Véronique SANSON a près de 40 ans lorsque sort son neuvième opus. La photo la montre en pleine maturité, toujours belle, son visage portant cependant les stigmates des difficiles années qui viennent de s'écouler. Les albums s'espacent dans le temps, les soucis de composition ne se sont pas évaporés. Mais Véro a tout de même retrouvé avec l'hexagone un certain équilibre. Le papillon a notamment renoué des rapports étroits avec l'étoile, les deux artistes ont à cette occasion pu soigner leurs blessures respectives. Le temps efface tout.

C'est donc l'équipe de Michel BERGER qui est à l'accouchement du single majeur de l'album, intitulé « Allah ». Cette chanson aux paroles finalement anodines va provoquer de sacrés remous dans la scène musicale française. Rien à voir avec le joli travail d'arrangeur de Michel. Rappelons qu'en 88, l'Europe est sous le choc de la sortie du livre de Salman Rushdie Les Versets sataniques. La chanson de Véro est donc bien dans l'air du temps. La situation lui échappe : menaces et inquiétude sont au programme.
C'est une guitare étonnante qui embraye le deuxième single « Paranoïa » – ouais, on reste dans l'air du temps ! –, mais l'instrument n'est pas suffisant pour en faire un titre rock. On nage donc dans une variété assez sommaire. Le dernier single « Un peu d'air pur et hop » me semble de plus assez navrant : la compo est médiocre, les paroles tartignolles, et elle sonne abominablement eighties... Pas terrible !

C'est donc ailleurs qu'il va falloir nous sustenter. Le léger piano de « Jet Set » est bien plus agréable, Véro y renoue avec les vieilles sensations, le morceau est mélodique, et l'émotion enfin à fleur de peau. Mais c'est avec « Mortelles Pensées » que le talent renaît sans le moindre doute, une magnifique compo qu'on imagine, vu les paroles, dédiée à Michel, le meilleur moment de l'album.

Hélas, la grosse guitare de « Marie » sonne fort, mais la compo ne se retient pas... « Radio vipère » est toujours dans cette mouvance eighties kitschissime, et a fort mal vieilli. « Jette-le » est anecdotique. « Caméléon » sonne comme une compo de Michel, pas si mal... Et si l'atmosphère de « Le Désir » nous replonge dans les ambiances de son début de carrière, les arrangements sont par trop nombreux et retirent son charme à la chanson. Une orchestration plus minimaliste aurait fonctionné à mon sens.

Au final, nous voici tout de même face à l'opus le plus pauvre de Véronique SANSON : il manque un titre fort, classique, même si « Allah » a fait couler beaucoup d'encre, le souvenir est plus sociologique que musical. On notera toutefois, et voilà certainement l'élément à retenir de cet album, que la tension avec Michel BERGER s'est apaisée. Véro reste très occupée, enregistre live sur live, participe avec tous les ténors de la chanson française à la première nuit des enfoirés. La vie continue.