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Aretha FRANKLIN - Soul' 69 (1969)
Par LE KINGBEE le 31 Décembre 2019          Consultée 1251 fois

Nous sommes au tout début de l’année 69. Sous la houlette de Jerry Wexler, Aretha FRANKLIN est devenue une star en moins de deux ans, passant du statut de chanteuse de cabaret et d’église à celui de Lady Soul. Entre 1967 et 1969, elle a placé quatre albums à la 1ère place des classements R&B et tous ses disques se sont classés entre le 2ème et 5ème rang des charts Pop. Aretha Franklin touche aussi bien le public noir que le blanc.

Ce Soul’69 sort en janvier 1969. Le titre peut se révéler quelque peu trompeur. Les douze titres sont issus de pas moins de sept sessions new-yorkaises (2 en avril 68 et 5 en septembre). Mais cette fois, la chanteuse est épaulée par une énorme armada qui tient plus de l’orchestre de Jazz que des petits backing bands de Muscle Shoals. On retrouve certes quelques sidemen issus des Shoals sur "Today I Sing The Blues" et "Tracks Of My Tears", accompagnateurs complètement noyés par un déluge de cuivres et les arrangements d’Arif Mardin, un ancien assistant des frères Ertegun qui ne tardera pas à devenir vice président de la firme Atlantic.

L’orchestration et les arrangements agrémentés d’une production chargée se retranscrivent sur la plupart des titres. Si Aretha semble donner le meilleur d’elle-même, elle reste comme engloutie par cette avalanche orchestrale. En fait, on a l’impression d’entendre un orchestre secondant Barbara STREISAND, Bette MIDDLER ou Dusty SPRINGFIELD. Idem quant au choix des morceaux. Alors que la période est marquée par l’arrivée fulgurante de groupes comme SLY & The FAMILY STONE tourné vers le Funk et des polyrythmies novatrices, que les Fifth Dimension combinent Soul et Hippisme avec "Let The Sunshine" alors que Clarence CARTER ou Candy STATON nous plongent en plein Southern Soul, la pianiste semble vouloir revenir en arrière à l’époque de big bands. Les tensions de plus en plus fréquentes avec son mari Ted White ne sont pas anodines et expliquent peut être ce changement de cap. Si le disque se classe quelques jours à la 1ère place des classements R&B, il ne se place brièvement qu’à la 15ème des HOT 100, le résultat le plus décevant depuis sa signature chez Atlantic.

En guise d’amuse bouche, Aretha reprend le "Ramblin’ Blues", titre mis en boite pour Savoy dix ans plus tôt par Big Maybelle. Le vocal d’Aretha dans la lignée de certaines chanteuses Jazzy n’apporte rien par rapport au timbre puissant de l’auteure du morceau. L’abondance de cuivres finit par lasser. Impression quasi similaire avec « Pitiful » titre nettement plus authentique via Big Maybelle secondée par la guitare de Mickey Baker. Cette impression de surenchère s’intensifie sur "Today I Sing The Blues", paradoxalement l’un des titres les plus Blues du disque, mais très éloigné de la version qu’elle en donnait en 60 épaulé par l’orchestre de Ray Bryant. Si le titre se situe parmi les meilleurs du disque, il ne parvient jamais à atteindre l’intensité qu’en donneront Freddie KING ou le soulman O.V. Wright.

"River’s Invitation" est une vraie guimauve gravée début fifties par Percy Mayfield. Si l’eau reste une thématique importante dans la religion, le Gospel et la Soul, il suffisait d’en rajouter un chouya afin de diminuer cette désagréable impression d’avoir 1 kilo de sucre dans la bouche. Le morceau partait bien avec le piano et la guitare de Kenny Burrell avant que David "Fathead" Newman n’investisse la place avec son armée de trompettes et de sax. Et pourtant, en milieu de plage Burrell donne l’impression de toucher la cible plein pot à chaque. Une version bien pâlichonne par rapport à celles de Tracy Nelson, Freddie Robinson ou Bobby RUSH. Archétype de la ballade Jazzy hyper barbante dans le genre barbe à papa, "Crazy He Calls Me" a fait l’objet de multiples essais. Si Nat King COLE et Sam COOKE chez les hommes contribuèrent à populariser le morceau, on ne compte plus les chanteuses de Jazz qui ont endormi leur auditoire avec une telle berceuse bien ampoulée. On se dit que le disque va enfin s’envoler avec "Bring It On Home To Me", standard de Sam COOKE certes archi rabâché mais entraînant, sauf que les arrangements se révèlent beaucoup trop Jazzy et la ligne mélodique décalée d’au moins deux octaves, on ne sait trop pourquoi sinon pour faire genre.

