Depuis quelques livraisons, la fabuleuse Véro touche les étoiles... et n'a donc guère plus de défis à relever. Mais l'artiste mourra sur scène face à un piano, c'est une certitude. Alors, même si parfois l'inspiration a du mal à venir et que l'âge avance, on ne l'imagine pas abandonner le navire. Et nous voici en 2010, quarante années après son premier album, en pleine possession de ses moyens, pour son quatorzième album.

C'est un titre original qui débute le dernier album studio en date de Véronique SANSON. Mi-salsa mi-rumba, "La nuit se fait attendre" bénéficie d'une superbe orchestration, et d'un chant à moitié en Espagnol, langue que Véro aime pratiquer au cours des longs séjours incognito dans sa maison d'Ibiza. Ce premier single sorti juste avant l'opus est une composition particulière dans sa riche discographie - elle date de 71 - , mais elle se révèle profondément agréable et attachante. Le petit piano lancinant de "Qu'on me pardonne" est le single suivant : elle revient sa vie parsemée d'erreurs et d'excès en tous genres. De magnifiques paroles pour une chanson d'exception, même si le refrain est sur un mode finalement fataliste mais... positif ! Puis c'est "Juste pour toi", son petit accordéon, son ambiance si frenchy, et Véro qui s'anime avec passion sur le piano volubile, toujours et encore sur l'amour, si joliment mis en musique. Superbe. Le dernier single est "Je veux être un homme", sur une rythmique bossa nova, super sympa et toute aussi qualitative que les précédentes.

Une ambiance positive... Oui, assurément. L'artiste part dans tous les sens sur cet album, voyez plutôt : nous avons un titre bien Hard avec "Je me fous de tout" drivé par une guitare assez agressive. Puis une petite fanfare s'affaire sur la rigolote "Si toutes les saisons", au ton résolument cool, c'est rare et drôlement bien fichu, les cris d'enfants en font la chanson la plus positive jamais composée par Véro ! "Yayabo aka yayayo" la voit ensuite s'attaquer aux ambiances lourdes du continent noir. Le fiston Christopher est sur l'anglophone "Say my last goodbye" - ça faisait longtemps - , ce petit blues le fait pas mal même si je ne suis pas fan de ma blondinette lorsqu'elle chante en californien. "Cliques claques" semble dédié à Christian, son compagnon, un petit morceau polisson. "Tout dépend d'elle", est une sublime compo qui traite de son lien tranquille avec la mort. Le petit boléro de "Vols d'horizon" est très intrigant, je vous conseille vivement ce témoignage direct des causes qu'elle défend - Haïti, les otages -. "Aaah... Enfin"... est un merveilleux petit intermède au piano, le signe du retour de l'inspiration du matin...

Malgré un marché du disque en pleine décomposition, ce quatorzième album de l'icône de la chanson française va s'écouler de manière satisfaisante et devenir disque d'or. Pas le moindre signe d'essoufflement ou de fin de carrière à l'horizon. Notre Véro demeure une valeur sure, hors des modes, plébiscitée par une fan base d'une fidélité à toute épreuve.

Voila à mon sens l'album le plus riche de sa discographie.