1983. Coup d’éclat chez ROCKETS : après le producteur Claude Lemoine, le chanteur Christian Le Bartz et le batteur Alain Groetzinger prennent à leur tour la tengeante. Ce dernier quitte le groupe juste après l’enregistrement du successeur de Atomic. Une seconde verion du nouvel album est ensuite mise en boîte avec le chanteur britannique Christopher Stevens alias Sal SOLO, ex-frontman du groupe de New-Wave CLASSIX NOUVEAUX alors tout juste dissous.

Avec Imperception, ROCKETS entre pour de bon dans le moule radiophonique d’une synth-pop léchée aux racines New-Wave − un genre que ROCKETS n’aura finalement jamais pleinement abordé. Les guitares survivent encore, il y a encore un peu de vocoder et quelques chœurs aux entournures, mais qui reconnaîtrait le groupe à Gérard L’Her, à l’oreille, sur la base des précédents albums? Autrement dit, ROCKETS a quasiment perdu sa personnalité musicale d’origine; à l’écoute des trois albums de CLASSIX NOUVEAUX, et en particulier du dernier, Secret (1983), le constat est cruel: c’est bel et bien CLASSIX NOUVEAUX qui a phagocyté ROCKETS. Imperception est un recueil d’up-tempos et de ballades de synth-pop comme il s’en faisait beaucoup à l’époque.

Cela dit, cet album n’en est pas pour autant mauvais. La production est très roborative, percutante et fluide sans être trop cassante. S’il y a bien une chose que ROCKETS a su conserver, c’est bien la maîtrise de son matériel, qui est d’ailleurs quasiment le même que sur le précédent album − toujours pas de sampling en vue. L’ensemble reste homogène. L’ambiance suspendue de "Milion Miles Away", la mélodie rêveuse de "Someone New", l’efficacité de "Contact" ou "Under The Sun" remportent notre indulgence. Le refrain de "Contact" nous évoque même fugacement la pop de Giorgio MORODER.

Un disque intitulé Alternative Perceptions, publié d’abord dans le coffret A Long Journey (2009) puis indépendamment en 2023 (avec la pochette que le graphiste Victor Togliani avait initialement réalisée pour l’album) contient les premières versions des huit titres de Imperception − à ceci près que sur A Long Journey, "After The Fire" est présent en version remasterisée −, celles enregistrées par Gérard L’Her avant l’arrivée de Sal SOLO − sur l’édition de 2023 est mentionné à tort Sal SOLO pour la moitié des pistes −, ainsi que d’un neuvième, "Action", chanté par Alain Maratrat. En dehors du chant, les deux versions sont très proches, mis à part "Under The Sun" dont l’original possède une intro allongée et quelques traits de batterie acoustique.

Les ROCKETS rétro-futuristes ne sont plus, mais il faut s’y faire, ce que nous pourrons tant bien que mal. Imperception, certes inférieur aux trois recommandables opus New-Wave de CLASSIX NOUVEAUX, n’a rien d’infâmant et inaugure très correctement l’âge d’argent des Fusées.