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Aretha FRANKLIN - Aretha In Paris (1968)
Par LE KINGBEE le 1er Avril 2020          Consultée 1095 fois

Cette chronique s’annonce ardue dès le départ. En effet, quelle pochette doit-on mettre en place afin de représenter le disque ? La pochette américaine que la plupart des pressages européens reprendront, ou bien celle de l’édition française se démarquant de la masse illustrée par le visage en gros plan d’Aretha FRANKLIN ?
Ceci importe peu, laissons notre rédacteur en chef se charger de ce problème somme toute mineur, d’autant plus qu’un troisième visuel verra le jour via un pressage turc.

Quand on vous parlait ci-dessus de problèmes, avouez qu’il y a de quoi se tordre de rire ou de se prendre la tête à deux mains quand on voit ce que le monde traversait à cette période. Chez nous, les Universités connaissent une forte agitation dès avril. Aux States, un connard abat le Docteur Martin Luther KING le 4 avril avec pour conséquences l’embrasement du pays. Le 9 avril, Aretha chante « Precious Lord, Take My Hand » aux obsèques du Révérend King. Pas sûr que ça le fasse revenir ! Le 7 mai, jour du passage de la chanteuse à l’Olympia, à deux pas du quartier Latin où ca commence à callaisser sec, l’hebdomadaire Action comprenant Reiser, Wolinski fait son apparition.

Dans sa vie quotidienne, FRANKLIN connait une grosse période de turbulence. Son mariage avec Ted White prend l’eau et la chanteuse est sous pression constante suite à son nouveau contrat chez Atlantic Records. Aretha doit se produire pour la première fois en Europe avec des passages à Londres, Francfort, Amsterdam, Rotterdam, Stockholm et Paris.
Intervenant dans le cadre des concerts Musicorama organisés par Europe 1, Aretha FRANKLIN prend d’assaut la scène de l’Olympia le 7 mai 68. Le concert est diffusé sur les ondes cinq jours plus tard. On se dit aujourd’hui que la chanteuse a livré une prestation haute en couleur, surtout que son entourage ignorait, deux jours avant son départ pour l'Europe, si la chanteuse allait accepter de prendre l’avion. Autre aspect handicapant, la chanteuse reproche à son mari d’avoir engagé des musiciens de seconde zone. Il convient également de préciser, contrairement à ce qu’annoncent de nombreux sites et encyclopédies, que ce Live capté à Paris est le second disque en public après « Song Of Faith »⃰ édité par Checker en 65 entre le contrat Columbia et l’arrivée de la chanteuse chez Atlantic.

Ces 13 titres Live figurent tous dans les trois premiers albums Atlantic de la chanteuse. Apparaissant entre « Aretha Now » et « Soul 69 », le disque accède au Top 20 du Billboard une semaine après sa sortie en octobre.
Nul doute que les spectateurs présents ce soir-là ont dû prendre un pied pas possible. Ne nous leurrons pas, on a entre les mains un disque Soul en public dit de référence. Cependant, quand on dissèque les différents titres on ne peut aujourd’hui s’empêcher de penser que les musiciens présents sont tous très loin de valoir la troupe qui accompagnait habituellement celle qui ne tardera pas à hériter du surnom de Lady Soul.
Présentée en toute pompe et pour la première fois en France, Aretha met le feu d’entrée avec « Satisfaction », célèbre hit des STONES. Les trois choristes dont Carolyn, la cadette d’Aretha, font feu de tout bois et ne semblent n’avoir de cesse de placer la chanteuse au diapason. Mais on se demande si les accompagnateurs ne sont pas payés à la pièce tellement ils enfournent les notes. A croire que certains ont peur de rater leur avion du retour. On se demande comment et pourquoi Donald Townes a hérité des arrangements et de la direction de l’orchestre en lieu et place du trompettiste Ron JACKSON (membre des FUNK BROTHERS, Bobby BLAND et Millie JACKSON) ou du guitariste Jerry WEAVER (futur membre de Joe TEX, Patti AUSTIN ou Frederick KNIGHT). Probablement une idée de Ted White. C’est pourtant une grosse cavalerie qui accompagne la Diva. La section des cuivres comprend pas moins de huit membres. Si la moitié des accompagnateurs a déjà secondé la chanteuse sur quelques titres des trois premiers albums Atlantic, l’autre moitié provient des fond de tiroirs de la Motown, maison concurrente. La section rythmique se produit plus tard lors d’une tournée du Paul BUTTERFIELD BLUES BAND avant de se faire virer aussi sec. En 1983, on retrouve Donald TOWNES avec plusieurs balles dans la carcasse à son domicile, probablement suite à un deal de cocaïne ayant mal tourné, mais cela faisait un bout d’années que le trompettiste ne faisait plus grand-chose.

