"Rocket Man" est la première chanson des ROCKETS, groupe parisien fondé en 1970 et ayant tourné sous le nom de Crystal avant d’être parrainé par Claude Lemoine, producteur chez la filiale française de Decca. Cette composition n’est pas l’œuvre du groupe mais celle d’un autre producteur, Philippe RENAUX, qui s’illustrera plus tard dans la reprise bon marché de tubes de la musique électronique.

Force est de constater que "Rocket Man" est un démarrage bien timide pour ROCKETS. Cette chanson est pour le moins banale et approximative. L’instrumentation, hybride d’électronique et d’instrumentation rock de variété, est farcie de sons synthétiques parfaitement laids et vaseux, en particulier la version instrumentale en face B où le chant est remplacé par des leads électroniques supplémentaires. C’est pourtant cette version qui figure sur la fameuse compilation Cosmic Machine (2013) répertoriant les anciens projets français électroniques méconnus.

"Rocket Man" a également été décliné en une version typée boogie rock sous le pseudonyme The Rocketters, avec à la production non pas Claude Lemoine mais un certain Mike Oliver (?). Cette version n’est pas plus concluante que la première, étant véritablement sabordée par un duo mixte au chant surjoué jusqu’à la caricature, devenant carrément insupportable in fine. Le mix instrumental, où le chant est remplacé par un harmonica, n’est guère meilleur.

L’année suivante fut publié, encore sous le nom The Rocketters, un 45-tours intitulé Safari Rock. "Safari Rock" est un instrumental composé cette fois-ci par les producteurs Humbert Petrucci et Youssif Chemouny, que ces derniers recycleront pour leur projet MOON BIRDS en 1977. C’est un afro-rock très banal, pas plus mémorable que "Rocket Man". Malgré leur nom portant à confusion, les Rocketters sont le plus probablement un ensemble instrumental quelconque comme il en existait des palanquées à cette époque.

Mentionnons encore l’existence de deux autres 45-tours de 1974, composés par Philippe RENAUX, avec des noms de groupes encore plus obscurs. L’un fut publié sous le nom Electric Team, contenant une version alternative du mix instrumental de la version électronique de "Rocket Man", cumulant les mêmes défauts, en peut-être pire encore. En revanche, l'excellente face B "Thunder" sauve la mise. Le second 45-tours, sous le faux-nez The Sloopers contient "Sloop", de la même trempe que "Rocket Man" mais plus sympathique, et "Radio" qui ne nous est pas encore parvenu.

Les débuts des ROCKETS sont très anecdotiques et il faudra du temps pour que leur musique prenne réellement forme.