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Aretha FRANKLIN - Laughing On The Outside (1963)
Par LE KINGBEE le 21 Octobre 2021          Consultée 861 fois

Quatrième opus d'Aretha FRANKLIN, "Laughing On The Outside" sort dans les bacs en aout 63. Un siècle après la proclamation d'émancipation abolissant l'esclavage sur tout le territoire confédéré, la classe afro-américaine n'a toujours pas atteint la pleine égalité. Durant l'été, le Mouvement pour les Droits Civiques organise une marche sur Washington pour l'emploi et la liberté. Martin Luther King y prononcera "I had a dream", discours demeuré célèbre devant plus de 250 000 personnes. La loi sur les Droits Civiques de 64 sera suposée mettre fin à la Ségrégation, interdisant aux entreprises de discriminer des personnes selon leur sexe, leur race et leur religion. On le voit, tout va pour le meilleur des mondes en Amérique.

Pendant ce temps là, Aretha continue d'enregistrer sous la houlette de John Hammond du tout venant, pour la Columbia. Le producteur s'est mis en tête de faire enregistrer à sa chanteuse des chansons d'autres artistes, un répertoire bien proprêt et bien lisse qui ne risque pas d'affaroucher la clientèle blanche ni les amateurs de Jazz. On peut se demander aujourd'hui quel serait le destin de Lady Soul si en fin d'année, le Président Kennedy n'avait pas servi de cible à canard à Dallas et surtout si Dinah Washington n'était pas décédée à seulement 39 ans, deux éléments qui contribueront bientôt la chanteuse à bifurquer de répertoire.

En ouverture, quoi de mieux qu'une vieillerie du début des forties pour rassurer l'auditeur lamda avec "Skylark", une compo de Johnny Mercer popularisée par Gene Krupa et Bing Crosby. Cette fois ci sous un orchestre dirigé par Robert Mersey, Aretha nous délivre un copier coller de Carmen McRae. C'est sûr, avec ce genre d'emballage, la jeunesse ne risque pas de foutre le riff au salon. Au bout d'une cinquantaine de secondes durant lesquelles Aretha est juste épaulée par quelques volutes en fingerpicking jazzy, l'orchestre nous délivre les premières notes de "For All We Know"°, un titre aussi délicat que monotone à la limite du barbant. Repris plus de 400 fois,, souvent dans d'incroyables minauderies, on conseillera les versions instrumentales de Paul DESMOND, Sonny Stitt ou Ben Webster. Issu de la comédie musicale "Do Ré Mi", "Make Someone Happy" devrait ravir tous les amateurs de violonades, il est vrai que les arrangements et l'orchestration confiées à Robert Mersey ne laissaient rien inaugurer d'autre. Une version trop sage et inférieure, selon nous, à celle de Nancy Wilson.

Grand classique de Duke Ellington, "Solitude" ne pouvait échapper à la volonté de Mersey et Hammond d'essayer de transformer Aretha en jazzwoman. Ce standard connaitra de nombreuses interprétations plus passionnées et captivantes que celle ci, seule la trompette de Jimmy Nottingham (ex Big Joe Turner, Count Basie) semble damner le pion à la solitude, trame incontournable de cette chanson sentimentale. De l'amour malheureux, il en est encore question avec "Laughing On The Outside", titre qui donne son nom à l'album et clôture la face A. Bien maline, la Columbia refourgue un de ses anciens titres d'après guerre. La présence de choeurs et de cordes renforcent le sentiment de tristesse, nous préférons du coup la reprise plus subtile d'Ella Fitzgerald. Seule compo de l'album "I Wonder (Where Are You Tonight)" ⃰ oscille entre Pop sentimentale et ballade jazzy gorgée de violons et de piano, un titre pas trop mal tourné.

La face B débute avec "Say It Isn't So", une compo des années 30 Irving Berlin. Aretha Franklin nous en délivre une interprétation plus qu'honnête, on regrette juste que les violons et violoncelles, bien que peu accentués, prennent le pas sur la rythmique. Une version qui s'inscrit en droite ligne avec celles de Big MAYBELLE, Peggy LEE ou Billie Holiday. Autre chanson issue de la même décennie, "Until The Real Thing Comes Along" avait l'objet de plusieurs covers qui n'avaient pas révolutionné la planète (Kay Starr, Ella Fitzgerald, Dean MARTIN). Chez nous au pays de la baguette et du godet de pif, Julien CLERC avec l'aide de Le Forestier reprendra la chanson sous un drôle d'intitulé: "Avant qu'on aille au fond des choses" pour une adaptation loin d'être ridicule. L'orchestration s'annonce plus groovy avant de tomber dans une lenteur trop pesante, mais Franklin nous offre de belles vocalises plombées à mi morceau par les violons et cordes toujours trop présents. Les versions de Dakota Staton et de Sugar Ray Norcia ont notre préférence.