Ce disque pose le problème du verre à moitié vide, alors que certains y verront un godet à moitié plein. Faut-il s’enthousiasmer de ce concert, dans lequel Aretha tente de donner le meilleur d’elle-même ? Seuls les participants peuvent proposer un ressenti sincère. Mais au cours de longues discussions avec Jean-Pierre Arniac, vendeur de disques chez Boogie et photographe de la revue Soul Bag, ce chevronné amateur de Soul et de Blues n’a jamais évoqué ce concert à Paris, alors que le bonhomme parvenait à me mettre l’eau à la bouche avec les concerts organisés pour la Stax Revue (Wilson PICKETT, SAM & DAVE, Arthur CONLEY, Otis REDDING).

Quand on compare ces 13 chansons avec les versions studios figurant dans les albums « I Never Loved A Man The Way I Love You », « Aretha Arrives » et « Lady Soul » force est de constater que toutes les versions studios demeurent supérieures, tant au niveau du feeling, de l’orchestration que des arrangements, sans parler du groove. On ne remplace pas les musiciens de Muscle Shoals présents sur les disques précités par une bande de cachetonneurs. On se demande ce qu’aurait donné ce show à l’Olympia si King CURTIS, Jimmy JOHNSON ou Roger Hawkins avaient été présents.
La dure réalité sonore et rythmique est parfois cruelle. En fait, seuls « Satisfaction » destiné à ouvrir les hostilités et chauffer la salle, « Chain Of Fools » et « Respect » parviennent à masquer les déficiences des sidemen. Le rythme soutenu, endiablé et festif, fait office de masque et de trompe-l'œil. Mais paradoxalement, ce Live peut aussi susciter désappointement et regret dans le fait d’avoir loupé un spectacle qui se voulait grandiose.

On peut se demander pourquoi la firme Atlantic et plus particulièrement Jerry Wexler n’ont pas permis à Aretha FRANKLIN de bénéficier de meilleurs accompagnateurs, une décision que Wexler affirmera plus tard regretter amèrement. Un disque qui aurait pu atteindre sans soucis la note maximale mais qui devra se contenter d’un modeste 3.

⃰ « Song Of Faith » est issu d’un concert de 1956, Aretha n’étant alors âgée que de 14 ans. La retranscription de ce show n’apparaitra que 9 ans plus tard en 1965.

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   LE KINGBEE

 
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- Aretha Franklin (chant, piano)
- Jerry Weaver (guitare)
- Rodderick Hicks (basse)
- George Davidson (batterie)
- Gary Illingworth (piano)
- Rene Pitts (trombone)
- Miller Brisker (saxophone)
- David Squire (saxophone)
- Donald Walden (saxophone)
- Donald Townes (trompette, arrangements)
- Ron Jackson (trompette)
- Russell Conway (trompette)
- Little John Wilson (trompette)
- Carolyn Franklin (chœurs)
- Wyline Ivy (chœurs)
- Charnessa Jones (chœurs)


1. (i Can't Get No) Satisfaction
2. Don't Let Me Lose This Dream
3. Soul Serenade
4. Night Life
5. Baby, I Love You
6. Groovin'
7. (you Make Me Feel Like) A Natural Woman
8. Come Back Baby
9. Dr. Feelgood (love Is A Serious Business)
10. Since You've Been Gone (sweet Sweet Baby)
11. I Never Loved A Man (the Way I Love You)
12. Chain Of Fools
13. Respect



             



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