Quelques mois à peine après avoir surpris le monde la musique avec un premier album révélant une voix originale et un talent évident pour les musiques blacks, voila que la blondinette du blues français remet le couvert en cette fin d'année 72. Michel BERGER est toujours aux manettes, pour aider celle qu’il aime à « percer » définitivement. Véronique pose sur la couverture telle qu’en elle-même, très femme, assez lointaine, rêveuse et mystérieuse, ainsi qu’il sied d’une grande créatrice.

C’est avec la classique « Comme je l’imagine » que Véro choisit de lancer cet album. C’était l’évidence tant ce titre est au dessus du lot. Tour à tour rageuse ou tendre, agressive ou contemplative, SANSON fait passer tous ces sentiments dans cette chanson, une de ses meilleures.
Le deuxième single est plus enjoué mais tout aussi efficace, il s’agit de « Chanson sur ma drôle de vie », prédestination ou confirmation des doutes permanents qui assaillent la blondinette ? En tout cas l’efficacité reste de mise, on se croirait dans les années 30, durant l’ère du charleston et de la java. A la fois amusant, original et sympa.

Comme sur le premier album, une chanson superbe est tronquée, il s’agit de « Angela » qui aurait mérité une plus grande implication, tout comme « Dis lui de revenir »… Dommage…

« Lorelei » fait partie des grandes réussites de ce disque. Véronique déploie une belle technique vocale. Sa voix est d’ailleurs à l’époque encore assez classique elle n’utilise le vibrato qu’avec parcimonie, ce qui peut rendre les chansons plus simples à écouter pour les auditeurs que l’aspect exagérée des voix blues choque. « Une suit sur son épaule » positionne l’ambiance sur la douceur, comme c’est souvent le cas lorsque ses chansons ont pour sujet sa timide moitié masculine, elle fera dès lors partie de ses set live .

Quelques titres sont cependant en deçà, ainsi, la basse et les percussions de « King kong » n’emportent pas mon adhésion, pas plus que « Morale » ou « Devine moi » qui a le don de m’irriter un brin. Bon, rien de bien grave cependant, l’album reste de bon aloi et on y trouve plusieurs classiques. Je le trouve néanmoins un peu moins bon que le premier. Les fans de Véro ne se posent pas ces questions et l’album atteint comme son prédécesseur la barre des 200 000 ventes, ce qui en France est assez rare pour être souligné. La fan base sera en outre toujours d’une fidélité exemplaire au travers des quelques quarante années de carrière de notre pianiste blondinette. Un 3 costaud.