Hammond et Mersey ont déniché "If Ever I Would Leave You", en provenance de la comédie musicale canadienne "Camelot". Pendant plus de quatre minutes, Aretha balance un timbre sophistiqué et trop stylisé sur une mélodie qui perd les auditeurs en cours de route. On regrimpe dans la machine à remonter le temps pour se retrouver encore une fois dans les thirties avec "Where Are You?"♦, titre au générique du film "Top Of The Town". Si Frank SINATRA ou Johnny Mathis reprirent la chanson dans des interprétations larmoyantes à la limite de la parodie crooner, Aretha Franklin nous délivre ici une version aux confins du Jazz et d'une Pop bonne enfant. Pas de quoi sauter au plafond! Composée specialement pour l'album par Norman Mapp, "Mr. Ugly" se retrouve lui aussi pollué par une surabondance de violons et de cordes qui finissent pas avoir raison des ivoires. En guise de fermeture, la cadence s'accélère un brin avec "I Wanna Be Around". Sous couvert des cuivres, de percussions et d'une guitare qui tentent de reprendre leurs prérogatives sur les violons, Aretha Franklin booste son chant et le tempo. Une version moins R&B que celle de Wynona Carr mais qui tient bien la route et qui relègue bien loin les versions de Julie London ou du duo Tony Bennett/Bono, proche du grotesque pour l'occasion.

Cet opus loin d'être indispensable résume à lui seul pourquoi la Columbia ne sera pas parvenu à faire de sa chanteuse une vedette. Pas de hit, des mélodies trop lisses, ou trop pop ou trop Jazzy, laissant l'impression de cantonner Aretha Franklin dans un carcan mêlant un répertoire d'antan et des ballades sentimentales de style guimauve. On ne parlera pas des arrangements ni de l'orchestration dispensées par Robert Mersey. Certains titres du disque seront remarquablement mis en valeur par plusieurs ensembles de Jazz. Un disque qui au final ennuie plus qu'autre chose, tout juste utilisable pour un diner aux chandelles avec une malentendante ou pour prendre l'ascenseur.

° Titre homonyme à celui de Jimmy Griffin chanté par les Carpenters, Shirley Bassey ou Dionne Warwick.
⃰ Titre homonyme à celui de Johnny Bond
♦ Titre homonyme à ceux de Burt Bacharach, Imaani.

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- Aretha Franklin (chant)
- Don Arnome (guitare)
- Tommy Tedesco (guitare)
- Billy Strange (guitare)
- Melvin Pollan (basse)
- Ray Pohlman (basse)
- Hal Blaine (batterie)
- Hindel Butts (batterie)
- Earl Van Dyke (piano)
- Dave Grusin Piano)
- Leon Russell (piano)
- Plas Johnson (saxophone)
- Jimmy Nottingham (trompette)
- Robert Ascher (trombone)
- Bernard Eichenbaum (violon)
- Julius Schacter (violon)
- Leo Kahn (violon)
- Berl Senofsky (violon)
- Felix Gigol (violon)
- Irving Lipschultz (violon)
- Max Pollikoff (violon)
- George Ockner (violon)
- Darrel Terwilliger (violon)
- John Rublowsky (violon)
- Sid Sharp (violon)
- Tibor Zelig (violon)
- George Poole (violon)
- Irving Weinper (violon)
- R. Dickler (violon alto)
- Theodore Israel (violon alto)
- Jacob Glick (violon alto)
- Jesse Erlich (violoncelle)
- Joseph Tekula (violoncelle)
- Anthony Twardowsky (violoncelle)


1. Skylark
2. For All We Know
3. Make Someone Happy
4. I Wonder (where You Are Tonight)
5. Solitude
6. Laughing On The Outside
7. Say It Isn't So
8. Until The Real Thing Comes Along
9. If Ever I Would Leave You
10. Where Are You?
11. Mr. Ugly
12. I Wanna Be Around



             



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