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Aretha FRANKLIN - Aretha With The Ray Bryant Combo (1961)
Par LE KINGBEE le 6 Juillet 2021          Consultée 995 fois

Quatrième et avant dernier enfant du Révérend C.L. Franklin, Aretha FRANKLIN n’a pas encore 19 ans quand elle enregistre son premier disque pour la Columbia. Brillant orateur, le Révérend Franklin a enregistré de nombreux sermons destinés à la communauté noire, il est l’une des voix les plus importante et les plus écoutées avec celle de Martin Luther King. Si le Pasteur touche parfois le gros lot avec des homélies à 4000 $, la maison familiale s’ouvre sur de nombreux courants en dehors du Gospel et des évangiles. Les jazzmen Art Tatum et Oscar Peterson sont de fréquents invités; Aretha écoute énormément la radio : Clara Ward, les Soul Stirrers de Sam COOKE mais aussi Ray CHARLES seront d’importantes sources d’influence.
A 17 ans, l’adolescente naïve et fleur bleue accouche déjà d’un second bambin. Elle accompagne son paternel lors de l’enregistrement de "Precious Lord" édité par le label Chess de Chicago. Dès lors, le monde de la Soul découvre son timbre exceptionnel et si la RCA semble intéressée, Aretha espère que la Motown lui fasse un signe. La firme de Detroit connaît d’immenses succès avec Diana ROSS & The SUPREMES et les Miracles de Smokey Robinson. Mais le Révérend se montre intransigeant, sa fille ne chantera pas pour la firme de Berry Gordy, le pasteur souhaitant qu’elle chante pour la Columbia, le label sur lequel enregistrent Mahalia Jackson, Duke Ellington, Doris Day ou Johnny Mathis, des artistes plus conformes à sa vision de la vie.

Installés à New York dès le début des sixties afin de faciliter les enregistrements, le Révérend confie sa fille à Major Holley, un ami de Detroit qui a tourné dans le giron de Charlie Parker, Coleman Hawkins et Oscar Peterson. Un après midi, Holley fait enregistrer plusieurs titres à sa protégée, ne cessant de lui prodiguer de bons conseils. Les démos sont envoyées à la Columbia qui place la chanteuse sous la houlette de John Hammond. Aretha enregistre douze titres dans deux studios new-yorkais de la Columbia sur la 30ème rue et la 7ème avenue, épaulée par le quartet de Ray Bryant. Il ne faut pas moins de cinq sessions entre le 1er août 1960 et le 10 janvier 61 pour que John Hammond récolte douze titres, le standard de l’époque pour les 33-tours.

Pour le répertoire, Hammond fait appel à John Leslie McFarland, un auteur-compositeur-arrangeur qui a écrit quelques succès pour Louis Jordan, ELVIS, Bill HALEY et Pat BOONE. Surnommé dans le milieu 'Pumpkin Juice' (Jus de Citrouille) ⃰, McFarland n’est pas venu les mains vides, il a apporté six nouvelles chansons. C’est d’ailleurs "Won’t Be Long" qui ouvre les débats. Le chant d’Aretha tisse d’entrée de jeu une atmosphère où Gospel et Soul fusionnent dans un décor Jazzy. Le titre servira plus tard de bande-son à la série télé Umbrella Academy avec Elliot Page. Si Dusty SPRINGFIELD, Mother Earth et STONEGROUND reprirent à leur sauce la chanson, on oriente les lecteurs sur l’originale qui se classe à la 7ème des charts R&B. Prototype parfait de la ballade Soul pleine d’effluves Jazzy, "Love Is The Only Thing" donne le meilleur rôle au piano. Un morceau bien velouté, future reprise du duo Mickey & Sylvia, mais toujours à la page, l’Australienne Tamara Kuldin l’a récemment remis au goût du jour. Aretha accentue son intonation sur "Sweet Lover", prenant une orientation de séductrice. "Right Now" ° nous ramène plus sur une pièce Jazzy pouvant figurer à Broadway. "Maybe I’m Fool" prend lui aussi une coloration Jazzy flirtant avec le New Orleans Sound. La chanson sera reprise par Sugar Pie DeSanto à l’orée des années 70 dans une veine plus Soul mais ne connaitra qu’un succès local. Dernier apport de McFarland avec le cuivré "By Myself" qui tient autant du Jazz que du R&B early sixties.

