Nous sommes en 1985. Vous avez devant vous l'album « blanc » de Véronique SANSON, que les fans aiment à surnommer « l'album aux petits arbres ». L'existence de la blondinette a pris une toute autre direction. Lassée de sa vie de groupie de rock star auprès du tyrannique Stephen STILLS, elle a engagé une procédure longue et destructrice pour obtenir la garde de son fils Christopher. Elle y perd des plumes comme vous allez le voir, et regarde son piano avec des yeux plus distants, tant et si bien que les compositions ne s'accumulent pas dans la besace de notre blueswoman. Mais il faut se bouger, recoller à la réalité, vivre à nouveau, car comme le dit l'adage : « le temps est assassin » ! Cela nous donne cet album avec un petit dessin enfantin de la main de l'artiste elle-même.

Le titre « C'est long c'est court » est choisi pour illustrer les velléités de la fraîchement arrivée artiste hexagonale ; le disque est fait par des Français : musiciens, production, tout est frenchy ! Le message adressé à Stephen est clair : ce n'est pas de sitôt qu'elle se repointera au pays de Californie. Alors la chanson ne bouscule pas les traditions, mais elle se laisse écouter avec plaisir. Elle sera suivi par « J'y perds des plumes » et son orchestration très eighties : on croirait les musicos de Michel BERGER, sur un titre de France GALL… vous avez dit autobiographique ? Le niveau de la composition reste stable. Rien d'extraordinaire, de la chouette variété.

C'est avec « J'ai la musique au moins » que nous atteignons un plaisir plus intense au niveau de l'écoute. Toujours introspective et biographique, Véro tâche de reprendre le cours de sa vie, on retrouve les trémolos de sa voix avec plaisir, et malgré des paroles pas vraiment optimistes, la jeune femme semble y trouver sa voie... Elle y retrouve sa voix et son talent en tout cas.
« Avec un homme comme toi » se veut plus légère, plus tranquille, un petit blues qui lui permet de faire sa mue et de tirer les enseignements du passé.

Comme à l'accoutumée, un petit titre, presque un jingle, est perdu au milieu des compositions du blanc, il s'agit de la rigolote « C'est bizzare ». Cette petite aventure franchouillarde s'achève sur la très bergerienne « Ainsi s'en va la vie »... Faut-il voir dans ce néologisme le rapprochement du papillon et de l'étoile ? Toujours est-il que désormais la carrière de Véro va plus s'orienter vers une variété pop de qualité que vers le blues comme à ses débuts.

L'album blanc de Véronique SANSON ne sera certes pas son chef-d'œuvre, disons que c'est une œuvre de survie ; l'artiste a forcé ses mains à trouver quelques mélodies qui lui permettent de surnager, et ainsi gagner du temps pour récupérer sa vie, ne pas couler. Survivre donc... Pour un album fait dans de telles conditions, on ne pouvait s'attendre à un miracle, mais les compositions restent courtoises et agréables, la note sera donc à l'avenant.