Huit ans. Si l'on excepte le single "And We'll Sing" publié en 2013, cela fait 8 ans que RUNRIG n'a rien publié de neuf. Si encore le groupe s'était durablement installé dans une retraite bien méritée (le leader et doyen du groupe, Rory MacDonald, a tout de même 66 ans), une telle absence des studios pourrait se comprendre. Néanmoins, le groupe est resté, depuis la sortie de l'excellent album studio Everything You See en 2007, particulièrement actif sur scène, écumant les scènes et les festivals d'Ecosse, d'Angleterre, du Danemark et d'Allemagne, réalisant plusieurs tournées et proposant deux DVD magistraux qui, à défaut de proposer du matériel neuf, montraient le visage d'un groupe alerte et toujours désireux de faire voyager sa musique si riche et personnelle.

Cette longue attente touche à sa fin. Annoncé pour janvier 2016, The Story sera peut-être, comme le groupe l'affirme désormais publiquement, la dernière offrande studio de RUNRIG. Tous les espoirs restent néanmoins permis, puisqu'après quasiment une décennie sans nouveau matériel, nombreux sont ceux qui avaient fini par se faire une raison. Mais là-haut, quelque part dans les Hébrides, il y a encore de la vie. En guise de préambule à sa nouvelle réalisation, RUNRIG propose le morceau-titre de son futur album au format single, illustré par un splendide clip à la fois mélancolique et gorgé d'espoir.

Le morceau est une somme des différentes facettes du groupe. Si Bruce Guthro est absent, laissant le micro à Rory, "The Story" est un morceau simultanément novateur et traditionnel. Dans sa construction, ce titre est du RUNRIG pur jus. Introduit par des sonorités acoustiques et le chant en gaélique de Rory, le morceau prend tout d'abord des allures de ballade-bilan, façon "Book of Golden Stories". Les paroles, présentant un groupe irrémédiablement attaché à sa terre, qu'il n'a eu de cesse de décrire dans ses chansons, nous font voyager en un clin d'oeil. Et puis, lentement, délicatement, les claviers s'installent, la rythmique se crée, et des arrangements modernes transforment ce qui s'annonçait comme un titre très calme en un morceau énergique, et entraînant. En mêlant chant en gaélique et en anglais, Rory se fait comprendre sans forcer. Sa vie, sa force, il les doit à sa terre.

Lentement, puis de manière plus marquée, la guitare de Malcolm Jones s'installe et nous prend aux tripes. Elle crie, elle pleure, elle chante toute la beauté de l'Ecosse, et nous emmène avec elle dans un voyage qui ne peut laisser indemne. Finalement, le morceau s'achève comme il avait débuté, sur quelques notes de guitare acoustique qui nous aident à redescendre sur terre. Quelle pureté, quelle beauté. Une carte postale d'Ecosse, en attendant le récit complet du voyage...