Comme précisé plus haut, la moitié du disque échappe à la main-mise de McFarland. Six reprises viennent agrémenter l’opus. "Over The Rainbow", titre phare du film "Le Magicien d’Oz" avec une toute jeune Judy Garland, a été mis à toutes les sauces depuis vingt ans. L’interprétation d’Aretha se rapproche de celle de Sarah Vaughan, l’orchestration et les arrangements évitant toute propension trop mélodramatique. Curtis Reginald Lewis offre sa contribution avec deux titres : "All Night Long", un excellent Piano Blues Jazzy dans lequel Ray Bryant apporte délicatesse et feeling au piano en contrepoint d’une mini section cuivre particulièrement affûtée. Une version qui nous semble bien supérieure aux reprises de Nancy Wilson et Ray CHARLES. Curtis Lewis a composé "Today I Sing The Blues" à sa démobilisation, Helen Humes enregistrant une première version aujourd’hui bien obsolète. Là si Ray Bryant imprime un sobre tempo, les deux guitares nous propulsent dans un décor typiquement Blues. Premier passage au piano d’Aretha avec "Who Needs You", un inusité de Billie Holiday, titre oscillant entre R&B et Big Band gorgé de swing. Si les percussions proposent brièvement une coloration exotique à "Are You Sure", l’interprétation s’inscrit dans une orientation plus légère, la chanson étant au générique de la comédie musicale "The Unsikable Molly Brown". Elle remet au goût du jour "It Ain’t Necessarily So", un vieux titre du couple Gershwin, et si Aretha nous offre une démonstration vocale, c’est le jeu de piano et la guitare de Chauncey "Lord" Westbrook qui demeurent les meilleurs atouts de la piste.

Ce premier jet d’Aretha FRANKLIN, pas encore devenue Lady Soul, demeure une curiosité mais s’avère plus historique qu’autre chose. La quasi-totalité des pistes plongent la chanteuse sur des rythmes lents, plus Jazzy que Soul ou R&B. Si la voix se révèle expressive et l’orchestration extraordinairement et étonnamment sobre et dépouillée, ce disque oublié depuis longtemps fait partie des nombreuses galettes mises en boîte par la chanteuse pour la Columbia. John Hammond s’est entêté à vouloir faire d’Aretha une chanteuse de Jazz à destination d’un public afro-américain, une vision quelque peu réductrice du talent de la chanteuse. Au mois de mai, trois mois après la sortie de l’album, Columbia achète une page complète de publicité dans la revue Ebony pour relancer l’opus. Il faut attendre quelques années et son arrivée chez Atlantic pour voir sa carrière décoller. La forte pigmentation Jazzy nous incite à classer ce disque dans le tiroir du Jazz.

⃰ Malgré son sobriquet, John Leslie McFarland s’est battu toute sa vie contre son addiction à l’alcool.
° Titre homonyme à ceux de Gene Vincent, Herbie Mann et Van Halen.

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- Aretha Franklin (chant, piano 6-8-9)
- Ray Bryant (piano 2-3-4-5-7-10-11-12)
- John Mcfarland (piano 1)
- Chauncey Westbrook (guitare 2-3-5-6-8-9-10-11-12)
- Clifton Best (guitare 2-3-7-12)
- William Lee (basse 1-2-3-4-5-7-9-11-12)
- Milton John Hinton (basse 6-8-10)
- Belton Evans (batterie 1-4-5-8-9-10-11)
- Osie Johnson (batterie 2-3-7-12)
- Al Sears (saxophone 5-6-8-9-11)
- Lucky Warren (saxophone 10)
- Tyree Glenn (trombone 2-3-7-12)
- Quentin Jackson (trombone 5-6-11)
- Paul Owens (choeurs 3)


1. Won't Be Long
2. Over The Rainbow
3. Love Is The Only Thing
4. Sweet Lover
5. All Night Long
6. Who Needs You?
7. Right Now
8. Are You Sure
9. Maybe I'm A Fool
10. It Ain't Necessarily So
11. By Myself
12. Today I Sing The Blues



             



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