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Aretha FRANKLIN - Yeah!!! (1965)
Par LE KINGBEE le 1er Mai 2020          Consultée 1094 fois

Nous sommes en 1965, chez nous, les femmes vont pouvoir ouvrir un compte bancaire à leur nom. Aux States, le Mouvement des Droits Civiques marche sur Selma et le bon Président Johnson fait promulguer le Voting Rights Act, Aretha FRANKLIN sort son septième album studio pour la Columbia. Mais bordel quelle époque !

Les disques se succèdent pour la chanteuse, souvent sous la houlette de John HAMMOND et l’œil de Ted White, mari et âme damnée de la chanteuse depuis quatre ans. L’année précédente, HAMMOND et la Columbia ont jugé opportun de sortir un disque hommage à Dinah WASHINGTON, la reine du Blues ayant cassé sa pipe, le staff du label voit là une manne d’argent facile. Aretha enregistre l’excellent « Unforgettable », un disque hommage à Dinah Washington » qui ne connaît qu’un succès d’estime auprès du public. Ce dernier se tourne résolument vers l’avenir, contrairement à la Columbia.
Présentée comme une ancienne gloire du Gospel, une artiste mature, Aretha FRANKLIN n’a que 23 ans en 1965 et depuis 1961 Columbia n’est jamais parvenu à hisser sa chanteuse dans le moindre Top Ten. Si sa relation avec son mari bat de l’aile, son contrat avec Columbia arrive presque à son terme.
Alors qu’Aretha désirait voler de succès en succès dans un registre profane, la chanteuse allait se retrouver engluée dans une stratégie marketing dépassée via Mitch MILLER, un producteur toute juste capable de faire de la musique de film ou de supermarché ; Aretha s’est retrouvée soumise à la politique maison d’un label visant à vendre sa pouliche comme chanteuse Pop. Pratiquement cinq ans de perdus.
En 1965, les BEATLES enfilent pas moins de cinq Numéro Un, les SUPREMES en enquillent quatre tandis que les STONES clament « (I Can’t Get No) Satisfaction ». Les temps changent ! Chez nous, ADAMO demande « Vous Permettez Monsieur ? » et Jean FERRAT chante « La Montagne ».

En février 1965, Columbia décide de placer la chanteuse sous la houlette de Clyde OTIS. Compositeur prolifique, ancien de Mercury et de Liberty, Otis a produit avec une certaine réussite Dinah WASHINGTON, Brook BENTON et Timi YURO. Le producteur est persuadé qu’il faut que la Columbia change son fusil d’épaule et décide d’enregistrer la chanteuse en compagnie d’un quartet de Jazz dirigé par Kenny BURRELL, guitariste de session réputé (ex Dizzy GILLESPIE, Billie HOLIDAY, John COLTRANE). Ce dernier recrute des musiciens de Detroit avec lesquels il se produit occasionnellement : le pianiste Teddy HARRIS, ancien coéquipier de Lucky THOMPSON et membre da la Motown Revue pendant trois ans, le contrebassiste bassiste James « Beans » RICHARDSON (ex Tommy Flanagan) et le batteur Hindel BUTTS.

