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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  TRIBUTE

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- Style : Francis Cabrel , Georges Brassens , Alain Souchon , Julien Clerc

Maxime LE FORESTIER - La Maison Bleue (2011)
Par GEGERS le 28 Juillet 2011          Consultée 4241 fois

Alors il y a l'hommage, le vrai, le respectueux qui laisse méditer sur le patrimoine de l'artiste ainsi honoré. Et puis il a le coup de poignard, le violent, le sanglant, comme celui que vient de se prendre dans le dos Maxime LE FORESTIER par Polydor, la maison de disques qui l'héberge pourtant depuis 1972, la date de sortie de son premier album, écoulé depuis à plus d'un million d'exemplaires. Une exécution dans les règles, qui aurait sans doute achevé les fébriles Guy Béart ou Georges Moustaki, mais qui ne suffira pas à mettre à mal le toujours fringant trouvère barbu, qui doit tout de même souffrir de voir son patrimoine musical ainsi massacré.

L'objet du délit, c'est donc cet album-tribute, sur lequel officient une douzaine d'artistes labellisés Polydor, reprenant à tour de rôle ou en duo chacune des pépites du premier album de l'ancien hippie, parti pour l'occasion repeindre en bleu cette fameuse maison de San Francisco qui contribua à le rendre célèbre. Un soit-disant hommage donc, rendu par les poids lourds de la maison de disques d'origine allemande, sur lequel l'indigence semble être la ligne directrice. Il suffit, pour s'en convaincre, d'écouter Calogero tenter d'interpréter « Mon frère ». Oui, le bonhomme a du coffre, mais il transforme ce titre intemporel en une soupe fade et frappée du sceau « variétoche », mettant de côté toute guitare au profit d'un piano à la sensibilité trafiquée. Ou comment faire sonner un des plus beaux titres de Maxime LE FORESTIER comme « Lucie » de Pascal Obispo. Une pitoyable minauderie.

Un premier coup de massue, qui ne fait malheureusement qu'en appeler d'autres. Tout d'abord « Éducation sentimentale », qui voit un Adamo visiblement incapable de se débarrasser de son chat dans la gorge s'égosiller, à la limite de la justesse, et réduisant en miettes l'espiègle poésie de ce morceau. La « nouvelle vague » de la chanson française ne s'en sort guère mieux : Stanislas, transparent et fade, traverse « Fontenay-aux-roses » sans que l'auditeur n'ait besoin d'accorder une oreille à cette interprétation « gros sabots » dénuée de toute subtilité. Risible, la version funky de « Je ne sais rien faire » par Féfé et Ayo provoque quant à elle une bonne tranche de rigolade. Toujours ça de pris, alors que la parade des parvenus se poursuit. Sans se faire passéiste, comment ne pas voir ici un signe des temps, témoignage d'une incapacité de renouvellement de la scène française, intoxiquée par ces artistes « passe-partout » qui ne parviennent à provoquer aucune émotion ?

Plus sobres et acceptables, les interprétations de « Marie, Pierre et Charlemagne » par Daphné et « Comme un arbre » par La Grande Sophie (à l'aide d'un ukulélé, instrument revenu à la mode depuis le début de la décennie) permettent de relever légèrement le niveau général, avant que ne déboulent les deux seules étoiles filantes de l'album, qui le sauvent de justesse de la poubelle : « Parachutiste », chanté en duo par Juliette et François Morel, permet de retrouver cette verve caustique que pratiquait Maxime LE FORESTIER sur son premier album. Visiblement heureux et concernés, les deux artistes ajoutent une touche d'humour salvatrice et redonnent foi en cette musique jusqu'alors massacrée. Merci à eux, ainsi qu'à Daby Touré, qui propose pour sa part une magnifique version « World music » de « San Francisco », revisitant avec audace et respect cette pierre angulaire de la chanson française. Une interprétation classieuse et toute en finesse, dotée d'une montée en intensité permettant à cette reprise de prétendre aisément au titre de pépite de l'album. En bonus, une version chantée en Soninké (dialecte mauritanien) par le même artiste confirme la supériorité de cette reprise sur toutes les autres présentées ici.

Si ce n'était grâce au lumineux Daby Touré ainsi que, dans une moindre mesure, grâce aux formidables Juliette et François Morel, il ne fait aucun doute que cette pauvre maison bleue, soit-disant encensée, se serait effondrée sur ses fondations devenues bancales. Un album qui, tout compte fait, n'a rien d'un hommage, mais ressemble plutôt à une volonté de Polydor de faire parler de ses poulains. Si vous aimez Maxime LE FORESTIER, prenez plutôt le temps de vous replonger dans sa féconde discographie, vos oreilles vous en remercieront !

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   GEGERS

 
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- Calogero (chant, piano)
- Adamo (chant)
- La Fiancée (chant)
- Sam (chant)
- Daphné (chant)
- La Grande Sophie (chant)
- Stanislas (chant)
- Juliette (chant)
- François Morel (chant)
- Ayo (chant)
- Féfé (chant)
- Daby Touré (chant)
- Emily Loizeau (chant)
- + Divers Instrumentistes


1. Mon Frère
2. Education Sentimentale
3. La Rouille
4. Mourir Pour Une Nuit
5. Marie, Pierre Et Charlemagne
6. Comme Un Arbre
7. Fontenay-aux-roses
8. Parachutiste
9. Je Ne Sais Rien Faire
10. San Francisco
11. Ca Sert à Quoi
12. Sans Francisco (en Soninké)



             



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