Le temps passe... Vite... Voyez plutôt, nous voici déjà à l'avant dernier effort studio de la grande Véronique SANSON. Faisant suite à une longue discussion entamée trente années plus tôt avec Michel BERGER, elle nomme ce nouvel album "Longue distance" comme si elle souhaitait à nouveau prendre du recul avec la vie, avec ses hommes, peut-être aussi avec la boisson, qui ne lui aura finalement laissé que peu de répit au cours de sa vie. La page blanche continue de rythmer ses journées, elle évolue entre son refuge d'Ibiza et sa vie parisienne. C'est donc une nouvelle couverture blanche, avec une Véronique plus énigmatique que jamais aux commandes de son nouvel opus, enregistré pour sa majeure partie aux USA.

La plus belle composition de cette livraison est incontestablement "L'homme de farandole", écrite par Alain CHAMFORT pour Véro. Elle doit cela à son aspect variété rock, on notera notamment la guitare discrète mais essentielle au titre. un rythme inhabituel chez la blonde pianiste qui s'en sort remarquablement. Une ambiance un peu plus reptative que d'ordinaire, très belle, et ici fort convaincante. Toute aussi magnifique, "Vue sur la mer" nous replonge dans une forme de blues sophistiquée, avec une basse ronde et aimable qui drive l'orchestration de cette fort jolie chanson. L'émotion est ici à fleur de peau, on sent Véronique très impliquée, très studieuse sur ce titre particulièrement réussi. Le piano y est presque discret, réduit à l'accompagnement tout en ne se départissant pas de son efficacité. Plus roots "De bric et de broc" renoue avec le blues primaire. Le plus smooth restant probablement "5eme étage", dans laquelle notre blondinette se rapproche du jazz avec bonheur, et ou elle se remémore la vie quotidienne dans sa famille à Paris dans les fifties. Très agréable et addictive, avec un texte fort touchant et des choeurs superbes.

Nous sommes cependant très loin du blues sur le titre d'ouverture "J'aime un homme" qui pourtant déclame un texte assez récurrent chez Véro. C'est cependant chouette à l'oreille. "Annecy" au erfrain velouté, lui succède et rappelle Michel BERGER, La lancinance de "Les faux magiciens" rend super bien, à nouveau Véro se montre très appliquée, moins véhémente sans doute mais toute aussi efficace. Le solo de basse de Sklar est sublime, et le titre dégage une force étonnante : "Laissez moi parler"... On a envie de répondre : "Oui Véro vas-y !"

La ligne de piano digne de BERGER composée par son fils Christopher sur "La douceur du danger" lui permet de mettre en scène son addiction à l'alcool : elle y est "assise sur une bombe atomique, lutte tous les jours... tout le temps...". Pour un non addict, c'est incompréhensible, presque dingue tant cela sonne inéluctable dans la bouche de l'icône française. On retiendra aussi l'aspect "rétro" de "Ya quelque chose", qui rappelle ses anciennes compositions des seventies. Enfin, les accord plaqués au piano de "Triel sur seine, très tôt le matin" nous font rebondir sur ses petites mélodies simples mais lumineuses que l'immense Véronique SANSON sait composer dans sa belle maison de Triel... A l"aurore...

L'album se vend moins qu'à l'accoutumée, la faute à une industrie du disque qui commence à souffrir des piratages internet. Les tournées sont en revanche miraculeuses de succès. Je suis très admiratif devant la qualité de cet album, parfaitement équilibré, qui doit autant à la page blanche qu'au talent de la blonde Véronique. On y trouve tout ce qui fait le monde de l'artiste, ses joies et ses peines, ses douleurs et ses succès.

Très recommandé, un de ses meilleurs opus. Un excellent 4 !