre de concert, il est toujours bon de ressortir un vieux tube de derrière les fagots, cela permet de satisfaire les nostalgiques d’un temps passé et le procédé ne mange pas de pain. C’est ainsi qu’elle s’attaque à "Don’t Play That Song", hit de Ben E KING, accessoirement coécrit par Ahmet Ertegun (patron du label Atlantic) et Betty Nelson (Mme Ben E King à la ville). Si le titre publié en single et dans l’album Spirit In The Dark était grimpé à la 11ème place des charts, Aretha officie là au piano électrique et appose une touche de peps par rapport à ses versions studio. Sur le continent, un certain Adriano CELENTANO connaît plus tard son moment de gloire avec la reprise du morceau, inspirée par cette version Live. Les frontières entre le Blues, le Gospel et la Soul sont souvent plus tenues qu’il n'y paraît.
"Dr Feelgood" ● passe par toutes les nuances s’achevant comme une transe religieuse. Hélas, si le titre fait peut-être illusion dans la salle, sa retranscription s’éternise en pure perte et finit par lasser.

Les trois dernières pistes proviennent du concert du 7 février. Aretha propose deux versions de "Spirit of The Dark". C’est naturellement la seconde avec Ray CHARLES, également présent au piano, qui risque de remporter les suffrages. Les deux vedettes se livrent à un vrai duel au micro, portés par la troupe de King Curtis. Cette complicité entraîne la réaction d’une salle entièrement acquise à la cause de ces deux monstres sacrés de la Soul Music.
Pour le final, Jerry Wexler a choisi "Reach Out And Touch (Somebody's Hand)", une compo du couple Ashford/Simpson enregistrée par Diana ROSS. On aurait aimé un titre plus entraînant, une sorte de feu d’artifice. Si Aretha nous assène toute sa ferveur, le titre manque de consistance et on entend autant le bruit de la salle avec des spectateurs qu’on peut imaginer en ébullition que celui de l’orchestre qui semble s’être éteint.

Tout n’est pas à jeter dans ce Live sorti en mai 71, bien au contraire. Mais les pistes 8 et 10 sont loin d’être indispensables, alors que lelonguet "Dr Feelgood" finit par nous ennuyer. Maintenant, il est certain que les spectateurs présents ce soir ont eu un autre ressenti. Mais avec trois soirées en sold out, il y avait sûrement de quoi remplacer les trois titres les plus faiblards. Pour les amateurs d’exhaustif, Rhino a publié en double CD une synthèse de ces trois soirées au Fillmore avec des inédits et des alternates à gogo.


*Ce ne sont là que les premiers noms qui me sont venus à l’esprit. Nul doute que chaque lecteur pourrait proposer une liste différente d’aussi bonne qualité.
●Titre homonyme à ceux de Curtis Smith et de Mötley Crüe

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   LE KINGBEE

 
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- Aretha Franklin (chant, piano 4-6-7-8)
- Ray Charles (chant 9, piano 9)
- Cornell Dupree (guitare)
- Jerry Jemmott (basse)
- Bernard Purdie (batterie)
- Pancho Morales (congas)
- King Curtis (saxophone)
- Andrew Love (saxophone)
- Jimmy Mitchell (saxophone)
- Lou Collins (saxophone)
- Wayne Jackson (trompette)
- Roger Hopps (trompette)
- Jack Hale (trombone)
- Margaret Branch (chœurs)
- Brenda Bryant (chœurs)
- Pat Smith (chœurs)


1. Respect
2. Love The One You're With
3. Bridge Over Troubled Water
4. Eleanor Rigby
5. Make It With You
6. Don't Play That Song
7. Dr. Feelgood
8. Spirit In The Dark
9. Spirit In The Dark
10. Reach Out And Touch (somebody's Hand)



             



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