« Yeah !!! » demeure dans le haut du panier des productions Columbia. Aujourd’hui, ce disque reste célèbre pour figurer dans le tiroir des fameux faux Live. Enregistré en février à New York dans les conditions d’un Live, l’album est l’objet de retouches sous forme d’applaudissements multiples.
C’est un répertoire relativement varié auquel se prête la chanteuse. Le disque s’ouvre sur un interlude d’à peine 90 secondes destiné à chauffer une salle qui n’existe pas avec « This Could Be The Start Of Something », un standard de Steve ALLEN servant de générique à deux émissions télé, repris entre autre par Ella FITZGZRALD et Gloria LYNNE. La présente version s’avère plus swing et surtout plus courte. Aretha reprend quelques titres issus du Jazz : « Once In A Lifetime », plus épuré que la version originale de l’Anglais Anthony NEWLEY et moins ampoulée que celle de Sammy DAVIS. Certains standards connaissent parfois de curieux parcours ; en 1954 Erroll GARNER compose « Misty » qui passe quasiment inaperçu jusqu’à ce que Johnny MATHIS la popularise avec des paroles de Johnny Burke, un titre dont le sigle se vendra à plus de deux millions d’exemplaires. Ici, la chanteuse se livre quasiment à un exercice de style, l’accompagnement hyper sobre rappelant certaines sessions d’Oscar PETERSON. Pour peu qu’on soit amateur de piano ou de saxophone, Stan GETZ, Don BYAS et Ben WEBSTER en délivrèrent de belles versions. Parfois intitulé « Play Misty For Me », le titre servira de bande son au film de Clint Eastwood « Un Frisson dans la nuit ». Chez nous, comme on n’est pas à un crime prêt, Claude FRANCOIS adaptera le titre avec « Un Nuage dans le soleil ». Là, on vous conseille d’être équipé d’un parapluie.
Les petits pizzicati de guitare permettent à « More » de sortir de la soupière pleine de guimauve dans laquelle s’insère la chanson issue du film italien « Mondo Cane ». Le titre n’atteint pas les 2 minutes et semble avoir été coupé. Les paroles de l’’original italien « Ti guarderÒ del cuore » nous paraissent mieux coller au morceau. Second emprunt au présentateur et compositeur Steve ALLEN avec « Impossible » qui n’a pour but qu’Aretha puisse poser sa voix sur un titre plus que molasson. Composition d’Isham Jones, « There Is No Greater Love » a fait les beaux jours du Jazz Vocal avec les interprétations de Billie HOLIDAY, de Dinah WASHINGTON ou Peggy LEE. On a encore l’impression qu’Aretha se livre à un exercice de vocalises, comme pour chauffer sa voix. Titre apathique par excellence, les versions instrumentales de Plas JOHNSON ou d’Ahmad JAMAL nous paraissent plus captivantes. Compo d’Harold Arlen, connu pour sa participation à la bande son du « Magicien d’Oz », « Today I Love Ev’rybody » s’émancipe à la fois des versions made in Broadway de Kay STEVENS et des bubble-gum de Johnny NASH et Johnny HARTMAN.

La cadence s’accélère d’un cran lorsqu’elle revient aux sources du Blues. « Muddy Water » (rien à voir avec le Bluesman Mc Kinley Morganfield) se révèle autrement plus festif que la version mélo de Bessie SMITH, même le piano s’emballe par moments sur de puissantes vocalises. Vieux vaudeville de Richard Jones, pianiste de la Nouvelle Orléans, « Trouble In Mind » est passé par de multiples cases du Blues (Muddy Waters, Freddie KING) au Hillbilly (Tex RITTER, Hylo BROWN) au Western Swing (Bill MONROE) en passant par le Zydeco (Clifton CHENIER) le Jazz (Archie SHEPP) le Rock (BLACKFOOT) et j’en passe. FRAKLIN nous délivre ici une bonne version qui tient autant du Jazz que du Blues avec des zestes de Gospel. « If I Had A Hammer » constitue un bon intermède allant à contrecourant des nombreuses productions Folk et Pop. Le disque se termine sur « Love For Sale », un vieux titre de Cole PORTER repris à plus de 650 occasions. C’est simple, à part vous et moi, tout le monde s’est coltiné le morceau, des grandes chanteuses de Jazz Vocal aux quartets de Jazz instrumental, à Marvin GAYE en passant par BONEY M jusqu’à SEAL et même Isabelle AUBRET qui le chantait en english.

A travers ce disque, nous retrouvons l’une des meilleures productions de la future Lady Soul chez Columbia. Son timbre extraordinaire s’étale à l’occasion sur quatre octaves, d’où la présence de deux ou trois morceaux destinés à placer cette voix hors-norme. Un ou deux titres plus accrocheurs auraient été bienvenus, mais globalement on a entre les mains un album de bonne facture à cheval entre Soul et Jazz. Si l’adjonction d’applaudissements était loin d’être indispensable, notons que Columbia Legacy a réédité en 2016 le disque en format CD sans ces faux bruits de foule.

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- Aretha Franklin (chant, piano 7-10)
- Kenny Burrell (guitare)
- James 'beans' Richardson (basse)
- Teddy Harris (piano 1-2-3-4-5-6-8-9-11)
- Hindel Butts (batterie)


1. This Could Be The Start Of Something
2. Once In A Lifetime
3. Misty
4. More
5. There Is No Greater Love
6. Muddy Water
7. If I Had A Hammer
8. Impossible
9. Today I Love Ev'rybody
10. Without The One You Love
11. Trouble In Mind
12. Love For Sale



             



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