Voilà sans doute le plus incongru des albums de ROCKETS, prolongeant l’ère QUAGLIOTTI + Sal SOLO, et s’en démarquant par la même occasion de par ce curieux mélange du rock de ROCKETS − porté avant tout par le guitariste Alain Maratrat qui signe même la quasi-totalité des nouvelles compositions − et de Dance teintée de funk, avec même des accents New Jack Swing aux entournures. Une tentative que l’on doit avant tout à William 'Clip' Payne, chanteur de funk, membre du collectif FUNKADELIC et fondateur du label spécialisé W-Funk, qui participe à cet éphémère reboot du groupe derrière le micro, en alternance avec Sal SOLO. La même année, Claude Lemoine et Alain Maratrat composent l’album d’Eurodance Pochette-Surprise, premier opus de JORDY, le fils de Claude Lemoine, alors âgé de quatre ans.

La direction funk prise par le groupe est particulièrement patente dans les chœurs suaves, le parlé-chanté voire le slam de Clip Payne sur "Jimi" et "Dancing". Sal SOLO se prête au jeu et adapte son chant à ces morceaux chaloupés. Son timbre de ténor est plutôt bien complété par la voix de baryton de Clip Payne. Après quatre morceaux très typés funk − en excluant la reprise de "On The Road Again, mais nous y reviendrons −, un virage techno est opéré avec "Mme De Bourgeois" (composé par Alain Groetzinger) et "Wake Up", deux morceaux très dansants, efficaces et bien troussés. On peut y ajouter les remixes de "Wake Up" et "Dancing" (avec les chouettes percussions électroniques de la Roland R-8), inclus sur la réédition de 2022. Another Future est le premier album de ROCKETS mettant pleinement le sampling à profit. Après les funky "Dancing" et "When We Are Divided", vient la conclusion de l’album, "Countdown", la vraie réussite du lot, dont la composition élaborée et la basse bien mise en avant renouent avec l’âge d’or du groupe.

Another Future contient également trois remixes d’anciens morceaux de ROCKETS. Alors autant "Electric Delight" est joliment revisité et repensé sous le titre "Sampling Machine", autant "On The Road Again" et "Galactica" sont simplement décorés avec des rythmiques modernes et autres oripeaux synthétiques sans intérêt. Du côté des originaux, "Don’t Talk Of Love" est un autre ratage, bien poussif et sirupeux, comme un retour manqué à la pop des années 80. Ensuite, la production est excessivement froide, bien plus que celle des deux précédents albums, caractérisée par des émulations (guitare, saxophone, cuivres, piano) bien pourries et gâchant certaines parties de guitare.

Ce sont ces gros impairs doublés d’un certain manque d’originalité qui m’empêchent d’être indulgent au moment de l’appréciation finale. Une impersonnalité qu’entérinent les pochettes de l’édition originale et de sa réédition trente ans plus tard, aussi laides l’une que l’autre. Faute de promotion, Another Future fut un nouvel échec commercial et cette mouture de ROCCKETS disparut aussitôt.

2 ½ sur 5