La face B débute avec "Tracks Of My Tears", un bon vieux bouillon des MIRACLES de Smokey ROBINSON, le genre de ballade Motown bien édulcorée et bien emmerdante. La guitare apporte là un accompagnement moins pesant et surtout les trompettes de Jéricho n’apparaissent ici qu’en second rideau. On lui préfère toutefois les versions de Gladys Knight & The Pips, Linda Ronstadt ou celle en public de CARMEL avec contrebasse. "If You Gotta Make A Fool Of Somebody" reste comme l’un des rares succès de James Ray, un chanteur météorite de R& B. Le titre sera repris entre autre par Timi Yuro, Maxine Brown et Huey LEWIS. Le chant d’Aretha prend de l’ampleur, les cuivres oubliant de se lancer dans une flambée envahissante.

"Gentle On My Mind" demeure l’un des rares titres édité en single. Si John Hartford en fit l’un des sommets du New Grass en 67/68, le titre connaîtra un succès encore plus grand via les reprises de Glen Campbell et Dean MARTIN. On ne saurait trop conseiller la version originale ou celle toute simple de Tammy WYNETTE. Aretha se concentre ici sur le chant, Junior Mance se chargeant des ivoires alors que les deux choristes boostent le vocal de la Diva. Vieux titre d’avant guerre, "So Long" aura connu de bonnes tentatives (Big Maybelle, Ruth Brown, ou Mari Jones au sein des Three Blazers). La flûte de "Fathead" Newman s’annonce moins intempestive que son sax et l’orchestration plus délicate laisse enfin le premier rôle à la chanteuse. On apprécie le bref passage de trompette bouchée, sur "I’ll Never Be Free" un R&B d’après-guerre popularisé entre autre par Annie Laurie et Kay Starr. Au milieu des sixties, Bob Lind connaissait son plus gros succès avec "Elusive Butterfly", un folk qui atteignit la 5ème place des charts. Le titre sera repris à toutes les sauces, le plus souvent sans saveur. Le folk est transformé ici en Vocal Jazz mais on se demande pourquoi les cuivres se font aussi guindés et pompeux ? On se consolera en se disant que c’est au dessus de l’adaptation "Le Papillon qui vole" susurrée par Richard ANTHONY, un gars à l’affût de tout gagnant à moindre coût.

On apprendra quelques semaines après la sortie du disque que Jerry Wexler avait dans un premier temps songé au titre Aretha’s Jazz. Mais les frères Ertegun, ses associés, pensèrent que ce titre risquait de limiter les ventes du disque, les disques de la chanteuse se vendant plus spécialement dans les marchés Soul et Pop. Cet album marque également le début de la rencontre de la Diva avec son futur époux Ken Cunningham mais aussi l’arrêt de son penchant pour la boisson. Musicalement, ce disque reste marqué par une orientation vers le Jazz trop soudaine et trop brute. Les arrangements et la contribution des cuivres trop intempestifs tiennent plus de l’apanage que de la sobriété et du bon goût. Un disque qui voudrait faire le pont entre Carmen MCRAE et Sarah VAUGHAN mais qui manque cruellement de groove. Note réelle 2,5.

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- Aretha Franklin (chant, piano 2-5-7-12)
- Kenny Burrell (guitare 1-3-4-5-6-8-9-10-11-12)
- Jimmy Johnson (guitare 2-7)
- Ron Carter (basse 1-3-4-5-6-8-9-10-11-12)
- Jerry Jemmott (basse 2-7)
- Bruno Carr (batterie 1-3-4-5-6-8-9-12)
- Grady Tate (batterie 10-11)
- Roger Hawkins (batterie 2-7)
- Junior Mance (piano 1-3-4-6-8-9-10-11)
- Joe Zawinul (piano électrique 6)
- Spooner Oldham (orgue 2-7)
- Jack Jennings (vibraphone 2-5-7-9-12)
- Louis Golcdecha (percussions 2-5-7-12)
- Manuel Gonzales (conga 2-5-7-12)
- Pepper Adams (saxophone)
- King Curtis (saxophone)
- George Dorsey (saxophone)
- Seldon Powell (saxophone)
- Frank Wess (saxophone)
- David 'fathead' Newman (saxophone, flûte)
- Joe Newman (trompette)
- Ernie Royal (trompette)
- Snooky Young (trompette)
- Richard Williams (trompette)
- Jimmy Cleveland (trombone)
- Urbie Green (trombone)
- Bennie Powell (trombone)
- Evelyn Greene (chœurs 5-9-12)
- Wyline Ivy (chœurs 5-9-12)


1. Ramblin'
2. Today I Sing The Blues
3. River's Invitation
4. Pitiful
5. Crazy He Calls Me
6. Bring It On Home To Me
7. Tracks Of My Tears
8. If You Gotta Make A Fool Of Somebody
9. Gentle On My Mind
10. So Long
11. I'll Never Be Free
12. Elusive Butterfly



             



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